Jacques Simonomis, l'imaginaire comme une plaie à vif

Collection Les HSE


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Jacques Simonomis, l'imaginaire comme une plaie à vif

Christophe DAUPHIN
Jacques SIMONOMIS

Essai

ISBN : 9782243037524
106 pages - 14.5 x 20.5 cm
12 €


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Dans la lignée d’un Tristan Corbière, d’un Alfred Jarry ou d’un Paul Vincensini, Jacques Simonomis, irrité par la bêtise bien-pensante de ses contemporains, prend fait et cause pour l’humour et ce qui sort de la norme. Aucune trace du politiquement correct chez lui. Mais plutôt de l’humour d’attaque, de la dérision. Défi lancé à la réalité, comme le démontre Christophe Dauphin, dans son essai (le premier qui soit consacré à Simonomis) l’humour chez Simonomis, est interprété comme l’une des formes de la révolte supérieure de l’esprit. Son œuvre (de poète, de critique, de revuiste) nous apparait, avant tout taillée d’un seul tenant dans les méandres mystérieux de la vie, avec son ton son style, ses différents registres (qui savent aussi parfaitement s’imbriquer les uns dans les autres), ses images, son vocabulaire ; le tout inséparable de la vie collective ; de la vie en société. Cette vie qui, tour à tour, mènera le poète de la misère à la révolte ; de la douleur à l’amour ; de la dérision à l’imaginaire ; de l’humour au fantastique burlesque et déchiré. Et, si l’imaginaire comme l’insolite ajoutent une nouvelle dimension à l’œuvre à compter des années 90, ils n’en effacent pas pour autant l’humain, le réel, ses frustrations comme ses plaies, ce dont témoigne La Villa des Roses (Librairie-Galerie Racine, 1999), son recueil le plus commenté, qui relate son « expérience durant la guerre d’Algérie. Jacques Simonomis (1940-2005) est l’auteur d’une trentaine de livres. Il a dirigé à Paris la revue Le Cri d’Os (40 numéros de 1993 à 2003).

 

VOICI LES LARMES


Voici les larmes
la robe du silence se déchire
les souliers cognent les pavés
les volcans grondent
les derniers poings tendus
sont broyés par nos chars

Une grosse fanfare écrase vos chansons
le beau tambour-major illustre élégamment
l’an du bâton noueux

Voici les larmes
une auto mitrailleuse ouvre le carnaval
les épis des fusils fixent les attitudes
et les drapeaux blessés
    témoignent contre vous.



Jacques SIMONOMIS

(Poème de La Villa des roses, repris dans, Christophe Dauphin, Jacques Simonomis, l'imaginaire comme une plaie à vif, Librairie-Galerie Racine, Les Hommes sans Epaules, 2011).


MARCHE RIVEE


Marche rivée
le cercle noir de nos poings blancs
bronze du cœur restant aux images qui bougent
les fusils en faisceaux
prient sur notre misère

Dehors
les loques des enfants s’accrochent à ma gorge
l’aveugle cogne sur ma force
de maigres chiens bâtards rôdent sur les débauches

Pas de viande
des chapelets de confidences
 
l’homme pendu par l’homme
    au lever du rideau.



Jacques SIMONOMIS

(Poème de La Villa des roses, repris dans, Christophe Dauphin, Jacques Simonomis, l'imaginaire comme une plaie à vif, Librairie-Galerie Racine, Les Hommes sans Epaules, 2011).



LE VILLAGE EST CERNE


Le village est cerné sans issue de secours
des soldats aux jambes de sang
descendent des montagnes

On dit
qu’un vieillard a crié
peut-être
Vive la Liberté

Nous sommes insultés
nous sommes menacés
En avant
Soudards de la Paix

Près de la fontaine il y a
trois enfants
un nègre un juif un arabe
trois peaux-rouges
qui chantent à mi-voix
le poème d’un frère maquisard
En avant
Soudards de la Paix

A la fenêtre de l’école il y a
dans un débris de jarre
trois épis de blé un chardon
la même terre et un peu d’eau
En avant
Soudards de la Paix

Le village est cerné sans issue de secours
des soldats aux jambes de sang
descendent des montagnes.



Jacques SIMONOMIS

(Poème de La Villa des roses, repris dans, Christophe Dauphin, Jacques Simonomis, l'imaginaire comme une plaie à vif, Librairie-Galerie Racine, Les Hommes sans Epaules, 2011).

12 décembre 2013
Dans Rimbaud revue

"Auteur de quelques vingt-sept ouvrages de poésie, prose poétiques ou souvenirs publiés depuis un quart de siècle, Jacques Simonomis n’attendait qu’un commentateur pour que son œuvre connaisse vraiment le rayonnement auquel ses qualités humaines la destinaient. C’est maintenant chose faite par la grâce d’un Christophe Dauphin particulièrement bien inspiré, qui analyse, ausculte une par une et dans tous les domaines les qualités et l’évolution d’un langage haut en couleur, chargé de tendresse humaine et d’authentique révolte face au monde que nous connaissons. Simonomis le sensible nous apparaît plus accessible encore, à travers Sa vérité qui n’est pas celle de tous, son rythme de poète qui casse et brise les tabous, son humour, parfois grinçant, qui met au pilori et les hommes et leurs œuvres, sans oublier le fondateur et l’animateur depuis une bonne décennie du fameux Cri d’os, ouvert à toute œuvre de qualité… Complété par de larges extraits de l’œuvre de Simonomis, cet ouvrage est un tout qu’on ne peut négliger lorsqu’on se penche sur l’œuvre du fondateur du Cri d’os."

Jehan Despert (Rimbaud Revue n°27, 2002).