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2005 - À propos du numéro 20
« Parlant de thèmes ou de dossiers, je me dois de mettre le pied sur l’accélérateur pour celui que les Hommes sans Épaules n°20 consacrent à un écrivain presque ignoré au profit de son héros et de plus uniquement considéré comme un auteur de polars, alors qu’il s’agit d’un poète à part entière, Léo Malet, dont nous parlent abondamment Karel Hadek, Christophe Dauphin et Yves Martin. Qui n’oublient pas, eux le compagnon des surréalistes, et surtout de la dissidente « Main à plume ». C’est bien vrai qu’il fut l’introducteur en France du polar américain, et plus encore le véritable « inventeur » du roman noir, direct, brutal, mais plus encore, et c’est là qu’il se distingue des « modèles », intelligent ! Mais je viens de prendre connaissance de quelques poèmes et je reste ébloui par le talent d’un de ces surréalistes que Breton ne put exclure : trop important pour cela. Et pour le mouvement surréaliste. Et quelle liberté de ton et de vocabulaire ! Je ne me fais pas à l’idée que ce grand vivant ait disparu en 1996… Il faudra que je reparle d’une autre disparue, poète elle aussi, et quelle poète : Claude de Burine… et dont deux personnes à peine, son compagnon et Christophe Dauphin, ont suivi le cercueil. Le lot des poètes ! » Paul Van Melle (Inédit Nouveau, n° 201, avril 2006).
« On ne pourra pas tout dire de cet important numéro 20 des HSE. Il faut lire l’éditorial de Christophe Dauphin : Pas un espace sans combat, pas un atome sans cri !, vers repris d’Alain Morin. Claude de Burine (1931-2005) est évoquée dans une succincte note qui nous donne cet inédit : « Tout commence quand on ne parle plus ». Dans la série des « Porteurs de feu », Christophe Dauphin évoque la vie d’Alain Morin et Paul Farellier celle de Jean-Vincent Verdonnet. « Ainsi furent les Wah : poètes », est une chronique qui brosse un rapide portrait de quelques poètes : François Montmaneix, Paul Farellier (Il n’est plus de terre / des ciels tombent en ciels), Jacqueline Lalande (Te remettre au monde / fumer la terre avec mes larmes), Jean-Michel Bongiraud, Yannick Girouard (Qui gravera dans l’écorce des cris / la mémoire d’exilés de nulle part / réfugiés des frontières ?) et Colette Gibelin. La revue nous propose ensuite un dossier sur Léo Malet et Yves Martin, deux poètes méconnus… La surprise vient de la rencontre de ces deux poètes si différents, mais pourtant si semblables, dans un entretien de 1975, dans lequel Léo Malet tente d’expliquer que sa poésie est passée dans ses romans policiers… Paul Farellier nous emmène ensuite à connaître Jean-Paul Hameury : « une ambition chez ce poète : nous emmener aux confins (..), outre la parfaite maîtrise du tragique dans son expression poétique, de dissoudre ainsi des frontières qu’on jurerait immuables : celles de la vie et de la mort ». Et de citer : Or c’est d’être sans patrie – qu’on peut enfin habiter la terre. Enfin, dans la rubrique « La Mémoire, la poésie », Rose-Hélène Iché nous propose Robert Rius (1914-1944) à l’encre de lune, assassiné par les nazis… Changeant de registre, la revue interroge Paul Sanda sur les éditions Rafael de Surtis. » Bernard Fournier (Aujourd’hui poème n°71, mai 2006).
« Les Hommes sans Épaules n°20. La revue dirigée de main de maître par notre collaborateur Christophe Dauphin (auteur par ailleurs d’un intéressant et accessible Verlaine aux éd. de Saint-Mont), sur la voie ouverte par Guy Chambelland sur son Pont de l’Epée. Chaque numéro est riche de quelque 150 pages. Les poètes ont la parole et l’on parle des poètes : Jean-Vincent Verdonnet et Alain Morin, Yves Martin (avec un surprenant entretien avec Léo Malet, Quand la poésie mène au polar) et Jean-Paul Hameury. Les éditions Rafael de Surtis, drivées par Paul Sanda, agitateur surréaliste, sont à l’honneur. Les notes de lecture creusent jusqu’à la moelle du poème. » Jacques Fournier (Ici è là n°5, septembre 2006). « La revue les HSE n°20, au sommaire copieux, présente un dossier conséquent sur les éditions Rafael de Surtis, comprenant un entretien avec Paul Sanda et la présentation de treize auteurs du catalogue. Paul Farellier livre une approche de Jean-Paul Hameury dont on peut lire également un choix de textes. Un autre dossier concerne l’œuvre de Léo Malet, sa vision de la rue et du merveilleux et d’Yves Martin. A lire également des poèmes de Jean-Vincent Verdonnet, François Montmaneix, Jean-Michel Bongiraud et Colette Gibelin. Christophe Dauphin rend un hommage mérité à Claude de Burine, une grande voix de la poésie contemporaine décédée en 2005. » Marie-Josée Christien (Spered Gouez n°13, décembre 2006)
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2012 – À propos du numéro 33
Dans la revue Verso
"On se rêve Rimbaud et on se réveille Chabert. Ceci dit sans méchanceté ni ironie aucunes à l'encontre de Pierre Chabert auquel Les Hommes sans Epaules consacre un dossier (rédaction Christophe Dauphin) dans son n°33 (266 pages, 17 €). Connu pour ses Sales Bêtes, Pierre Chabert est du même nid avignonnais que Jean Breton, Henri Rode, voire Guy Chambelland, un temps voisin gardois (voir les n° précédents des HSE). Né en 1914 à Cavaillon, lycéen (malheureux) puis prof (par manque d'imagination) à Avignon, Pierre Chabert ne s'éloignera guère du Vaucluse. Amour, mariage, enfants, copains en poésie (noms ci-dessus + Boujut + etc.), poèmes solaires, puis son amour le quitte pour un Rimbaud de passage. de ce malheur sortent Les Sales Bêtes, "La mante religieuse" : Elle a le geste mécanique, le regard fixe, on dirait qu'elle sait où elle va. On dirait qu'elle sait où elle prie. Qui elle aime. En fait, elle mange. C'est l'amante. Elle procède avec ordre, elle a ses habitudes. Mais sa tête minuscule ne contient qu'une idée à la fois. Elle vit d'amour et de mort fraîche. Trouvera-t-elle l'étrangleur ? Ensuite il retourne à la nature: camping, naturisme, abandonne toute société poétique, etc. Le poète fait homme, quoi ! Bon, y'a pas que Chabert dans ce n°33, ya M.-C. Bancquart, Richard Rognet, J.-M. Bongiraud, Danièle Corre, Elodia Turki (Autour de tes poignets - d'autres mains d'autres gestes - Elle et toi - immenses arlequins sur un pont sans rive... Max Alhau (Parfois c'est cela l'éternité - cet avant-goût - de ce qui ne sera pas..., Ismail Kadare (elle m'a saisi la nostalgie de notre Albanie... Me balader dans une ruelle - étroite comme les préjugés - sombre comme l'oubli - sinueuse et courte - comme l'homme mesquin..., et les réflexions (de 1979) Poésie urgente de Paul Farellier, de R. Barthes à J. Malrieu, en passant par B. Noël: la poésie doit se vivre avant de s'écrire. Pour finir, une nouvelle chronique confiée à Eric Sénécal : d'où vient l'amertume du revuiste..."
Christian Degoutte (Verso n°150, septembre 2012).
Dans Spered Gouez
" Paul Sanda, en préambule, témoigne de l’expérience poétique et de ses éléments fondateurs, de la sienne construite avec patience et volonté, par la forge et la méditation, sur «la trituration du passé» où « tout prend racine dans une histoire de famille, de mensonge », où la rage de savoir et de comprendre, la soif de langage l’emportent. Christophe Dauphin revient sur l’itinéraire du poète albanais Ismaïl Kadaré. Il donne aussi « la parole à Pierre Chabert », poète discret, l’un des doyens des poètes français, qui est l’un des membres fondateurs de la revue. Dans la rubrique « Une vie, une œuvre », Michèle Lévy évoque « le voyage intérieur » de Georges Jean, tandis que Paul Farellier présente Max Alhau et « les richesses du démuni ». Eric Sénécal tient chronique, dans « La nappe s’abîme », et, observant avec pertinence le monde des revues, s’interroge sur la situation et les motivations de leurs animateurs-poètes : la revue est-elle obstacle ou énergie et ressource pour leur propre création ? Prenant appui sur des exemples concrets, il conclut avec justesse que la revue peut soutenir et guider leur travail d’écriture, devenir une source. « Poésie urgente », un article écrit en 1979 de Paul Farellier, démontre toute la permanence de son actualité. Les HSE 33, un numéro semestriel dense qui mêle lectures et matière à réflexion. "
Marie-Josée Christien (revue Spered Gouez n°18, 2012).
Dans Incoherism
Après un éditorial de Paul Sanda, le n°33 des Hommes sans Épaules, la volumineuse revue-livre dirigée par Christophe Dauphin propose une série de dossiers et de cahiers littéraires : Les Porteurs de Feu : Marie-Claire Bancquart – Richard Rognet (présentation Paul Farellier). Les Wah : Elodia Turki – Jean-Michel Bongiraud – Danièle Corre – Patrick Aveline – Bojenna Orszulak. Le poète surprise : Ismail Kadare. Dossier : « La Parole est à Pierre Chabert » par Christophe Dauphin. Une Voix, une œuvre : Georges Jean par Michèle Lévy – Max Alhau par Paul Farellier. Le poète de la Baltique : Tomas Tranströmer par Svante Svahnström. Le photographe du surréel : Théodore Brauner par César Birène. Dans les cheveux d’Aoun : « Poésie urgente » par Paul Farellier. Les pages des Hommes sans Épaules : Paul Farellier, Alain Breton, Christophe Dauphin, Jacques Aramburu, Karel Hadek. Chronique : « La nappe s’abîme » par Éric Sénécal. À ce sommaire fort riche s’ajoutent les infos, les échos, les notes de lecture…
Rémi BOYER (in Incohérism, 17 avril 2012)
Dans Grostextes
"Les HSE 33 : 266 pages denses de poésie sous différentes coutures orchestrées par Christophe Dauphin, une densité qui a de quoi déconcerter le chroniqueur. Après un choix de poèmes divers et variés, on découvre un poème d’Ismail Kadaré, des dossiers Pierre Chabert, Georges Jean ou Max Alhau, des réflexions de Paul Farellier et Eric Sénécal et des hommages aux disparus de l’hiver, José Millas-Martin ou Michel Héroult : « … Je me débarrasse avec hâte / comme si le temps me manquait / moi qui ne suis personne / peut-être une ombre / si vous cherchez bien / peut-être un souffle / ou rien » (Michel Héroult)."
Yves Artufel (in grostextes.over-blog.com, avril 2012).
Dans Inédit Nouveau
"Les Hommes sans Epaules, née en 1953, a connu des interruptions, mais en est à sa troisième série, cette fois sous la direction de Christophe Dauphin, qui succède à Jean et Alain Breton. C'est une véritable encyclopédie de grands auteurs et d'études fouillées. Le numéro 33 célèbre, sous des formes diverses, Ismaïl Kadare, l'éternel Pierre Chabert, le Nobel Tomas Tranströmer, le très ancien Théodore Brauner, mais aussi Georges Jean et Max Alhau, déjà classiques. Cette encyclopédie du surréalisme ouvert, j'ose dire enfin ouvert, est dans ma bibliothèque un des rayons les plus précieux, auquel je me réfère souvent, ayant connu quelque fort anciennes icones des années 50, Chavée, Dotremont ou Mariën. Je ne puis m'empêcher de penser à Dada, au jazz, au surréalisme et à Cobra comme à un de ces ensembles qui unissaient dans la bagarre, la diversité et l'amitié, les romantiques, les symbolistes et autres futuristes d'il y a deux siècles déjà, lorsque Verhaeren espérait un bel avenir."
Paul Van Melle (in Inédit Nouveau n°257, juillet 2012).
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Lectures critiques :
Les Hommes sans Épaules, numéro 57 : Poètes bretons pour une baie tellurique : « C’est un très vaste paysage de la poésie bretonne que nous dresse ce numéro de la revue Les HSE : 33 poètes auxquels on peut ajouter sans erreur des poètes présentés dans les rubriques « Porteurs de feu » ou « Ainsi étaient les Wah » inséparables de ce coin de terre, comme Perros, Delabarre et Kenneth White, ou encore Guy Allix, Emmanuel Baugue (quoiqu’un peu Normand), ou André Prodhomme (quoique d’un peu partout). Pour chacun, nous avons droit à une présentation du poète et de son œuvre, marque de fabrique inégalée de cette revue.
Rappelons à cette occasion qu’il n’existe pas d’autres revues (en ligne ou pas) ayant une connaissance aussi intime, si j’ose, d’un si grand nombre de poètes, en particulier ceux nés entre les années 1920 et 1950. Par exemple dans ce numéro, les présentations de Guillevic, Manoll, Robin, Grall, Glemnor, Cadou – pour ne citer qu’eux – méritent d’être lues pour elles-mêmes. Cela rappelé, penchons-nous sur le dossier « Poètes bretons pour une baie tellurique ». Il y a une évidente volonté d’équilibre entre poètes connus, méconnus ou inconnus tout comme entre des poètes du début, du milieu ou de la deuxième moitié du XXe siècle. Évidemment, on lui reprochera — moi le premier ! — tel ou tel auteur absent (pourquoi ne pas avoir retenu Gilles Baudry ? Charles Le Quintrec, qui pourtant publia son Village allumé chez Saint Germain des Prés ?) Mais je concède que le paysage est déjà considérable et qu’il est bon qu’il y ait quelques « injustices » pour ranimer la levée de bocks ou de ballons pris en commun.
Que ressort-il du paysage dressé ? On retrouve une très bonne illustration des grands courants poétiques bretons du siècle écoulé avec la mise en avant des très singulières années 70 et 80, qu’on peut résumer au conflit qui opposa la génération de Jack-Helliaz à celle de Grall, le premier avec son cheval d’orgueil et le second avec son cheval couché. On retient également cette tresse, que je crois propre à la Bretagne, qui rassemble une poésie ancrée, privilégiant plutôt une forme de dépouillement, une poésie « bardique », volontiers vindicative et pamphlétaire (voire guerrière), et qui aime à être mis en musique, et une poésie druidique attirée par le merveilleux et l’alchimique qui plonge volontiers dans la veine surréaliste (ce qu’affectionne particulièrement notre revue). L’élément qui réunit ces trois courants, hormis la Bretagne elle-même, c’est la place incontournable du minéral (le granit, le mica, etc.), pour ne pas dire le tellurique comme le pointe si justement le titre du dossier.
M’a frappé également, à la lecture du dossier, la relative étanchéité qui règne entre la poésie de l’Argoat et celle de l’Armor. Il semble bien qu’en Bretagne deux univers poétiques distincts se côtoient sans se confondre, ainsi que les paysages et les modes de vie. Enfin, et bien sûr ajouterai-je, le dossier permet de mesurer la solide et féconde richesse du terrain éditorial breton grâce au dévouement de quelques maisons d’éditions (pas forcément bretonnes), d’associations culturelles et artistiques très actives (comment ne pas citer « les rencontres de Max ») et de quelques figures tutélaires qui ont su jouer un rôle de découvreur ou de rassembleur (Grall, Guillevic, Brémont, Christien et Geneste aujourd’hui). Pour conclure, et picoter d’iode l’ami Christophe Dauphin, après avoir lu son passionnant édito, je me suis demandé si ce n’était pas un article pro domo pour la poésie… normande. »
Pierrick de CHERMONT (in recoursaupoeme.fr, 6 novembre 2024).
*
« Il est généralement éclairant de découvrir notre paysage poétique breton par le regard d’un observateur avisé. Il est également rassurant de constater que nos poètes continuent de susciter intérêt et curiosité, malgré la quasi-disparition des revues en Bretagne. C’est en voisin normand et poète de l’Ouest que Christophe Dauphin aborde les « poètes en Bretagne » dans un copieux numéro de la revue qu’il aime depuis 1997, Les Hommes sans Épaules.
34 poètes sont présentés de façon développée, accompagné d’un choix de textes conséquent. Pierre-Jakez Hélias, Anjela Duval, Glenmor et Xavier Grall y côtoient Gérard Le Gouic et Guénane. En dépit de leur diversité, Christophe Dauphin leur reconnait des points communs qui traversent les générations : la connivence avec les paysages tourmentés de la péninsule armoricaine, un riche imaginaire ouvert sur le monde, « un goût frondeur pour l’indépendance ».
Christophe Dauphin rappelle à bon escient l’attraction régulière de « la matière Bretagne » pour bon nombre de poètes qui n’en sont pas originaires, dont Saint-Pol-Roux, Georges Perros, Kenneth White, Samuel Bréjar et plus récemment Henri Droguet, Gérard Cléry, Colette Wittorski, Joseph Ponthus, Guy Allix, André Prodhomme et Emmanuel Baugue. La Bretagne fut aussi pour Paul Celan, de 1954 à 1961, une terre d’accueil qui lui inspira une série de poèmes dont des extraits sont reproduits dans ce dossier.
Christophe Dauphin met en lumière bon nombre de poètes qui ne figurent habituellement pas dans les ouvrages de références sur la Bretagne : Louis Guillaume, Armand Robin, Norbert Lelubre, Odile Caradec, Jacques Bertin, Danielle Collobert, Alain Morin, Alain Simon, Mérédith Le Dez et Gwen Garnier-Duguy. Il mentionne aussi plusieurs poètes bretons qui furent proches du mouvement surréaliste : Jacques Vaché, Angèle Vannier, Yves Eléouet, Hervé Delabarre. »
Marie-Josée CHRISTIEN (in revue Spered Gouez n°30, 2024).
*
La revue Les Hommes sans Épaules consacre son numéro 57 aux « Poètes en Bretagne » et rend hommage à Frédéric Tison, récemment disparu.
L’identité bretonne, préservée malgré les aléas, a permis aussi une poésie bretonne née tant de la géographie que du peuple. Plutôt que de particularismes, Christophe Dauphin, avec Glenmor, préfère parler de caractéristiques des poètes de l’Ouest : « Les habitants de ces contrées semblent avoir toujours été la proie de tentations contradictoires : l’une les presse de confier leur destin à la mer, de lâcher tout pour courir la chance de découvrir d’autres cieux, d’autres terres ; l’autre leur dépeint vivement la douceur du foyer, dans la maison tapie au bout du chemin creux, les avantages d’une existence passée dans la sécurité, que garantissent les traditions et le retour périodique des saisons. De ces contradictions, les meilleurs de ceux dont elles marquèrent le caractère ont toujours su tirer une source d’énergie. »
Louis Bertholom, de Fouesnant, précise : « Je ne sais pas si la Bretagne est une terre de poésie plus qu’ailleurs. Il existe tout de même une sensibilité spécifique des gens de Bretagne qui confère une âme à cette région, proche d’une certaine forme de mélancolie dans le sens artistique du terme. Nous avons tout un légendaire arthurien, une Brocéliande dans nos gènes qui nous poursuit malgré tout. Puis le Barzaz Breiz, les gweerzioù et autre patrimoine chanté, transmis de générations en générations qui alimentent insidieusement notre façon d’être au monde. La poésie celtique est spécifique à son territoire, avec ses connotations celtiques même s’il y a des exceptions. »
C’est la poésie elle-même qui dit le plus sur la Bretagne, ses langues et son peuple. C’est pourquoi ce numéro 57, qui rassemble un grand nombre de poètes, porte une part de l’âme bretonne au lecteur.
Rémi BOYER (in /lettreducrocodile.over-blog.net, 24 mai 2024)
Extrait de « Bretagne est univers » de Saint-Pol-Roux :
« Il ne lui suffit point de distribuer l’oracle
Et d’accroître le globe au jeu de ses timons,
Elle insère l’esprit de son propre miracle
A même la matière des bois et des monts.
Voici le coffre aux joies, le clocher, le calvaire
Et l’auguste fontaine au lipide présent.
Après, l’enchantement créé par le trouvère
Et le prince des mers, celui de l’artisan. »
Extrait de "L’enfant du druide "de Angèle Vannier :
L’enfant du druide ouvrit les vannes du silence
Un chant se répandit longtemps
L’eau le sang le feu
Les trois dans la forêt
Pour bâtir un palais d’automne
Un grand secret faisait la roue sur le parvis
D’un clair-obscur jaillit la fleur miraculeuse
Le double de la pierre philosophale.
L’enfant faisait la chasse à la folie
Il délivrait des plages de cristal
Sous un vieux chêne inconsolable.
La clé de la clé disait mon compagnon
Cet enfant la chantait »
*
« Le thème de ce numéro c’est « Poètes en Bretagne » (notez bien EN et pas DE Bretagne). C’est que pour moi ce numéro est sans surprise : j’ai déjà lu (et pas oublié, tous sont de qualité, ont leur originalité) Georges Perros, Hervé Delabarre, Paul Celan, Kenneth White, Henri Droguet, Max Jacob, Guillevic, Manoll, Armand Robin, Cadou (René Guy et Hélène), Jégou, Le Gouic, Marie-Josée Christien, Emmanuelle Le Cam, etc.
Comme dans chaque numéro de la revue Les Hommes sans Épaules, son animateur, Christophe Dauphin est infatigable : chaque auteur est abondamment présenté (bio, biblio, position historique, etc.). Il analyse brillamment les effets et les méfaits de la Celtitude, ne manque pas de pointer les crispations identitaires, le nationalisme étroit : « Il serait plus juste d’inviter les Auvergnats au festival interceltique. La Bretagne n’était pas le centre ancien du monde celtique ». Des citations quand même des moins connus : Jean-Claude Tardif : « Mes yeux accrochent leurs linges – à l’étendoir du ciel – le crépuscule ravaude ses draps » ; Jean-Paul Hameury : « Quand l’emprunte les sentiers – de l’île, mon ombre me quitte – et s’en va sur les chemins d’autrefois » ; Angèle Vannier : « Je suis née de la mer et ne le savais plus – Trop de pavots avaient maculé mes pieds nus » ; Yves Elleouët : « d’accord avec le vent – ils vont en nombre par les routes – travailleurs hagards et malmenés … - je me rassemble autour de mes os » ; et bien sûr Joseph Ponthus : « De quoi rêvent-ils – ceux qui sont aux cuirs – C’est ainsi qu’on appelle ceux qui arrachent les - peaux des bêtes juste après qu’elles aient été tuées ». Proses et nombreuses lectures critiques.
Christian Degoutte (in revue Verso, 2024).
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Lectures critiques :
Les Hommes sans Épaules, numéro 57 : Poètes bretons pour une baie tellurique : « C’est un très vaste paysage de la poésie bretonne que nous dresse ce numéro de la revue Les HSE : 33 poètes auxquels on peut ajouter sans erreur des poètes présentés dans les rubriques « Porteurs de feu » ou « Ainsi étaient les Wah » inséparables de ce coin de terre, comme Perros, Delabarre et Kenneth White, ou encore Guy Allix, Emmanuel Baugue (quoiqu’un peu Normand), ou André Prodhomme (quoique d’un peu partout). Pour chacun, nous avons droit à une présentation du poète et de son œuvre, marque de fabrique inégalée de cette revue.
Rappelons à cette occasion qu’il n’existe pas d’autres revues (en ligne ou pas) ayant une connaissance aussi intime, si j’ose, d’un si grand nombre de poètes, en particulier ceux nés entre les années 1920 et 1950. Par exemple dans ce numéro, les présentations de Guillevic, Manoll, Robin, Grall, Glemnor, Cadou – pour ne citer qu’eux – méritent d’être lues pour elles-mêmes. Cela rappelé, penchons-nous sur le dossier « Poètes bretons pour une baie tellurique ». Il y a une évidente volonté d’équilibre entre poètes connus, méconnus ou inconnus tout comme entre des poètes du début, du milieu ou de la deuxième moitié du XXe siècle. Évidemment, on lui reprochera — moi le premier ! — tel ou tel auteur absent (pourquoi ne pas avoir retenu Gilles Baudry ? Charles Le Quintrec, qui pourtant publia son Village allumé chez Saint Germain des Prés ?) Mais je concède que le paysage est déjà considérable et qu’il est bon qu’il y ait quelques « injustices » pour ranimer la levée de bocks ou de ballons pris en commun.
Que ressort-il du paysage dressé ? On retrouve une très bonne illustration des grands courants poétiques bretons du siècle écoulé avec la mise en avant des très singulières années 70 et 80, qu’on peut résumer au conflit qui opposa la génération de Jack-Helliaz à celle de Grall, le premier avec son cheval d’orgueil et le second avec son cheval couché. On retient également cette tresse, que je crois propre à la Bretagne, qui rassemble une poésie ancrée, privilégiant plutôt une forme de dépouillement, une poésie « bardique », volontiers vindicative et pamphlétaire (voire guerrière), et qui aime à être mis en musique, et une poésie druidique attirée par le merveilleux et l’alchimique qui plonge volontiers dans la veine surréaliste (ce qu’affectionne particulièrement notre revue). L’élément qui réunit ces trois courants, hormis la Bretagne elle-même, c’est la place incontournable du minéral (le granit, le mica, etc.), pour ne pas dire le tellurique comme le pointe si justement le titre du dossier.
M’a frappé également, à la lecture du dossier, la relative étanchéité qui règne entre la poésie de l’Argoat et celle de l’Armor. Il semble bien qu’en Bretagne deux univers poétiques distincts se côtoient sans se confondre, ainsi que les paysages et les modes de vie. Enfin, et bien sûr ajouterai-je, le dossier permet de mesurer la solide et féconde richesse du terrain éditorial breton grâce au dévouement de quelques maisons d’éditions (pas forcément bretonnes), d’associations culturelles et artistiques très actives (comment ne pas citer « les rencontres de Max ») et de quelques figures tutélaires qui ont su jouer un rôle de découvreur ou de rassembleur (Grall, Guillevic, Brémont, Christien et Geneste aujourd’hui). Pour conclure, et picoter d’iode l’ami Christophe Dauphin, après avoir lu son passionnant édito, je me suis demandé si ce n’était pas un article pro domo pour la poésie… normande. »
Pierrick de CHERMONT (in recoursaupoeme.fr, 6 novembre 2024).
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« Il est généralement éclairant de découvrir notre paysage poétique breton par le regard d’un observateur avisé. Il est également rassurant de constater que nos poètes continuent de susciter intérêt et curiosité, malgré la quasi-disparition des revues en Bretagne. C’est en voisin normand et poète de l’Ouest que Christophe Dauphin aborde les « poètes en Bretagne » dans un copieux numéro de la revue qu’il aime depuis 1997, Les Hommes sans Épaules.
34 poètes sont présentés de façon développée, accompagné d’un choix de textes conséquent. Pierre-Jakez Hélias, Anjela Duval, Glenmor et Xavier Grall y côtoient Gérard Le Gouic et Guénane. En dépit de leur diversité, Christophe Dauphin leur reconnait des points communs qui traversent les générations : la connivence avec les paysages tourmentés de la péninsule armoricaine, un riche imaginaire ouvert sur le monde, « un goût frondeur pour l’indépendance ».
Christophe Dauphin rappelle à bon escient l’attraction régulière de « la matière Bretagne » pour bon nombre de poètes qui n’en sont pas originaires, dont Saint-Pol-Roux, Georges Perros, Kenneth White, Samuel Bréjar et plus récemment Henri Droguet, Gérard Cléry, Colette Wittorski, Joseph Ponthus, Guy Allix, André Prodhomme et Emmanuel Baugue. La Bretagne fut aussi pour Paul Celan, de 1954 à 1961, une terre d’accueil qui lui inspira une série de poèmes dont des extraits sont reproduits dans ce dossier.
Christophe Dauphin met en lumière bon nombre de poètes qui ne figurent habituellement pas dans les ouvrages de références sur la Bretagne : Louis Guillaume, Armand Robin, Norbert Lelubre, Odile Caradec, Jacques Bertin, Danielle Collobert, Alain Morin, Alain Simon, Mérédith Le Dez et Gwen Garnier-Duguy. Il mentionne aussi plusieurs poètes bretons qui furent proches du mouvement surréaliste : Jacques Vaché, Angèle Vannier, Yves Eléouet, Hervé Delabarre. »
Marie-Josée CHRISTIEN (in revue Spered Gouez n°30, 2024).
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La revue Les Hommes sans Épaules consacre son numéro 57 aux « Poètes en Bretagne » et rend hommage à Frédéric Tison, récemment disparu.
L’identité bretonne, préservée malgré les aléas, a permis aussi une poésie bretonne née tant de la géographie que du peuple. Plutôt que de particularismes, Christophe Dauphin, avec Glenmor, préfère parler de caractéristiques des poètes de l’Ouest : « Les habitants de ces contrées semblent avoir toujours été la proie de tentations contradictoires : l’une les presse de confier leur destin à la mer, de lâcher tout pour courir la chance de découvrir d’autres cieux, d’autres terres ; l’autre leur dépeint vivement la douceur du foyer, dans la maison tapie au bout du chemin creux, les avantages d’une existence passée dans la sécurité, que garantissent les traditions et le retour périodique des saisons. De ces contradictions, les meilleurs de ceux dont elles marquèrent le caractère ont toujours su tirer une source d’énergie. »
Louis Bertholom, de Fouesnant, précise : « Je ne sais pas si la Bretagne est une terre de poésie plus qu’ailleurs. Il existe tout de même une sensibilité spécifique des gens de Bretagne qui confère une âme à cette région, proche d’une certaine forme de mélancolie dans le sens artistique du terme. Nous avons tout un légendaire arthurien, une Brocéliande dans nos gènes qui nous poursuit malgré tout. Puis le Barzaz Breiz, les gweerzioù et autre patrimoine chanté, transmis de générations en générations qui alimentent insidieusement notre façon d’être au monde. La poésie celtique est spécifique à son territoire, avec ses connotations celtiques même s’il y a des exceptions. »
C’est la poésie elle-même qui dit le plus sur la Bretagne, ses langues et son peuple. C’est pourquoi ce numéro 57, qui rassemble un grand nombre de poètes, porte une part de l’âme bretonne au lecteur.
Rémi BOYER (in /lettreducrocodile.over-blog.net, 24 mai 2024)
Extrait de « Bretagne est univers » de Saint-Pol-Roux :
« Il ne lui suffit point de distribuer l’oracle
Et d’accroître le globe au jeu de ses timons,
Elle insère l’esprit de son propre miracle
A même la matière des bois et des monts.
Voici le coffre aux joies, le clocher, le calvaire
Et l’auguste fontaine au lipide présent.
Après, l’enchantement créé par le trouvère
Et le prince des mers, celui de l’artisan. »
Extrait de "L’enfant du druide "de Angèle Vannier :
L’enfant du druide ouvrit les vannes du silence
Un chant se répandit longtemps
L’eau le sang le feu
Les trois dans la forêt
Pour bâtir un palais d’automne
Un grand secret faisait la roue sur le parvis
D’un clair-obscur jaillit la fleur miraculeuse
Le double de la pierre philosophale.
L’enfant faisait la chasse à la folie
Il délivrait des plages de cristal
Sous un vieux chêne inconsolable.
La clé de la clé disait mon compagnon
Cet enfant la chantait »
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« Le thème de ce numéro c’est « Poètes en Bretagne » (notez bien EN et pas DE Bretagne). C’est que pour moi ce numéro est sans surprise : j’ai déjà lu (et pas oublié, tous sont de qualité, ont leur originalité) Georges Perros, Hervé Delabarre, Paul Celan, Kenneth White, Henri Droguet, Max Jacob, Guillevic, Manoll, Armand Robin, Cadou (René Guy et Hélène), Jégou, Le Gouic, Marie-Josée Christien, Emmanuelle Le Cam, etc.
Comme dans chaque numéro de la revue Les Hommes sans Épaules, son animateur, Christophe Dauphin est infatigable : chaque auteur est abondamment présenté (bio, biblio, position historique, etc.). Il analyse brillamment les effets et les méfaits de la Celtitude, ne manque pas de pointer les crispations identitaires, le nationalisme étroit : « Il serait plus juste d’inviter les Auvergnats au festival interceltique. La Bretagne n’était pas le centre ancien du monde celtique ». Des citations quand même des moins connus : Jean-Claude Tardif : « Mes yeux accrochent leurs linges – à l’étendoir du ciel – le crépuscule ravaude ses draps » ; Jean-Paul Hameury : « Quand l’emprunte les sentiers – de l’île, mon ombre me quitte – et s’en va sur les chemins d’autrefois » ; Angèle Vannier : « Je suis née de la mer et ne le savais plus – Trop de pavots avaient maculé mes pieds nus » ; Yves Elleouët : « d’accord avec le vent – ils vont en nombre par les routes – travailleurs hagards et malmenés … - je me rassemble autour de mes os » ; et bien sûr Joseph Ponthus : « De quoi rêvent-ils – ceux qui sont aux cuirs – C’est ainsi qu’on appelle ceux qui arrachent les - peaux des bêtes juste après qu’elles aient été tuées ». Proses et nombreuses lectures critiques.
Christian Degoutte (in revue Verso, 2024).
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