Les Hommes sans Épaules


Patrice CAUDA, Gaston PUEL, Jean-Pierre DUPREY

Numéro épuisé
Numéro 11
144 pages
Deuxième semestre 2001

Sommaire du numéro



Editorial : "Attachez bien vos vers", par Alain CASTETS

Les Porteurs de Feu : Poèmes de Patrice CAUDA, Gaston PUEL

Ainsi furent les Wah : Poèmes de Jean-François DELAPRÉ, Jean-Louis DEPIERRIS, Isabelle GUIGOU, Lionel LATHUILLE, Annie LE GALL, Jean-Dominique REY, Georges SÉDIR, Alain SIMON, Christa TEFIN

La Mémoire, la poésie : Jean-Pierre DUPREY, le sang craché de la vie, par Christophe DAUPHIN, Poèmes de Jean-Pierre DUPREY

Dans les cheveux d'Aoûn (proses) : par Claude de BURINE

La Poésie et la mémoire : par Christophe DAUPHIN

Dans les cheveux d'Aoûn (proses) : par Pierre REVERDY

Rires et coups de griffes : Roland BACRI

Coups de feu, coup de phare : "La novPoésie contre la poésie", par Alain CASTETS

Coups de feu, coup de phare: "A pas la bêche à la ligne ! ", par Christa TEFIN

Dernière minute: "Réponses aux questions d'Aujourd'hui poème", par Jean BRETON, Alain CASTETS

Avec la moelle des arbres : Notes de lecture de Jean BRETON, Christophe DAUPHIN, Jean DUBACQ, Paul FARELLIER

Présentation

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Légende : Jean Breton et Patrice Cauda.

 

 

ELLE DISAIT SI UN JOUR JE MEURS


Elle disait si un jour je meurs

nous haussions les épaules

à la Libération elle est morte

nous n’avons pu sécher nos pleurs


Sa chambre pauvre lac ciré

les vastes coussins de cretonne jaunie

l’armoire de famille penderie étroite

le grand lit où elle dormait seule


Elle faisait des ménages

d’autres faisaient l’amour

nous l’attendions harcelants

nous étions ses amants aux froides caresses


Chaque jour nous inventions des jeux

elle regardait l’air vague

elle semblait éternelle

nous avons grandi sans la voir


A nos cris elle s’effrayait

vivait nourrie de nous-mêmes

chaque soir sur notre front elle se posait

nous n’avons pas vu comme elle vieillissait


Ses grandes mains blanches de lavandière

chacun de nos repas en était fait

nous étions pétris de son travail

un peu de nous pour chaque goutte de sa sueur


Un soir elle a dit je suis fatiguée

nous n’écoutions pas le sommeil

elle est morte sans nous déranger

nous nous sommes dispersés dans l’ombre.


Patrice CAUDA

(in Les Hommes sans Epaules n°11, 2001).



Revue de presse

2001 - À propos du numéro 11

     « Ce numéro 11 des « HSE » restera comme celui du « Non à l’imposture » d’une certaine « Nouvelle poésie française ». Il faut lire le dossier – très documenté – à propos d’une anthologie et du Magazine Littéraire n°396, de mars 2001, tiré à 30 000 exemplaires, où les bateleurs s’arrogent le haut du pavé médiatique en déclarant « La Poésie, c’est nous, un point c’est tout ». Points d’interrogations, d’exclamations, de suspensions et d’ironie pouffent autour. Libre aux prudents, ignorants et courtisans de se taire, voire d’applaudir. Il faut l’écrire : nous ne sommes pas d’accord. Affaire à suivre, toute mode se démodant, toute provocation se désamorçant, vaincue par l’horloge. »
    Jacques Simonomis (Le Cri d’os, février 2002).

    « Refusant le trompe l’œil, le dossier des « HSE n°11 » sur « La Novpoésie contre la poésie », est salutaire. Le lire permet de se faire une idée juste des enjeux actuels quant à l’avenir de la poésie, laquelle ne veut pas mourir dans la fosse sceptique de l’incommunicable. Au surplus, les poèmes de Patrice Cauda, de Gaston Puel, de Jean-Louis Depierris, de Georges Sédir, d’Alain Simon, illustrent de réels talents aussi divers qu’indéniables. Enfin, les chroniques de Jean Breton, Christophe Dauphin et Paul Farellier ont le mérite de ne pas être caractérisées par la rétention ou le gâteux snobisme. On y sent cet amour de la poésie qui fait mouche. Personnellement, j’ai retrouvé avec joie la précision des notes de lecture de Jean Breton, inégalable. »

Jean-Luc Maxence (Les Cahiers du Sens, juin 2002).