Pour rassurer le fakir

Collection Les HSE


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Pour rassurer le fakir

Alain BRETON

Poésie

ISBN : 0-242-03971-0
Livre épuisé
108 pages - 20.5 x 13 cm

  • Présentation
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On oscille entre réalité, rêve et cauchemar : un passant est suspecté d'être un humain différent. On trouve un corps ligoté dans la banquise : l'énigme demeure. On traverse une ville en guerre parmi des éléphants. On rencontre un cycliste un peu sorcier. La brume ne fait que comploter. Un grimpeur est retenu de justesse le long de la falaise par sa corde de rappel dont il ne parvient pas à se débarrasser; voici Garçon et Palefrenier, les émules d'Evariste Galois... Versions brèves ou notations, les aventures de l'impossible sont relatées et dessinées dans le contact quotidien que l'imagination embue de ses questions, de ses visions - les choses, les éléments, voire les idées abstraites, deviennent des entités à part entière, souvent inquiétantes. Les portes, la mer, les vents ont une existence cachée qui doit être révélée. Parfois le commentaire s'en tient à l'éclairage insolite : le lézard, le gouffre, la fabrication d'un mur, le miroir (sa nature profonde, l'éventualité de son bon usage), les chemins des couleurs... Sous la forme de comptes rendus anodins, dans un style pseudo-objectif, un émerveillement est suscité à partir d'une minutie satirique et d'un fantastique à rebonds, où un certain bizarre (comme dans la littérature du nonsense) donne rendez-vous à l'inconscient et, par là même, au mystère. L'humour s'insinue dans la distance, le laconisme, les formules connues transvasées dans un bocal différent, l'inventaire inattendu, le mot qui bascule. Mais cela pourra-t-il rassurer le fakir ?

 

   L'une des tactiques de la lumière : elle se laisse choir plusieurs fois de suite au même endroit en taisant sa douleur, et nous la croyons durable.

 

   Lorsque je marche en rase campagne, je ne peux m'empêcher de lever les yeux vers les aviateurs morts en mission et dont le corps, à l'instar de ceux des marins dans la mer, doit être lâché en plein ciel.

 

   S'il bat son chien c'est qu'il lit l'avenir dans ses aboiements.

 

   Parfois l'enfance me rattrape, ses bateaux-pirates, les cales à esclaves, l'ourlet des ponts, le mât qui laisse échapper un fanion, tout le bouquet des nuits et la grosse fée qui fait une scène.

 

   Parfois, le gouffre est secoué par un rêve ou bien alors il se relâche, sa pensée lui échappe et on ne sait pas ce que deviennent ses voyages.

 

Alain BRETON

(Extraits de Pour rassurer le fakir, Les Hommes sans Epaules, LGR, 2000).