Yves BOUTROUE

Yves BOUTROUE



Né à Paris en 1955, Yves Boutroue vit depuis 1974 en Norvège où il a exercé « tous » les métiers : d’éleveur de moutons, bûcheron et manutentionnaire, à professeur de langue ou de philosophie et garçon de café, en passant par ouvrier d’usine et chauffeur de taxi. Actuellement fonctionnaire « au service » des candidats au statut de réfugié. Yves Boutroue est un amateur de bonne chère, de vin, d’alcool, de bière bien sûr, et de voyages discrets (trop d’exotisme nuit au plaisir de découvrir). Déchiré à jamais entre l’univers rigoureux, diaphane et étourdissant de la poésie et la recherche d’une jouissance (étourdissante elle aussi) charnelle et verbale incessante... en plus d’une virulence politique qui lui nuit parfois.

Pour Yves Boutroue, la poésie, « ce regard sur nos fièvres », est un élan pour conjuguer l’amour et le voyage, et un moyen pour immortaliser les beaux moments ; d’appareiller avec les buveurs de l’aube dans une taverne bruxelloise vers des « archipels nacrés » ; d’aimer impétueusement dans la « fêlure du temps ». En effet, n’aurait–il pas été « dommage de ne s’aimer qu’à la folie » ? Mais l’amoureux est en proie au tumulte intérieur, sa compagnie n’est pas de tout repos. Lucide, il avoue : Quelle paix peut–on puiser « dans le silence d’un écorché » ?  Celui pour qui «  la vie ne fut jamais une concession » n’est pas soumis à dépendance, il entraîne dans son sillage celle qui ne connaît pas encore le goût des lendemains cruels. Quand même, il s’agit bien de « retarder à tout prix la tombée du rideau », de lutter par tous les moyens contre cette grande gomme, la mort. C’est une constante de cette œuvre émouvante, prise parfois d’accents baroques, à peine obscure, éperdue de magie et de fraternité. Alors, pourquoi ne pas suivre ce poète nomade, pour trouver « une nef des fous dans le soir », et découvrir, dans le tintement des rêves, la note inouïe, suprême, sans jamais quitter des yeux le « port sur le ciel » ?

Yves Boutroue est un poète sans concession et son œuvre lui ressemble : plaies et bosses des mots, pour explorer l’impossible et en extraire la quintessence, pour vaincre le deuil des jours qui laminent.

Alain BRETON

(Revue Les Hommes sans Epaules).

À lire : Exils (éd. Saint-Germain-des-Prés, 1991), Cris de Steppe (éd. Saint-Germain-des-Prés, 1993), Trinn for Trinn - Øvelser i fransk, méthode d’apprentissage du français, édition norvégienne, (NKS-forlaget, 2000), En annen verden er mulig, essais, édition norvégienne, (Oktober Forlaget, 2001), En bas de la France d’en bas, Au cœur  des structures sociales et médico-sociales, essai, (L’Harmattan, 2005).Nous Remercierons les Paysages pour leur Modestie (éd. Librairie-Galerie Racine, 2010), Dette vinduet er min kvinne, poèmes en norvégien, (éd. Communicatio, 2012), Temps à autres (éd. Librairie-Galerie Racine, 2014), Dépit du bon sens (éd. Librairie-Galerie Racine, 2016).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules




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