Les Hommes sans Épaules


Dossier: THÉRÈSE PLANTIER, UNE VIOLENTE VOLONTÉ DE VERTIGE

Numéro épuisé
Numéro 36
286 pages
Deuxième semestre 2013

Sommaire du numéro



Éditorial: Du Fémonisme et du Survrai, par Christophe DAUPHIN

Les Porteurs de feu : Poèmes de Jean-Pierre LEMAIRE, Yves MAZAGRE

Ainsi furent les Wah : Poèmes de Marie-Christine BRIERE, Guy ALLIX, Kristiina EHIN, Lydia PADELLEC, Sébastien COLMAGRO

Dossier: Thérèse Plantier, une violente volonté de vertige, par Marie-Christine BRIERE, Christophe DAUPHIN, Poèmes de Thérèse PLANTIER

Une voix, une oeuvre : Jaan KAPLINSKI, par Karel HADEK, Michel VOITURIER, par Éric SÉNÉCAL

La sculpture du 4ème règne : Virginia TENTINDO, par Christophe DAUPHIN

Le poète de l'extrême : Georges BATAILLE

Dans les cheveux d'Aoûn: Proses de Hercule Savinien Cyrano de BERGERAC, Odile COHEN-ABBAS, Tudor ARGHEZI, Christophe DAUPHIN

Les pages des Hommes sans Épaules : Poèmes de Patrice CAUDA, Elodia TURKI, Paul FARELLIER, Alain BRETON, Christophe DAUPHIN, Jacques ARAMBURU

Avec la moelle des arbres : Notes de lecture de Jean CHATARD, Paul FARELLIER, Jean-Pierre VÉDRINES, Alain BRETON, Christophe DAUPHIN, Gérard PARIS, César BIRÈNE, Claude ALBARÈDE, Karel HADEK

La Chronique des revues, par César BIRÈNE

Infos / Échos des HSE, par Claude ARGÈS, avec des textes de Jacques HÉROLD, Alain JEGOU, Hervé DELABARRE, James Douglas dit Jim MORRISON, Ray MANZAREK, Georges-Emmanuel CLANCIER, Christophe DAUPHIN, Gaston PUEL, Daniel LANDER, Alain BRETON, Robert SABATIER, Jean ROUSSELOT

Incises poétiques du poète laminaire: Poèmes de Aimé CESAIRE, Édouard GLISSANT

Présentation

 Thérèse Plantier fut admirée par Simone de Beauvoir ou Violette Leduc, avant de rejoindre le surréalisme en 1964. André Breton dit avoir décelé, en elle : « une violente volonté de vertige ». Plantier lui répond : « Je ne m’exprime qu’en surréaliste. Le temps n’est pas venu où l’on puisse s’exprimer autrement. » Thérèse Plantier prend ses distances, non avec Breton, pour lequel elle nourrira une profonde admiration et amitié (« Homme sous les pieds duquel jaillissaient les pierres précieuses »), mais avec son entourage, pour se rapprocher de la Poésie pour vivre (« Si le poète ne peut vivre qu’en mettant le feu au langage, nous nous chaufferons à son brasier ») de Jean Breton et du « Pont de l’Épée » de Guy Chambelland… L’œuvre de Thérèse Plantier, volcan, maelström, feu de brousse ? Aucun lieu qui se laisse facilement appréhender, tous fusent, dialoguent, explosent, toujours coupée la branche où vous tentez de vous accrocher, avec Thérèse vous n’aurez jamais aucune sécurité car : « Poète est la femme qui perd l’équilibre à la moindre mouche - à la moindre poussée. » Originale et chaotique, cette œuvre est l’une des plus fortes de la poésie contemporaine. Thérèse Plantier ? Une grande voix de Femme : « À en vomir je me grignotais - je mâchais ma mère l’angoisse. » Elle nous lance des mots pour une recréation, « des mots si mortels qu’en naît le neuf langage - à réapprendre aux enfants à brasser pour qu’ils battent à nos tempes si fort qu’on se croie fou. » Ce langage, qui n’est plus celui de l’asservissement de la femme, mais de la libération (« le temps n’est plus aux femmes qui se plaignent »), du fémonisme, Plantier le nomme le Survrai, dont Alain Bosquet nous dit : « Au milieu des intellectualismes exsangues et des cheveux coupés en seize, Thérèse Plantier est à peu près la seule, aujourd’hui, à mordre dans la vie et à se bagarrer avec la mort. Sa poésie est une affaire de règlement de compte avec elle-même, sa peau, son squelette et son regard intérieur. Elle ne pardonne rien… Elle écrit avec sa chair, dans la sueur des hommes… Elle se cogne à sa propre image. Elle a des sueurs froides et des baisers qui guillotinent. Les poèmes aussi possèdent des muscles, des torsades, des langueurs : une gifle suffit, pour qu’on revienne au réel. » Femme-mots, Plantier nous dit : « J’appartiens à mes paroles - je les donne - et ainsi me transporte ailleurs : même dans le puant aux varices bandées. » Bien qu’elle s’interroge : « L’amour ne serait-il pas contrainte, n’aurions-nous pas été contraints à l’amour ? Sans le savoir, sans le vouloir ? » Toute sa poésie, note Jocelyne Curtil, est marquée au sceau de l’amour, « ce bruissant besoin ». Cette poésie scrute, palpe, décante la femme pour montrer la désintégration morale du monde, perverti par les hommes, tournant en ridicule la domination masculine pour libérer la femme de son aliénation culturelle. L’angoisse, la déchirure du temps, la mort, la destruction, la déchéance, ne trouvent guère d’antidotes, qu’en la révolte, l’amour charnel, l’écriture et la liberté…

Christophe Dauphin

(Extrait de l’éditorial, « Du Fémonisme et du Survrai », Les Hommes sans Épaules n°36, 2013).

 

C’EST MOI DIÉGO

(Extrait)

 

J’avais à renaître de mes cendres

ce fut une surprise

trop longtemps sans recevoir de visites infernales

j’avais à trouver sur terre mes morts

irradiés par l’arc-en-ciel des siècles larges

arrière-arrière-arrière-Arrière-cousins à la mode de Bretagne

moi fidèlement cataleptique devant eux en coma insulinique

prêt à rouler sur le mortel versant

j’avais à me ré-agenouiller sur les graviers

de mes vilaines petites cours at home

engorgées de Zombies de menthes

d’un parfait matériel folklorique

on y peut farfouiller partout ramper gamberger mastiquer

m’asticoter compulser micocouliers

souffler faux dans le clairon vairon de mon

arrière-arrière-arrière-Arrière-neveu à

la mode tout simplement un âne

taper dans les tambours-testicules de mes plus récentes copines

faire la queue aux bardesses féminin des bardes

dans la vraie maison principale principielle

et distinguer de là uniquement

la comète qui annonce mon retour

brillante comme au fond d’un puits un seau d’étoiles ainsi que le vôtre

j’avais à naître encore surtout en Jacques à la barbe chénopode

perdu pour sa maman et leurs complexes communs

déjeté par son amour du farniente et de l’amour

et surtout en tous les autres

c’est moi Diégo

El Capucino

dont l’apparition coïncide avec la vôtre

je n’ai d’autre but que

d’emprunter un éléphant un château

des drapeaux heureux des planches et chevrons basta !

de lessiver la planète sans pouvoir lui fournir mes raisons

de me planquer dans les villages

toujours capter les sanglants filaments du futur

par exemple à Cracovie où les rues vides

hurlaient silence par le regard de leurs fenêtres

j’avais à être éjecté des veines de la mort

avec mon énorme fardeau prophétique

ils rient et ils oublient

c’est moi                   Diégo

j’ai tout abandonné avant que de me mettre

en wagon à bestiaux

c’est moi qui longe l’avenir en mugissant pattes cassées

je recommence à zéro venu d’Espagne par Hampton Court

en tremblotant sur mes pattes gélatineuses

des endroits où l’on assassine

et dévore en particulier l’âme des animaux

je suis la fille en velours au chapeau fripé

planté de camélias de gardénias de pancakes

un parterre plein les yeux

je suis le garçon tête-solaire avec une roue

                                                         au bas

                                                               du ventre (..)

 

Thérèse Plantier

(Poème extrait de Les Hommes sans Épaules n°36, 2013).



Revue de presse

2013 – À propos du numéro 36

"À chacun de ses numéros, la belle et forte revue de poésie Les Hommes sans Epaules s’affirme de plus en plus comme un espace incontournable au cœur du monde des poésies françaises – et d’ailleurs. Car les HSE, ainsi que Recours au Poème, n’est pas de ces revues enfermées dans un quelconque hexagone. Ce n’est d’ailleurs pas la seule parenté entre les deux lieux. C’est ainsi que l’on retrouvera dans ce dernier opus des HSE des poètes et contributeurs que l’on se plaît à lire ou écouter dans Recours au Poème, et réciproquement : Jean-Pierre Lemaire, Guy Allix, Kristina Ehin, Lydia Padellec, Jean Kaplinski, Christophe Dauphin, Jean-Pierre Védrines… Ce dernier consacrant, pour l’anecdote, une belle note de lecture au Silence des pierres, premier recueil de notre rédacteur en chef, dont il dit ceci : « ses mots ont une puissance alchimique certaine et son monde coule au travers du poème avec, ici et là, le, brisé, le bris, le déchirement de la voix ». Une lecture avec laquelle je suis entièrement en accord, ayant lu ce recueil avec bonheur lors de mon dernier séjour à Alexandrie. Védrines est un poète fin lecteur.

C’est donc à un sommaire de toute première ampleur et importance que les HSE nous convient, sommaire centré sur la figure de Thérèse Plantier, poète que nous aimons ici et au sujet de laquelle nous avons publié un beau texte de Christophe Dauphin. Affinités électives sans aucun doute. Ce dossier mené par Marie-Christine Brière et Christophe Dauphin, intitulé « Une violente volonté de vertige », s’étend sur près de 80 pages et c’est bien plus qu’un hommage, une somme nécessaire en même temps qu’une remise en lumière. Ce sera aussi et surtout l’occasion de lire la poésie de Thérèse Plantier, atelier que l’on retrouvera ici

Et ici, sous la plume de Christophe Dauphin.

Une démarche et des travaux qu’il faut saluer tant la marque de la fraternité poétique est inscrite dans la pratique concrète des HSE.

Cet opus 36 propose bien d’autres très belles choses. Les poèmes de Kristina Ehin, Lydia Padellec, Michel Voiturier ou Jean Kaplinski par exemple. On lira aussi la « poésie de l’extrême » de Georges Bataille ou les mots de Dauphin sur la récente réédition des poèmes de Tudor Arghezi, au sujet duquel nous renvoyons à cet autre texte.

À tout cela s’ajoutent des dossiers, notes de lecture et poèmes des animateurs de la revue. Du fort beau travail."

Shasheen Sauneree (Revue des revues in Recours au poème, 24 octobre 2013).

"Une grosse partie du n° est consacrée à Thérèse Plantier (1911-1990). Dossier mis en place par Christophe Dauphin et Marie-Christine Brière. Thérèse Plantier fut avant tout une forte personnalité, c’est rien de le dire et je renvoie aux divers témoignages recueillis. Ce fut une poète baroque et frondeuse. Une féministe révoltée. Elle fréquenta entre autres Simone de Beauvoir, Violette Leduc et André Breton. Elle avait un tempérament de feu. Elle s’est mariée quatre fois. Marie-Christine Brière parle de « véhémence humoristique », Christophe Dauphin évoque une femme de silence et de méditation, aussi bien que de bruit et de fureur. …la comète qui annonce mon retour / brillante comme au fond d’un puits un seau d’étoiles… Sa grande liberté, on la retrouve surtout dans son écriture où son surréalisme est travaillé dans un style conscient, lucide et bouillonnant. C’est cette même liberté qui lui a coûté certainement de n’être pas appréciée à la place qu’elle mérite aujourd’hui. Et c’est à l’honneur des HSE de lui restituer son éclat. Pour sa mère : Autour de la tombe / glapissent les renards de l’aube / tu te tiens aux quatre coins / du marbre où je t’écris. Dossier de 80 pages sur un ensemble de 286 ! Il y a de quoi découvrir encore dans cette forte livraison, comme à l’habitude.

Jacques Morin ("En Vrac" in Déchargelarevue;com, décembre 2013).

"Dans un sommaire très riche, le dossier de ce numéro 36 est consacré à Thérèse Plantier, qui participa au mouvement surréaliste à partir de 1964. Elle s’éloigna du groupe tout en restant fidèle à André Breton à qui elle portait une grande admiration.

Christophe Dauphin nous la présente ainsi :

« Thérèse Plantier, volcan, maelström, feu de brousse ? Aucun lieu qui se laisse facilement appréhender, tous fusent, dialoguent, explosent, toujours coupée la branche où vous tentez de vous accrocher, avec Thérèse vous n’aurez jamais aucune sécurité car : « Poète est la femme qui perd l’équilibre à la moindre mouche – à la moindre poussée. » Originale et chaotique, cette œuvre est l’une des plus fortes de la poésie contemporaine. Thérèse Plantier ? Une grande voix de Femme : « À en vomir je me grignotais – je mâchais ma mère l’angoisse. » Elle nous lance des mots pour une recréation, « des mots si mortels qu’en naît le neuf langage – à réapprendre aux enfants à brasser pour qu’ils battent à nos tempes si fort qu’on se croie fou. » Ce langage, qui n’est plus celui de l’asservissement de la femme, mais de la libération («le temps n’est plus aux femmes qui se plaignent»), du fémonisme, Plantier le nomme le Survrai, dont Alain Bosquet nous dit : « Au milieu des intellectualismes exsangues et des cheveux coupés en seize, Thérèse Plantier est à peu près la seule, aujourd’hui, à mordre dans la vie et à se bagarrer avec la mort. Sa poésie est une affaire de règlement de compte avec elle-même, sa peau, son squelette et son regard intérieur. »

Amour, liberté et intransigeance. Cette femme d’exception est une athlète des mots. La sueur lui sert d’encre et sa queste est héroïque au sens le plus initiatique qui soit. Se libérer de ses chaînes et des illusions de la libération."

« A en vomir je me grignotais

je mâchais ma mère l’angoisse

je me détournais fatalement du devoir

j’avais recours à l’écriture

chaque fois la nuit

tirait le verrou

allumait le voyant

le judas sanglotait

transpercé jamais cicatrisé

je m’entrouvrais le ventre

au cépuscule

sans un pleur sans un commentaire. »

(Extrait de Poèmes choisis).

Rémi Boyer (in incoherism.wordpress.com, décembre 2013).

"Comment rendre compte d’une revue de presque 300 pages quand on n’en partage pas l’orientation et qu’on ne connaît que peu ou pas du tout les poètes présentés dans ses pages ? Parler du plaisir de la découverte serait une échappatoire voire une tartufferie. Cette revue exige des lecteurs attentifs prêts à suivre les circonvolutions des poèmes, prêts à suivre les raisonnements politiques ou ésotériques des articles.

Christophe Dauphin situe Les Hommes sans Epaules  dans une lignée partant du surréalisme, version magico-trotskyste, pour faire vite… Mais il ne suffit pas de délivrer un certificat d’anti-stalinisme à un poète pour qu’il devienne miraculeusement génial ! À condamner le goulag stalinien (ou post-stalinien), certains en sont venus à oublier les bagnes tsaristes (c’est ainsi qu’en Pologne, des politiciens au pouvoir condamnent les anciens des Brigades internationales…). Mais je m’éloigne des Hommes sans épaules. De même le « quatrième règne » caractérisé par « un Principe-vital, l’Homme universel, qui existait avant même la naissance de l’humanité et qui, si celle-ci venait à être anéantie, serait capable d’en reformer une autre spontanément » m’apparaît comme une billevesée idéaliste. Non que je sois un scientiste borné ou un positiviste fanatique…, je suis même sensible à une certaine mystique de la matière et je me considère comme un mystique sans dieu… Mais je me refuse à voir dans les mots cette survivance du signe à la chose signifiée qu’on trouve proclamée chez les épigones d’un certain surréalisme, même si je (re)lis toujours avec plaisir André Breton.

Ceci étant dit, j’ai trouvé dans cette livraison des Hommes sans épaules, du grain à moudre. Tout d’abord, le copieux dossier (80 pages d’études et de poèmes) consacré à Thérèse Plantier qui est d’un grand intérêt. Une Thérèse Plantier qu’il ne faut pas confondre avec Colette Plantier qui anima dans les années 70-80 Thélème  et dont Pierre Chabert dira que « [ses] visites à la communauté créée par Colette Plantier [le plongeaient] à la fois dans la béatitude et l’hilarité »  (lettre à Michel Boujut). Au-delà du comportement et de la jalousie de Thérèse Plantier qui ne sont qu’anecdotes, je retiens son fémonisme, mot-valise forgé sur féminisme et monisme (on aime certains isme aux HsÉ : émotivisme, surréalisme et fémonisme, entre autres…). Ce concept mériterait à lui seul un long développement dans la mesure où le monisme chez Spinoza renvoie à une absence d’opposition entre l’esprit et la matière qui ont pour origine un principe commun, Thérèse Plantier élabore une nouvelle approche du féminisme qui n’est pas sans faire penser à Russel pour qui l’apparition de la vie est une singularité non reproductible. Perspectives inouïes ouvertes par ce fémonisme…

Ensuite la longue place (une trentaine de pages) laissée aux notes de lecture dues à une dizaine de contributeurs qui abordent librement la production poétique du moment dans sa diversité : le lecteur y trouvera toujours quelque chose qui entraîne son adhésion ! J’ai particulièrement aimé l’article que César Birène a écrit à propos du dernier recueil de poèmes de Michel Houellebecq qui n’est plus que le chef de file de la littérature de gare… Un régal, un morceau d’anthologie d’intelligence et d’insolence ! Ainsi que l’article de Christophe Dauphin sur le Superman est arabe de Joumana Haddad…

On le voit, on a là une revue qui mérite d’être lue pour la place qu’elle occupe dans le paysage poétique du moment, à la condition d’en lire d’autres pour avoir une vision complète de la poésie telle qu’elle s’écrit aujourd’hui. Un reproche pour terminer : j’aurais aimé, pour mon confort de lecture, que le caractère italique soit systématiquement employé pour retranscrire les propos rapportés (citations, extraits de livres, d’articles ou autres…)"

Lucien Wasselin (in revue-texture.fr, vendredi 28 février 2014)

"Le n°36 des HSE fait la part belle aux femmes avec un dossier (80 p., de Christophe Dauphin et Marie-Christine Brière) consacré à Thérèse Plantier (je meurs sans avoir abdiqué): elle aura mené une vie de feu, pleine d'amour, d'amants, de désamours, de drames, de colères... Elle aura été l'amie de Simone de Beauvoir, de Violette Leduc. Elle aura écrit des poèmes d'un lyrisme âpre, d'une ironie mordante: viens mon sel ma farine - viens rincer la salade : et par ce geste t'égaler aux dieux - on va tâter de menues besognes des lessives des éclipses - des comètes des tempêtes - de la pipamonsieur - mets ta blouse transparente - nous pourrons même écrire avec - en guise d'encre - du café fort. Dans ce même numéro, Marie-Christine Brière: en plongée dans les attentes - à la table du café - les paroles contenues - disent le dehors des femmes - talons fins robes noires; Kristina Ehin (Estonie): Dans tout le jardin - la chanson de mes jambes blanches - L'âme est comme ces toiles d'araignée - dans tous les sens - tendue - entre deux pommiers doucins; Lydia Padellec: L'oiseau bat les cartes - du silence et des mots - trouveras-tu la clé - de ton poème. En plus, les sculptures de Virginia Tentindo, etc. Nombreuses lectures critiques. 280 pages !"

Christian Degoutte (in revue Verso n°156, mars 2014).