En attendant qu'ait parlé le Grand Cerf

Collection Peinture et parole


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En attendant qu'ait parlé le Grand Cerf

Préface d'Odile Cohen-Abbas
Alain BRETON

Poésie

ISBN : 9782912093899
Parution en juin 2025
94 pages - 15 x 21,5 cm
20 €


  • Présentation
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« Bien sûr, nous sommes séparés – fontaines, étoiles, chances ! Vents qui passez ici, qui avez tant appris de l’azur, nous vous attendions. Et voici que nous régnons ensemble, dans les règles voulues par le chien et la rose. »

Peut-être l’auteur a-t-il choisi le Grand Cerf parce qu’il fait l’alliance avec ses bois entre la terre et le ciel, et dans ce chapiteau qui se tisse d’air et de prodigue matière, entraîne toute la création.… Nous suivons le Grand Cerf là où Alain Breton l’intronise, le consacre en royauté. Bien sûr, à ce stade, nous voudrions savoir qui Il est. L’Autre, nous-même, l’altérité, le vide, le sacrifié, le néant, l’infini, le messianisme ? N’est-il pas dans la clarté le Grand Cerf apprivoisé et non révélé ?

Alain Breton, né en 1956 à Paris, est l’auteur d’une vingtaine de livres. Il est aussi membre du comité de rédaction, depuis 1997, de la troisième série de la revue Les Hommes sans Épaules, et amateur de jazz. Il a reçu le Prix Mallarmé 2024 pour Je ne rendrai pas le feu.

Écrire ? Une neige soit brisée. Des ombres soient augmentées. Autant de rêves, autant de sommeils chantants.

Que toute l’eau aille boire au baiser de la source !

 

*

 

Arbre, dévoile-toi, ami des hommes et du moineau distrait, dévoile-toi dans ton abondance austère. Comble tes failles, compte tes mérites ; désigne-toi festin du feu. En toi, des ombres se désolent. La terre t’a pétri, l’air t’a éprouvé. Que demandes-tu, vaste, au soleil qui te tissa dans les lampes ?

 

*

 

Une étoile le connaît aux fenêtres perdues. Nous l’appelons pour que souvent il se dérobe et nous le supplions.

Le chat, même lorsqu’il vient frôler : féroce inconstant, poussah parcimonieux, mais toujours maître d’une légende tranquille.

Sa voix fait le blâme et l’enchantement.

Ainsi il va, depuis les temps anciens.

 

*

 

Que la forêt soit, qu’elle conduise le ciel vers le gouffre des arbres, vers les plaies invisibles du jour ; que la pluie soit aimante, que la lumière obéisse au canard, grand hurleur facile, qu’elle vacille, s’exalte.

Le soir, entend-elle la voix qui meurt dans les ramiers ?

 

*

 

Oh le baiser qui s’embaume en délivrant l’ennui — fétiche des guets obscurs. Le baiser, l’incroyable, celui des crieurs, des étendus, des agenouillés

— puis, sans attendre que la lampe dise oui, que le robinet épuise son brin d’eau, te choisir, nuit.

 

Alain BRETON

 

(Poèmes extraits de En attendant qu’ait parlé le Grand Cerf (Collection Peinture et Parole, Les Hommes sans Épaules éditions, 2025).