Présentation et historique

 

 
La deuxième série des HSE : 1991-1994

hse+1+2serie.jpgAlain Breton, le fils de Maria et de Jean Breton, qui dirige Le Milieu du Jour Éditeur depuis 1989, décide de lancer la deuxième série de la revue en 1991. La revue Les Hommes sans Épaules paraît une deuxième fois, à Paris, onze numéros, de 1991 à 1994, sous la direction d’Alain Breton, avec un comité de rédaction composé de Jacques Aramburu, Claude Argès, Jean Breton, Marie-José Hamy et Henri Rode. Alain Breton donne le ton dans l’éditorial du premier numéro : « Seul à jouer au mécano du monde, à l’amour, le poète exaspère ses limites. Nous rêvons que son ambitieuse quête, que sa fouille minutieuse de la langue ne soient pas perverties par une futile autant que dérisoire volonté de prise de pouvoir sociale ! Que le poète, débarrassé de l’engourdissante course aux concours-articles-subventions-relations (la fameuse tétralogie) se montre enfin accueillant aux textes de ses confrères ! On le voit, il y a démission, ou déviation d’écoute, chez la plupart de ceux que les problèmes de la création poétique devraient concerner. Pour sa part, la Presse, avec une verve brouillonne et une totale absence de sens critique, ne pratique que le culte des Squelettes identifiés (voir l’exemple récent, et grandiose, de René Char). Les éditeurs de poésie sont peu nombreux et leur tâche est difficile. Mais ils étalonnent le plus souvent le Talent aux seules mensurations des habitués de leur catalogue, sans souci de l’ouverture, ni de la globalité de la moisson poétique. Comme s’il s’agissait de suivre des cotations en Bourse ! Par myopie, étroitesse d’esprit, ils se régalent des seules provisions entassées sur leurs étagères. Chez certains de ces éditeurs dominent la suffisance ou même l’hostilité à l’égard des tentatives des autres, quand ce n’est pas l’esprit de concurrence. Or la poésie devrait être avant tout accueil, méditation-lucidité, communication aimantée. »

Après deux numéros de rodage (48 pages au format 13.5 par 20.5), la deuxième série des Hommes sans Épaules trouve ses marques à partir duhse+9+2serie.jpg numéro 3, avec une nouvelle présentation, soignée, luxueuse et moderne (format 13 par 21,5, 136 pages) : couverture en couleur (reproduisant une œuvre d’Alain Breton), papier glacé, nombreuses illustrations en noir et blanc, distribution en librairie par CED et Distique. La quatrième de couverture reproduit « Le poème mystère » : un poète, ou un écrivain, un artiste met en joue un court poème qui lui est soumis anonyme et qu’il commente manuscritement en marge. Le comité de rédaction, dirigé par Alain Breton, se compose de Jacques Aramburu, Claude Argès, Jean Breton (qui tient une chronique de poésie), Marie-José Hamy et Henri Rode. Dans ce numéro 3, Alain Breton rend hommage (il sera le seul à le faire) au poète Thérèse Plantier qui vient de mourir. Henri Rode livre la première partie de sa mémorable étude sur Arthur Rimbaud, autodestruction d’une jeune folle ; le deuxième volet Le cas Rimbaud ou le Pervertissement de Mathilde, paraîtra dans le numéro 5 (1992), un numéro qui révèlera également au public francophone le poète afro-américain Yusef Komunyakaa et ses poignants poèmes sur la guerre du Vietnam. Le dossier du numéro 3 salue l’œuvre de Claude de Burine. Les dossiers suivants seront consacrés à Yves Martin, à l’Amour, à Eugenio Montale (dont le numéro 6 publiera des poèmes inédits), à André Frédérique, à l’édition poétique en France, Ecritures de femmes, à Ilarie Voronca (il s’agit du premier écrit critique de Christophe Dauphin dans la revue). La rubrique « Portrait », mettra en avant Jean Rousselot, Marie-Claire Bancquart, Jean-Claude Valin, Guy Chambelland, Pierre Chabert. Une rubrique intronise pour la première fois « Les porteurs de feu » , mais dans tout autre contexte (il s’agit de poètes non confirmés) qu’ils ne le seront dans la troisième série. À partir du numéro 3, la revue publie en avant première le recueil d’un poète devant paraître plus tard en tiré à part aux éditions du Milieu du Jour. Paul Roche inaugure la formule avec Le bleu du roi et le vert de la reine. Suivront : Je cours j’arriverai peut-être, de Jacques-Yannick Bariou ; Joker Lady de Jacques Henri Pons ; jusqu’au recueil phare qui remplira la totalité des pages de l’ultime numéro 11 de cette deuxième série, le Pandémonium d’Henri Rode. La revue, largement axée sur la création poétique, accorde également une part non négligeable à la prose.