Aphélie, suivi de Noctifer

Collection Les HSE


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Aphélie, suivi de Noctifer

Frédéric TISON

Poésie

ISBN : 9782243046700
126 pages - 13 x 20,5 cm
15 €


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L’aphélie est le nom donné à ce point de l’orbite d’un corps céleste le plus éloigné du Soleil — J’offre aujourd’hui ce nom à tout lointain, et d’abord à celui qui est en chacun de nous, à l’ombre du monde que nous hantons.

J’ai souhaité donner la parole à ce lointain qui est en moi. Regarder — n’est-ce aussi se retirer dans son propre regard, pour le contempler ? Ce regard qui n’est peut-être qu’un immense Regard partagé, éparpillé… (Regarder — serait-ce notre attente ?) Regarder, n’est-ce s’éloigner ? Alors il s’agit de revenir dans le monde, chargé de regards étonnés…

Noctifer (qui a nom aussi Vesper) est l’étoile du soir — C’est le porteur de nuit ; il se distingue de Lucifer, l’étoile du matin, le porteur de lumière — l’un des anciens noms de Jésus, mais aussi l’un de ceux dont on affubla l’ange déchu. Noctifer se lève dans l’heure où nous sommes les plus seuls ; il nous parle parfois, si nous prêtons l’oreille.

Chacun de nous interroge sa nuit : mais cette nuit est-elle notre origine ou notre histoire ?

Frédéric TISON

*

 

V.

 

J’HABITE UN FEU NOIR, une herbe courbée — une tour aux premières marches brisées.

Je me meus dans la marge des livres : c’est moi, le petit visage d’encre qui regarde ailleurs ; moi, le rinceau rêveur ; moi encore, la petite main crayonnée qui signale le passage.

Je suis une ombre qui parle à la vie ; j’ai vu de l’or dans les yeux du monde : serais-je un soupir qui parle à ce désir ?

Je suis l’aphélie — Des falaises rongées du ciel étoilé, je rapporte des gemmes, des comètes, des yeux — des astres amoureux.

*

 

VI.

 

JE BAIGNE des cendres et des miroirs

Brouillés sont en moi. Je demeure sous l’eau

La grâce d’un possible visage — Je me lave

Dans les vagues, et cette grève

Est presque mon regard

Échoué, mais tout ce sable

Se souvient de mes mains…

 

*

VII.

 

SELON TOI, je suis le prince retiré dans le secret de tes tours.

Saignées dans les pierres, fenêtres brisées des chambres légères, eaux et ombres : sont-ce là tes propriétés ?

Dans tes lieux noirs, j’ai rôdé, sur tes sommets, dans tes combes, sous un ciel dont tu ne savais les étoiles ni l’ombre où gisait l’éclat d’une nuit sans pareille.

Crois-tu prendre corps dans ta réalité ? Ta réalité ! Le vent souffle sur ta réalité, les herbes la recouvrent.

 

Frédéric TISON

(Poèmes extraits de Aphélie, suivi de Noctifer (2015-2017), Collection Les Hommes Sans Epaules, éd. Librairie-Galerie Racine, 2018).