Pierrick de CHERMONT

Poète et dramaturge, Pierrick de Chermont (né en 1965), organise tous les ans les "Présences à Frontenay", récital de poésie et de musique contemporaine. Il est membre du comité de la revue Nunc.
Dès le recueil Des citronniers et une abeille, Alain Breton, dans sa postface, n’avait pas manqué de signaler un « humour, politesse de l’impatience », « une écriture pudique et passionnée », « des pages ferventes, inattendues, orfévrées », et il avait deviné la portée réelle et le potentiel de cette poésie : « il sera dit qu’il était bien enceint d’un Dieu. Dans quelle volière de silence ? » De fait, ce livre faisait poindre comme un avènement sa très libre oraison qui, sachant dire aussi bien sa « faim de Dieu » que sa parole d’amour terrestre – « (Je ne contiens rien de toi/ mais un baiser dont tu as soif) » –, nous acheminait sur les voies sacrées : « Ah la grande fête qu’est le détachement de soi-même/ non par cette attente encore sensible au tremblement de vivre// Mais par la main fière … »
Avec J’appartiens au dehors, la hauteur de l’inspiration, la puissance et l’originalité de l’écriture permettaient au poème d’accéder enfin au seul stade que pouvait envisager pour lui son créateur : celui d’une authentique confrontation au réel. Pour Pierrick de Chermont, ce qui est réel, c’est l’existence d’un dehors, d’un extérieur donc, mais si proche en définitive, si disponible, tellement à portée des sens et, croirait-on, du sens,qu’il lance paradoxalement une invitation permanente à s’y tenir, à s’en faire un intérieur. Accordées à cette perspective, vie du dehors et vie intérieure ne vont cesser de s’interpénétrer.
La publication de Portes de l’Anonymat nous semble une étape décisive de l’oeuvre et surtout de la construction du poète lui-même.En réalité, cette poésie entraîne bien au-delà de toute intention déclarée, et c’est là d’ailleurs l’un des signes de son authenticité. Il est vrai qu’elle prolonge et magnifie la parole du livre J’appartiens au dehors. Mais comment ne pas voir aussi que, en toute indépendance, ce nouvel ouvrage s’est très justement désamarré pour une navigation libre ? La pensée y est libre, la forme, libre aussi, car le verset dont le poète s’est rendu maître, même confronté à d’illustres modèles, fait entendre sa voix bien personnelle et nulle autre. Entre autres particularités, ces poèmes ont vaincu, et de la plus belle manière, l’inhibition contemporaine devant le “Je”. Un “Je”, ici, nous est offert si généreusement que nous ne tardons guère à en faire notre “Nous”.
Paul FARELLIER
(Revue Les Hommes sans Epaules).
A lire : Je ne vous ai rien dit (CDP, 1995), Poème pour vingt-et-une voix (CDP, 1996), Un poète chez Hans Arp (CDP, 1997), L’Enlèvement, avec Elodia Turki, (Librairie-Galerie Racine, 2000), La Disparition, avec Elodia Turki, (Librairie-Galerie Racine, 2000), Des citronniers et une abeille (Librairie-Galerie Racine, 2000), Le Plus beau village du monde, avec Elodia Turki, (Librairie-Galerie Racine, 2001), Idoline, théâtre, (Éclats d’encre, 2004), J'appartiens au dehors (Les Hommes sans Épaules, 2008), Portes de l'anonymat (éditions de Corlevour, 2012), La Nuit se retourne (Les Hommes sans Epaules/LGR, 2012), Par-dessus l'épaule de Blaise Pascal (Corlevour, 2015).
"La revue Les Hommes sans Epaules", par Pierrick de Chermont (in Recours au poème).
Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules
Publié(e) dans le catalogue des Hommes sans épaules
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