Denis CLAVEL

Denis CLAVEL



Denis Clavel est un poète habité de sa foi. Pour autant, si toute son œuvre – importante : une quinzaine de titres sur trente ans – dialogue avec Dieu, son approche du mystère néglige, comme délibérément, toute prudence, toute révérence ecclésiale, use d’un vocatif puissant, parfois téméraire. Comme il est rare en poésie, c’est, on le voit, le pari du sens que tient Denis Clavel, et plus précisément du sens de la vie. Il est à craindre que beaucoup ne le lui pardonnent pas, qui s’attardent à considérer le poème comme pur jeu de langage et travail d’une écriture sur elle-même. La qualité d’écriture, Denis Clavel pourtant n’en manque pas, dans le registre de la simplicité, de la prise directe alliant rugosité, aspérité et douceur désirante. Mais son lecteur – encore et surtout dans ce dernier livre, La Fin du temps, où l’expression semble s’être apaisée – lui doit plus que la beauté naissant du verbe, plus que l’émotion surgie des manipulations du syntagme : Denis Clavel est un maître qui, sans nullement professer, enseigne l’art d’exercer la joie devant la fin des choses. Au centre du livre, un poème de trente et un quatrains porte pour épigraphe : aux enfants de mes enfants, et pour titre : Sur la plus haute branche. Bâti, en effet, autour des leitmotive insistants de l’immémoriale chanson « À la claire fontaine », ce texte à l’expression parfaitement contenue ne laisse pourtant pas d’émouvoir en profondeur. Ici la parole poétique vibre comme au delà du temps. À lire : Opéra sur la vitre, Guy Chambelland, Paris, 1972. Paysage clandestin, Gardet, 1976. Lazare, Le Pont de l’Epée, 1984. Le Poème, Le Pont sous l’eau, 1990. Métier d’homme, Le Pont sous l’eau, 1990. Porte d’âge, Le Pont sous l’eau, 1992. La Fin du temps, Le Pont sous l’eau, 1994. La Théorie de Delphes, L'Âge d'homme, 2002. Le Jardin de Talèfre, Édimontagne, 2011.

Paul Farellier

(La Revue de Belles-Lettres, n° 2, 1995)

 



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Numéro Spécial GUY CHAMBELLAND POETE DE L'EMOTION n° 21