L'Entretien devant la nuit, Poèmes 1968-2013

Collection Les HSE


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L'Entretien devant la nuit, Poèmes 1968-2013

Postface de Pierrick de Chermont
Paul FARELLIER

Poésie

ISBN : 9782912093370
Grand Prix de Poésie SGDL 2015 pour l'ensemble de l'oeuvre,
686 pages - 13.5 x 20.5 cm
25 €


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« … On pourrait, à partir de l’œuvre de Paul Farellier, comme de quelques autres, dessiner une carte de la vie intérieure des hommes d’aujourd’hui, je n’ose écrire, de celle de leur âme. Frappent alors, leur vitalité, leur entreprise d’interroger le monde, leur fraîcheur du regard - le passé ne leur pèse pas -, leur allure, marquée par un certain ascétisme, et une détermination inavouée à ne pas baisser la garde. Pour mieux appuyer ce constat, on peut dresser la liste de tout ce que la poésie d’aujourd’hui ne dit pas (ou si peu). On ne trouve pas en elle de dimensions morales ou religieuses ; elle a peu de goût pour des batailles idéologiques ou esthétiques ; elle affiche une insensibilité troublante à toute lecture historique qui ordonnerait les œuvres entre avant-garde et classicisme ; elle manifeste une distance avec l’actualité sociale ou politique. Son terrain est donc bien cette terre-frontière entre le proche, l’immédiat et la vie intérieure qui dialogue avec elle-même ou avec ce dehors qu’on appelle faute de mieux, monde ou nature. Et comme pour une eau dont, si on veut lire les fonds, on a besoin d’une surface la plus lisse possible, l’anonymat offre aujourd’hui cette protection heureuse qui permet au poète de mener à bien son travail, au prix certes d’une indifférence et d’un rejet presque explicite. Dans cet ensemble, Paul Farellier est non seulement un guide sûr de la poésie actuelle - lisez et relisez ses articles, recensions, communications - mais son œuvre est également une illustration profonde et généreuse de ce qui se fait aujourd’hui. Une question pour conclure : sommes-nous ceux-là, ces hommes et femmes tels qu’ils se dessinent en creux dans les poèmes de notre temps ? Question d’autant plus légitime que le portrait qui s’en dégage est si éloigné de ce qu’on découvre dans la presse ou via tant de miroirs actuels. Question d’autant plus cruciale que la poésie d’aujourd’hui exprime une forme d’humanisme qu’on finit par croire à l’agonie et dont nous pensons avoir perdu les clefs, pressés par des forces qui nous effraient - et nous sommes si proches de leur céder. À chacun de répondre. Pour ma part je n’ai aucun doute : l’humanisme et la poésie sont vivants. Voilà pourquoi je me suis attaché à l’œuvre de mon ami Paul Farellier et reconnais dans le titre qui la rassemble, « L’Entretien devant la nuit », le reflet du meilleur de la poésie d’aujourd’hui : un mélange de douceur et de complicité entre ceux qui veillent, une inquiétude retenue et assumée, une espérance qui n’ignore pas le vide qu’il lui faut enjamber. »

Pierrick de CHERMONT (Extrait de la postface de L'Entretien devant la nuit).

*

"La Société des Gens de Lettres a décerné son Grand Prix de Poésie 2015 pour l'ensemble de l'oeuvre, à Paul Farellier, pour son livre, L’Entretien devant la nuit, Poèmes 1968-2013. Ce Grand Prix lui a été remis mardi 23 juin 2015, au siège de la Société des Gens de Lettres, à Paris, à l'Hôtel de Massa.  L’Entretien devant la nuit figure également dans la première sélection (29/4/15) du Prix Mallarmé 2015.

L’Entretien devant la nuit rassemble en 686 pages, avec une postface de Pierrick de Chermont, l’intégrale de l’œuvre  poétique de Paul Farellier, soit dix livres (dont les quatre premiers sont épuisés depuis de nombreuses années), publiés entre 1984 et 2010, auxquels vient s’ajouter Chemin de buées, qui regroupe les poèmes inédits de 2009 à 2013.

À lire cet ensemble imposant, on remarque qu’il y a chez ce poète une exigence constante dans l’écriture, une haute opinion de la création poétique qui nous éloigne du jeu verbal, ainsi qu’une quête de l’être et de ses abîmes qui demeure sans complaisance. Poignante et en prise avec la vie, sa poésie sonne pourtant comme une musique discrète évoquant l’émotion vive, décryptée, y compris dans ce qu’il peut y avoir à première vue de plus simple : « sur la pointe des arbres doucement agitée par le demi-jour ».

Ajoutons que ce poète n’a jamais cessé, depuis une trentaine d’années, de servir avec exigence la poésie, à travers de nombreuses notes, critiques, chroniques et études dans Les Hommes sans Épaules ; revue dont il est l’un des piliers.

Parallèlement à cette intense activité critique, Paul Farellier a élaboré une œuvre poétique que nous considérons comme l’une des plus personnelles du panorama poétique actuel. Il est l’auteur de dix livres de poèmes, dont quatre sont à ce jour épuisés. Les HSE éditions ont publié, après Vintages en 2008, L’Entretien devant la nuit, pour combler cette lacune (le manque de visibilité d’une partie de cette œuvre) et, plus encore, rendre accessible, avec des inédits, en un seul volume, l’intégrale de la création poétique de Paul Farellier.

L’Entretien devant la nuit, démontre que, critique reconnu, Paul Farellier est aussi et surtout un créateur de premier plan et qui ne doit rien à personne.   

Christophe DAUPHIN

(Les Hommes sans Epaules éditions)

*

FOI

Certains jours,
à vivre, tu ne fais
que fidèlement vieillir
devant une jeune amnésique.

Mais il advient que tu puiseras
l’eau
dont tu es la soif
et qui germe lentement

dans la pierre de ta soif.

 *

 MÉTIER DU BOIS

 Parages mélodiques,
 forêts libres et mouillées,
 enfance tôt sevrée des gorgées de pluie,
 un matin nous cloue, tête en bas,
 charpente à son office,
 toute sève durcie à des soutènements.

 *

 DANS LE CADRE

 Visage
 lisible adieu,

 mains,
 son chevet,
 chenets de ses yeux,

 cœur dégrafé,

 toi que chérit
 et m'interdit
 une longue présence :

 femme quotidienne.

*

Entre les pierres, le vent tendu comme une bâche.
Une ombre en attente, la mémoire nous gagne.

Ici sourdement règne l’ailleurs,
                                                 familier !

Ce sentier qui persiste ne fait que reculer
l’épuisement de la terre ; en échange,
                                                             l’enfance
de cris d’ailes rapides précipite la nuit.


Paul FARELLIER

(Poèmes extraits de L’Entretien devant la nuit, Les Hommes sans Epaules éditions, 2014).