Roland NADAUS

Roland NADAUS



ROLAND NADAUS, LE POÈTE DU RÉALYRISME

 

Poète qui a dit ne tutoyer « que Dieu et sa femme » et ne « renie jamais rien » (Même dos au mur j’ai toujours Refusé d’être fusillé par derrière), romancier de l’imaginaire débridé, essayiste percutant, bateleur volontiers provocant qui ne mâche pas ses mots (mais nul n’est épargné chez Nadaus, pas même Roland), Roland Nadaus, né le 28 novembre 1945 à Paris, est l'auteur d'une œuvre qui relie la poésie, c’est-à-dire l’émotion, à la vie immédiate. Une œuvre qui est le reflet des engagements de l’homme, en faveur de l’humanisme, de la liberté et de la justice sociale : « D'abord militant d'éducation populaire, militant de l'enfance, syndicaliste, militant politique, je suis devenu élu pour la première fois en 1977 : j'ai toujours voulu donner des mains à mes mots et vice-versa... Je suis d'abord - et peut-être seulement un poète... Donc laisse du Vide dans ta parole - sois humain - n’oublie pas que Dieu lui-même - le septième jour se tut - laisse une place pour l’Autre quand tu parles… »

Son parcours est peu commun pour un poète : « Ça a été une constante dans ma vie, qui ne me faisait pas rigoler, mais qui me fait maintenant un peu rigoler : chez les poètes j’étais suspect parce que je faisais de la politique, chez les politiques j’étais suspect parce que j’étais poète, chez les cathos j’étais suspect parce que je n’allais plus à l’église, et puis encore suspect quand j’y suis revenu. En fait non, j’ai toujours eu une vie de liberté, je l’ai payé, mais tout compte fait je suis plutôt fier d’avoir été un homme libre tout en étant fidèle à mes convictions, mes amis, mes amours. »

Poète, élu et homme d’action, Roland Nadaus rejoint en cela Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor ou Ernesto Cardenal. Du premier, Nadaus reprend et incarne une célèbre citation : « Bâtir un poème et bâtir une ville, c'est un peu la même chose. » Avec les deux suivants, il a en partage le socialisme et la foi chrétienne : « Une conversion à la fois longue et brutale après 40 ans d’absence. » Le poète qu’il n’a jamais cessé d’être, à l’instar de ses aînés, s’est en effet doublé d’un élu politique et d’un bâtisseur de ville : « J’ai eu le bonheur, qui est assez rare quand même, de construire une ville. Parce que, lorsque je suis arrivé à Guyancourt, c’était un petit village de 1.000 habitants… et on a bâti une ville complète, en une génération. C’est quand même quelque chose d’extraordinaire, épuisant, que je paye de ma santé aujourd’hui, mais qui n’est pas donné à tout le monde. »

Son engagement politique, Roland Nadaus l’a tôt traduit en actes sein du Parti socialiste unifié puis au Parti socialiste où il fait partie au sein de la fédération des Yvelines, proche de Michel Rocard. Roland Nadaus, alors enseignant (professeur d’Histoire jusqu’en 1988), est élu pour la première fois maire-adjoint de Guyancourt (Yvelines), chargé de l'enfance, en 1977. En 1983, il est élu Maire de Guyancourt (il sera réélu en 1989, 1995 et 2001) et vice-président du Syndicat d'Agglomération Nouvelle de St-Quentin-en-Yvelines. Il fonde la même année, la chaîne de télévision locale TV-FIL 78. En 1989, il est élu Président du SAN de St-Quentin-en-Yvelines (réélu en 1995). En 1995, il est élu Conseiller Général des Yvelines, canton de Montigny-le-Bretonneux (réélu en 2001). En 2001, il quitte la présidence du Groupe PS-apparentés au Conseil Général 78 ; en 2002, il passe le relais de maire de Guyancourt à François Deligné, auquel, en 2008, il laisse son siège de conseiller général des Yvelines. Il décide de quitter la vie politique en 2008. Mayennais d’adoption depuis 1979, il n’aura cessé de partager sa vie entre les Yvelines, avec la ville de Guyancourt dont il a été maire pendant 19 ans et la Mayenne :  C’est mon île. L’archipel de mes yeux. Tous ces prés entre haies vives – Et ces champs où marcher c’est revivre, parce que la boue colle à la vie comme cette herbe aux pattes des bêtes entre ruisseaux lourds et prés mûrs - C’est mon île. – Je n’y mourrai pas : on ne meurt jamais là où c’est déjà revivre – tous les ressuscités vous le diront. - Mon île, mon bocage. L’archipel de ma vie. Mes îles vertes sous le vent, ma pluie.

 

Je te salue camarade

 

Je te salue toi qui entres

et je salue ta main

De ta présence

le cercle s’agrandit

_- notre cercle -

et la mort se referme

se fane

 

Plus tard

quand nous serons tous rassemblés

et par millions de milliers

plus tard – mais bientôt

_______ qui sait ? –

c’est à pleines brassées

que nous en charrierons les pétales

Et nous allumerons un feu de joie rousse

de tiges sèches de feuilles racornies

Maintenant

je te salue camarade

 

Je te salue

car tu es déjà porteur de toi-même

et aucune main n’est assez grande

_______ assez forte

pour te contenir

assez noueuse pour t’enchaîner

à moins que toi

Mais tu es surtout porteur

de plus que toi de bien plus

 

En toi c’est un peuple qui marche

qui s’offre déjà à lui-même allant

presque réconcilié

peuple neuf

et cependant si ancien que sa légende remonte

sans doute

à la prénaissance du monde

 

Et cela

aucune main n’est assez grande

_______ assez forte

pour le contenir

assez noueuse pour l’emprisonner

 

C’est ce peuple en toi

ce peuple - toi que je salue

c’est ce peuple qui entre

il tient à bout de bras son destin nu

 

et j’ouvre ma porte

 

bonjour

je vous salue camarades.

 

Roland Nadaus

 

(Extrait de Extrait de 21 placards en forme de poing et de main, 1976).

 

Nadaus a marqué la ville nouvelle de Guyancourt (Yvelines) de manière indélébile par son charisme, sa volonté, son intégrité, son action (durant 31 ans) et ses réalisations politiques, économiques et bien sûr culturelles, puisqu’il a consacré une part importante de son action municipale à soutenir la culture et notamment la poésie et les poètes : de nombreuses rues et de nombreux bâtiments publics portent des noms de poètes : « J'ai bâti une ville j'ai eu cette chance et cette douleur d'enfantement, 30 ans de cocarde tricolore (sans parler d'avant) - mais ce n'est pas ici ce que je raconte, je veux seulement dire comment et pourquoi les Noms de la ville, ma ville : Guyancourt, "cité des poètes"... Impasses, venelles, allées, mails, rigoles, clos, squares, villas, étangs, îles, écoles, collèges, lycées, centres de loisirs, rues, boulevards, avenues, places, ronds-points qui portent un nom : du Capitaine Némo au gymnase de l'Aviation, du Poète Jehan Despert inventeur des "Yvelines", à l'étang rue Thomas Edison, en passant par le banc Carmen Célérier et la Ferme de Bel Ebat et la place Thérèse, j'en ai donné des noms ! Donner un nom est pouvoir presque divin, j'ai eu cent et une fois cette chance - et parfois j'ai fait l'acrobate et même le clown au nez rouge pour donner nom à l'amour, à l'admiration, à la reconnaissance, à l'espoir, au témoignage, à la beauté - jamais au copinage. »

Et c’est encore à Guyancourt, que Roland Nadaus (j’étais à l’inauguration, avec Jean Rousselot et Lise London) a fondé en 2001 la Médiathèque Jean Rousselot et la Maison de la Poésie, qui sera fermée par la Droite en 2014 après 13 ans d’activité intense. A Roland Nadaus de pousser son coup de gueule : « Un des premiers actes de la nouvelle majorité qui, à une voix près, gouverne l’Agglo de St-Quentin-en-Yvelines (SQY) a été de fermer La Maison de la Poésie ! Les années précédentes j’avais inauguré plus de 150 équipements publics, une Université, un Théâtre scène nationale, etc. (et je ne compte pas les implantations d’entreprises comme le Technocentre Renault et tant d’autres). Mais si je n’ai accompli cet acte qu’en fin de mandat (alors que je venais d’être réélu) c’est parce que j’avais été sérieusement échaudé par des refus ‒ parfois virulents‒ lorsqu’il s’était agi d’édifier un nouveau théâtre et de créer une université, par exemple. Les attaques furent violentes et bien souvent mensongères voire calomnieuses. Alors vous pensez : une Maison de la Poésie ! (..) Mais voilà : les opposants hargneux d’hier deviennent en 2014 la majorité revancharde d’aujourd’hui. Et ayant commandé un audit (c-à-d ses résultats !) Ils décident de fermer la Maison, la seule en France, me semble-t-il, à être directement gérée par une collectivité publique. Et siège de la Fédération des Maisons de Poésie En prétextant, entre autres, qu’elle n’accueille qu’une centaine de personnes par spectacle, oubliant volontairement les 3500 autres, chaque année, dans les écoles, collèges, lycées, centres de loisirs, maisons de retraite, établissements d’insertion, librairies, universités, etc.  ‒ dont la prison de Bois-d’Arcy ! Mais vous l’aurez compris : plutôt rien qu’une Vraie Maison ! la Poésie au trottoir ! (..) « Ils » l’ont fermée. Employés licenciés sauf quelques titulaires reclassés. Toute une équipe démantelée. Un public déboussolé. »

J’ai échangé, correspondu, lu Roland Nadaus et je l’ai surtout rencontré à de très nombreuses reprises dans le temps. Le poète, certes, mais aussi l’élu qui dit ce qu’il veut faire et qui le fait. Je peux en témoigner. Et c’est à ce titre, pour lui rendre hommage (« C'est lui qui a bâti la ville telle qu'elle est aujourd'hui »), que la municipalité a décidé en juillet 2016, de nommer le parvis de l’Hôtel de Ville : Parvis Roland-Nadaus. Mais, l’hommage n’est pas du goût de tous, à commencer par l’opposition qui, à défaut de le prendre à défaut sur sa gestion (la droite lui reprocha son investissement pour la culture), se mit à commenter son œuvre littéraire : « Cet homme est loin de faire l'unanimité. Il est très marqué politiquement. Soit on l'aime, soit on le déteste…. Pour nommer un parvis, on fait appel à la raison, pas à la passion… Ses écrits dérangent, « très sexistes » voire carrément « pornographiques » et « malsains », ils renvoient aux jeunes générations une image lamentable de la femme », etc. La Droite qui s’improvise critique littéraire en disant, comme en politique, n’importe quoi... Voyons de quoi il retourne, à propos de « l’image de la femme » chez Nadaus :

 

L'invention du Passé

 

L'invention du Passé commence avec notre amour : exister n'existe qu'au présent de toi.

Avant-toi est sans Histoire : dans le Pré-Cambrien de l'Enfance dans le Paléolithique du Baiser je n'étais qu'un fossile vivant.

On nomme cela « Préhistoire » moi je le nomme « Préhistoire de Toi » : quand tu parus le Passé prit soudain sens il partait de toi et menait à nous.

 

L'invention de l'Écriture

 

L'invention de l'Écriture date de l'invention de t'Aimer c'est prouvé : il y a des bêtes qui hurlent qui dansent ou qui puent pour s'attirer l'Autre - moi c'est en torchant des pages blanches que j'accomplis le rite : autour de moi en moi ça grouille de mots de sens de non-sens des sons encensent le silence et l'empuent comme mes phrases bavent leur encre à la manière des escargots - sur ta peau. Je suis un homme pariétal.

Même quand je n'étais pas encore moi - faute de toi - je crachais déjà l'ocre en sarbacane sur la roche ou bien j'y griffais à doigts nus la voix sans écrits de l'Amour. Toutes les grottes t'annoncent.

Toutes mes grottes témoignent de toi.

 

À ma femme

 

Mais que pèse

si tu meurs

mon poème

– et je parle du plus beau –

que pèsent les mots

que pèse une image

tous ces sons assemblés au destin de la page

au hasard du troupeau

et même le rythme lourd de leur voyage

dans ma bouche sous mes yeux

sur cette corde raide en plein cœur de la voix

sur cette main greffée de signes noirs

et qui griffonne un slogan le même

toujours le même et sur

le même mur

et que la mort aussi entêtée que patiente

efface dès qu’il est lisible.

 

Que pèse tout cela

Et le reste sinon le poids de l’ombre

Mais c’est pourtant le seul cadeau

Que je puisse te faire

Pour te remercier de ta vie en moi

 

Roland Nadaus

 

L’œuvre de Roland Nadaus est tellement variée, qu’il est n’est pas possible de la « ramasser » en une formule, dans ses modes d’expression (poésie, roman, récit, chanson, essai, pamphlet…), ses thèmes (amour, révolte, enfance, nature, spiritualité, temps mémoire, langage…), ses registres (vers lyrique, prose épique, style ciselé ou tonitruant, imprécations volcaniques, provocantes voire crues ou acides, douceur intimiste ou violence, et quel humour, tantôt noir, tantôt vache, tantôt jovial) :

 

12. A Son réveil, Dieu dit : « Mon œuvre sent la merde : l’homme aurait donc été capable d’inventer quelque chose tout seul » et c’était vrai : Ses cinq créatures avaient tant et tant déféqué, pendant Son sommeil, que le Paradis n’était plus qu’une gigantesque latrine.

13. Alors Dieu prit entre Ses mains toute cette merde humaine, et Il en modela le poète ; et Il vit que c’était bon, que c’était même le meilleur parce que, enfin, la matière allait redevenir Verbe…

Roland Nadaus

 

A ce titre, son manifeste Pour le réalyrisme (écrit et édité à cent exemplaires en 1981 et réédité en 2011) est pour le moins parlant du Nadaus qui n’a jamais rechigné à tailler dans la masse. « A quelques détails près, j’écrirais aujourd’hui presqu’exactement la même chose ! Trente ans après ! Avais-je donc trente ans d’avance ou bien la situation a‑t-elle fondamentalement si peu évolué ? », écrit Roland Nadaus, en préface.

Pamphlet, Pour le réalyrisme, dénonce la très bourgeoise cuistrerie de « l’art pour l’art », les poètes de cour « dans la grande décadence des branleurs de verbe qui se décernent du génie parce qu’ils se saoulent d’eux-mêmes », les opportunistes de tous bords (« il leur est plus facile de « faire » la révolution culturelle chez un éditeur « in » que de parler la langue des hommes du chaotidien »), le « terrorisme des intellichiants et des lincuistres », les « clercs obscurs », les « révolutionnaires de luxe », les « caniches du grand soir », les fausses idées et valeurs semées par Tel Quel, Action poétique ou TXT et leurs supporters ( les « linguistes du cornet à dés », les « beaux messieurs sont partout, avec leurs revolvers à choucroute verbale », ils ont « l’éternité de la connerie pour eux ») : Christian Prigent, J. Guglielmi, Denis Roche, J.-P. Verheggen, J.-P. Faye , Marcelin Pleynet, Claude Adelen… » Page 59, nous lisons : « Et que Trissotin joue du clavecin ou du synthétiseur, c’est toujours Trissotin… La poésie alors n’est plus, effectivement qu’un objet, tout juste bon pour les musées privés des esthètes intellectualistes. Dès que la vie meurt, naissent les muséographes ; Or, à mon sens, cela est profondément lié au dépérissement de la démocratie — qui est échange, partage, confrontation vivante – au renforcement du pouvoir. »

Mais, Pour le réalyrisme, n’est pas qu’un pamphlet, c’est aussi un manifeste, par lequel Nadaus, vantant « la beauté convulsive » contre la « beauté chiante », propose une approche poétique du monde contemporain (« à partir de l’existence de cette communauté brouillonne qu’on appelle l’Humanité ») et expose sa conception (« J’affirme la dignité du chant. La primauté du Dire »), en s’appuyant sur son propre parcours, de la poésie (« La poésie n’est pas un divertissement, un acte gratuit, un pure jeu de l’intellect… mais un mode d’être qui s’exprime particulièrement par le chant du langage »), de tout art vivant, du poète (« il est d’abord un corps qui chante… parmi les autres, avec et contre les autres ») et qu’il appelle : le réalyrisme, qui n’est pas « une doctrine, ni une école, mais une preuve… ce chant, cette lecture qui chante à hauteur d’homme. Qui assume la condition humaine. Qui se connaît de son temps. »

Roland Nadaus nous dit enfin, que la réédition du réalyrisme, risque de lui valoir « quelques nouvelles inimitiés chez les bobos de la plaquette. » La réponse est déjà donnée par l’auteur : « La dénonciation silencieuse est, avec le mépris, leur arme favorite. Ils tuent par le silence. Ainsi sont-ils directement complices du petit goulag poétique (toute proportion gardée) où nous crevons de ne pas oser être enfin nous-mêmes, sagittaires, avec les pieds dans le réel et la flèche vers les étoiles. »

Après le pamphlétaire de Pour le réalyrisme, il faut évoquer Un cadastre d’enfance, qui nous rend le poète et quelques-unes de ses parcelles les plus intimistes (fondatrices), puisqu’il s’agit de son enfance douloureuse, dont il nous dit : J’aimais bien être enfant – mais je n’ai pas aimé mon enfance et encore : rien jamais – ne datera ton exil – même ta naissance.

 

Il y a trop de trous dans le Temps

Tous les enfants le savent

c’est pourquoi ils les comblent

de rêves

 

Il y a trop d’oubli dans la Vie

Tous les enfants en savent

quelque chose c’est pourquoi

ils veulent grandir

 

Il y a trop de savoir dans l’Enfance

c’est pourquoi les adultes

en ont peur : les enfants savent tout

par ce qu’ils devinent

 

que les grands ont des trous de Mémoire

des trous de Rêve et d’Innocence

et qu’il les comblent

de Vide.

 

Roland Nadaus

 

La famille du poète vit avec quatre autres familles dans une baraque, faite de parpaings, de carreaux de plâtre et de tôle : Ô mon enfance à petit bras – quand l’eau chaude au robinet – n’existait pas. S’agit-il d’un chantier ou d’un bidonville ? Peu importe : ô Môman quel blues d’être né. A la misère et au dénuement, s’ajoutent les coups du père (rouquin au vin pas doux du tout) sur la mère : ça se battait à la maison – ça hurlait jusque dans mes rêves.

De Guyancourt, Nadaus a contribué à faire « Une ville pour tous, y compris les poètes... Et les pauvres. » Et on comprend pourquoi. Nadaus n’a jamais renié son origine populaire, la classe prolétarienne dont il est issu. Tout cela même, lui qui dit devoir tout à l’école de la république, l’a forgé, porté au quotidien en tant qu’élu comme en tant que poète. D’où, parfois, dans certains de ses écrits, ce « ton populaire » que certains ont pu lui reprocher (« Même l'amour y est charcuterie - cœur boudin »), mais « la parole ouvre -l’œil du dedans », et dans le dedans, il y a ce cri : « Debout, fils d'homme ! Ecoute-toi, bâtard de Dieu : tout est poème, à l'origine : même toi. »

Enfance ? Autant dire plaie, blessure, de celle dont on ne peut pas cicatriser : je suis devenu vieux très jeune. Et on le comprend très vite, des premières pages, qui ouvrent ce livre et plantent rapidement le décor (on mourait de froid dans les rues – mais parfois aussi sous les tôles), aux dernières : Ton enfance te poursuit – et c’est d’elle que tu mourras – le cœur transpercé par ta naissance. 

Un témoignage poignant, sans cesse retardé, mais que le poète livre, sous le regard apeuré – du gamin qu’en moi j’ai dû – étrangler – pour survivre.

Christophe DAUPHIN

(Revue Les Hommes sans Epaules).

 

BIBLIOGRAPHIE

Poésie

Maison de paroles, Mercure de France, 1969

A un clerc de Babel, Lieu Commun, 1972

Monde tel, Pierre Jean Oswald, 1975

21 placards en forme de poing et de main, Fond de la ville, 1976

Petites comptines pour un gros cochon, Le Dé Bleu, 1977

Jours à la colle, La Surgeolière, 1977

Douze cocktails à servir pour réussir dans l'hexagonerie poétique, Incandescence, 1978

Pour un manifeste du réalyrisme..., 1978 Réédition  par Corps-Puce 2011

39 prières pour le commun du temps, Jacques Brémond, 1979

Bocages, Les Lettres libres, 1985

Écrits d'avant l'écriture, La Bartavelle Éditeur, 1991

Premier cahier de préhistoire, Verso, 1991

Je ne tutoie que Dieu et ma femme, Jacques Brémond, 1992

Dictionnaire initiatique de l'orant, La Bartavelle Éditeur, 1993

Lettre à Saint Glinglin, Jacques Brémond, 1995

Esopiennes, fables en prose, La Bartavelle Éditeur, 1996

19 quintils pour finir le siècle ici(plus un pour survivre), Clapàs, 1997

365 petits quintils (plus 1 pour les années bissextiles) éphéméride à l’ancienne, Brémond, 1997

En cas d'urgence, quintils, Gros Textes, 1999

Prières pour les jours ordinaires, Éditions de l'Atelier, 1999

Le chat (du Chester) d'Alice, Alain Benoît, 1999

Tableaux d'une exposition de Modest M., La Bartavelle Éditeur, 2000

Giai Miniet / Nadaus, Del Arco, 2000

Qu'la Commune n’est pas morte, Encres vives, 2001

Nadaus / Giai-Miniet, Éd. Ça presse, 2001

Le sentiment du pas grand-chose, Clapàs, 2002

Dieu en miettes, La porte, 2002

Con d’homme et autres jeux de langue d’ô, Revue Ficelle, 2002,

Vivre quand même parce que c’est comme ça, Anthologie, Le Dé Bleu, 2004. Rééd.en 2012 éditions Gros Textes

Guérir par les mots (Poèmes médicaux médicinaux et pharmaceutiques), Cadex, 2004

Les Noms de la Ville, Soleil Natal, 2007

Les grandes inventions de la préhistoire, Corps-Puce éditeur, 2008

Prières d'un recommençant, Éditions de l'Atlantique, 2009

La pieuvre qui faisait bouger la mer / Les escargots sont des héros, SOC & FOC, 2009

Un cadastre d'enfance - et quelques-unes de ses parcelles, Éditions Henry, 2012

Sonnet du masque à gaz, Éditions du Nain qui tousse, 2013

D'un bocage, l'autre, Éditions Henry, 2014

Égoutiez la parole, Éd. Le nain qui tousse, 2017

Regards sur l'Enfant-Jésus, Éditions Olivetan, 2018

Petits poèmes chewing-gums, Atelier de Groutel, 2019

Le miroir amnésique, Éditions Henry, 2020

 

Proses, romans, essais :

Journal-vrac, Rupture 1981

Malamavie, Rupture 1982

Papaclodo, Rupture 1982

Lettre aux derniers mohicans de la République, Jacques Brémond, 1992

Dictionnaire du jargot des cibistes, Lacour, 1997

K.K. Boudin 1er, roi d'Etronie, La Bartavelle, 1997

L'homme que tuèrent les mouches, Gaïa, 1996

Le regard du chien, Gaïa, 1997

Le cimetière des sans-nom, Gaïa, 1999

On meurt même au Sénat, Nykta, 1999

Je ne veux pas mourir yanki, Les Cahiers bleus, 2000

La Guerre des Taupes, Les Promeneurs Solitaires éd., 2007

Devine d'où je t'écris, fablépîtres, Thomas Ragage éd., 2007

Confessions d'un whiskymane français, nouvelles, Éd. Monde Global, 2008

Pour le réalyrisme, Corps-Puce, 2011, avec préface de l'auteur et postface de l’éditeur

Les Anonymes de l’Évangile, Éditions du Signe, 2011

 

Contes et chansons

Contenrêves, Didascol 1980

Contahue, Les Francas 1982

Contadia, Les Francas 1982

Tortue et la caverne, Utovie 1986

Mélodine et Amuselle, Armand Colin 1981

LoupGouloup et la lune, Bayard presse, 2002 et 2007 et 2009 et 2014 et 2018 et 2020

Dans l'oreille du géant, L'Atelier du poisson soluble, 2002

La pieuvre qui faisait bouger la mer, Soc et Foc éd., 2009

Les escargots sont des héros, Soc et Foc éd., 2009



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : ILARIE VORONCA, le centenaire de l'ombre : 1903-2003 n° 16