Pierre-Alain TÂCHE

Pierre-Alain TÂCHE



Pierre-Alain Tâche est né à Lausanne le 24 octobre 1940. Après ses études de droit, qu’il conclut par une thèse sur le contrat d’édition, il entame une carrière d’avocat qu’il exerce jusqu’à la fin 1980, date à laquelle il accède à la magistrature judiciaire. Son œuvre poétique se compose d’une trentaine de recueils, dont la publication s’échelonne à partir de 1962. Quant à ses essais et textes critiques, parus dans des revues pour l’essentiel, ils constituent un corpus important, dont l’édition de rassemblement en volume reste à intervenir.  Entre 1971 et 1988, il fait partie du comité de rédaction de La Revue de Belles-Lettres. Lauréat, entre autres, du prix Schiller en 1974 puis en 1984, ainsi que du grand prix du mont Saint-Michel en 1991, il a reçu en 2011, pour son livre La Voie verte, le prix Kowalski de la Ville de Lyon.

Sur l’ensemble de son cours, soit près d’une soixantaine d’années à ce jour, la poésie de Pierre-Alain Tâche paraît l’une des plus séduisantes du domaine francophone. Peut-être cette séduction tient-elle au fait que – même « généalogiquement » enracinée dans une continuité romande où le poète sait reconnaître ce qu’il doit, par exemple, à un Gustave Roud ou à un Philippe Jaccottet, même révélant des parentés comme celle, très forte, avec Jean Follain (« en qui, dit-il, je reconnais un véritable maître »1) ou encore des affinités en apparence hétéroclites, allant de Pierre Reverdy à Pierre-Jean Jouve ou de Charles-Albert Cingria à Jacques Réda – cette poésie serait aussi l’une des plus personnelles, des plus accordées à l’intime, des plus attentives aux échos de l’enfance, à la vibration subtile et presque imperceptible du lieu et de l’instant. Toutes choses nous parlant et conférant à cette œuvre cette sorte de gravité souriante qui semble en être la marque.

Et d’ailleurs le poète n’hésite pas à désigner lui-même les sources de son propre lyrisme : « L’instant. Des instants. À travers eux, l’inattendu, l’imprévu – mais n’est-ce pas plutôt l’imprévisible, quand l’essentiel naît d’une association d’images ou de mots qui ne peut être pensée, quand l’enjeu, au moins dans un premier temps, n’est pas tant de dire que d’être dit ? À travers eux, encore, des lieux, d’un bout à l’autre de l’horizon européen, dans l’épaisseur de leur humanité, de leur culture. Et puis, comme un enracinement plus profond du regard, en Anniviers, à la faveur d’une ancienne et durable connivence. » 

Paul FARELLIER

(Revue Les Hommes sans Epaules).

 

Œuvres :

Poésie :

Greffes, Cahiers de la Renaissance vaudoise, Lausanne, 1962

La Boîte à fumée, Cahiers de la Renaissance vaudoise, Lausanne, 1964

Ventre des fontaines, éditions L’Âge d’Homme, Lausanne, 1967

Herbier des failles, illustrations de Jean Otth, 1969, Julien Bogousslavsky, éditeur, Lausanne, 2005

La Traversée, éditions Payot, Lausanne, 1974

L’Élève du matin, Bertil Galland, Vevey, 1978

L’Inhabité, Bertil Galland, Vevey, 1980

Les Instants du regard, en collaboration avec Jean-Paul Berger, éditions Solaire, Issirac, 1980

Le Jardin du midi suivi de Temps sauvé, éditions de l’Aire, Lausanne, 1984

Le Dit d’Orta, La Dogana, Genève, 1985

Poésie est son nom, L’Alphée, Paris, 1985

Présent composé, L’Apprentypographe, Harnoncourt, 1986

Les Yeux du temps, en collaboration avec Maurice Blanc, photographe, Au Verseau, Roth & Sauter, Denges, 1988

Le Mensonge des genres, éditions de l’Aire, Lausanne, 1989

Buissons ardents, encres et dessins de Jean-Paul Berger, éditions Empreintes, Lausanne, 1990

Noces de rocher, dessins de Martine Clerc, éditions Empreintes, Lausanne, 1993

Jour après jour, éditions de l’Aire, Lausanne, 1993

Celle qui règne à Carona, avec deux aquatintes de Gérard de Palézieux, éditions Brandes, Roubaix, 1994 Le Rappel des oiseaux, éditions Empreintes, Lausanne, 1997

Reliques, La Dogana, Genève, 1997

L’État des lieux, éditions Empreintes, Lausanne, 1998

Quatre poètes, (Pierre Chappuis, Pierre-Alain Tâche, Pierre Voélin, Frédéric Wandelère) éditions l’Âge d’Homme, Lausanne, 1998, collection Poche suisse n°172

Chroniques de l’éveil, préface de Patrick Amstutz, L’Aire bleue, Vevey, 2001

L’Inhabité suivi de Poésie est son nom et de Celle qui règne à Carona, éditions Empreintes, Moudon, 2001

L’Intérieur du pays, préface de Christophe Calame, éditions L’Âge d’homme, Lausanne, 2003

Sur la lumière en Anniviers, dessins de Martine Clerc, éditions Empreintes, Moudon, 2003 Bruissements, sur des fusains d’Alexandre Hollan, La Pierre d’Alun, Bruxelles, 2005

Nouvel état des lieux, éditions Empreintes, Moudon, 2005

Roussan, éditions Empreintes, Moudon, 2006

Forêt jurée, pastels de Martine Clerc, éditions Empreintes, 2008

La Voie verte, avec une gravure d’Edmond Quiche, éditions de la revue Conférence, Trocy-en-Multien, 2010

Dernier état des lieux, éditions Empreintes, Chavannes-près-Renens, 2011

Fresque avec ange, La Dogana, Genève, 2012

D’après l’Obscur, pointes sèches de Catherine Bolle, éditions Traces, Genève, 2013

Dire adieu, avec une couverture de Pierre-Yves Gabioud, éditions Empreintes, Chavannes-près-Renens, 2013, traduction allemande par Markus Hediger : Dire adieu / Abschied nehmen, Zurich, Wolfbach Verlag, 2017

La Quête continue, gravure et vignettes de Martine Clerc, éditions de la revue Conférence, Paris, 2016 Venise à main levée, Le Miel de l’ours, Genève, 2016

Élégie d’Ayer, lavis de Claire Nicole, éditions Empreintes, Chavannesprès-Renens, 2017

Ailleurs commence ici, éditions de L’Aire, Vevey, 2018.

On doit aussi à Pierre-Alain Tâche le texte d’une cantate, Ecclesia, dont la musique a été composée par Heinrich Sutermeister, œuvre créée à la cathédrale de Lausanne en 1975.

 

Prose :

Rumeurs sous images, Le Déluge, de Charles Gleyre, et Polyphème, d’Émile David, "Arrêt sur image", Les Amis du Musée, Lausanne, 1994

À hauteur d’instant in Arts poétiques, La Dogana, Genève, 1996

La Langue et le politique : enquête auprès de quelques écrivains suisses de langue française, édition conçue et préfacée par Patrick Amstutz, postface de Daniel Maggetti, éditions de L’Aire, Vevey, 2001 p.21-24. Une poétique de l’instant, Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne, 2006

Notre "maison", vraiment ?, in Le français, notre maison, éditions Zoé, Carouge, 2010

L’Air des hautbois : variations sur la Folia, éditions Zoé, Carouge, 2010 Un lied à mots couverts, in Un visa donné à la parole, La Dogana, Genève, 2011

L’Idée contre l’image, éditions Zoé, Carouge, 2013

L’Ombre d’Hélène, suivi de La fausse morte, éditions Zoé, Carouge, 2015

Une Réponse sans fin tentée, avec une gravure de Claude Garache, L’Atelier contemporain, Strasbourg, 2015



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : René DEPESTRE ou l’Odyssée de l’Homme-Rage de vivre n° 50