Manuel BANDEIRA

Manuel BANDEIRA



Manuel Carneiro de Sousa Bandeira Filho (Recife, PE, 1886 - Rio de Janeiro, RJ, 1968) étudie l’architecture à Rio de Janeiro. Atteint de tuberculose, il part se soigner en juin 1913 dans le sanatorium de Clavadel, en Suisse, où il fait la connaissance d’Eugène Grindel, le futur Paul Éluard, également en traitement. En 1914, il retourne au Brésil et collabore avec plusieurs revues comme critique littéraire, musical et de cinéma. E

n 1917, il publie A Cinza das Horas, « La cendre des heures », œuvre d’inspiration encore symboliste et parnassienne, pleine de mélancolie. La plupart des thèmes traités dans cet ouvrage seront repris dans les œuvres ultérieures : enfance, maladie, vie quotidienne, solitude et mort (« je fais des vers comme qui se meurt »). Son recueil suivant, Carnaval (1919), contient encore des vestiges de poésie prémoderne sous forme de sonnets, rondeaux et madrigaux. Y apparaissent néanmoins des rythmes nouveaux ainsi que ses premiers essais de vers libres. Le livre reflète par ailleurs une volonté d’échapper à la lourde atmosphère de mélancolie présente dans A cinza das horas, grâce en particulier au développement d’un ton plus ironique. En 1921, il fait la connaissance de Mário de Andrade avec qui il entretiendra une relation durable.

En 1922, Manuel Bandeira s’abstient de participer aux manifestations de la Semaine d’Art Moderne, mais son texte Os sapos, « Les crapauds », une satire du symbolisme, lu par Ronald de Carvalho, remporte un grand succès. Sa collaboration à la revue Klaxon et la publication de son livre O ritmo dissoluto, « Le rythme dissolu » (1924) marquent le début de sa contribution au mouvement moderniste. On note dans ce dernier ouvrage, qui dépasse définitivement le sentimentalisme de ses premiers textes, une plus grande présence du vers libre, un ton plus conversationnel, ainsi que des références au langage populaire qui révèlent une plus grande ouverture sur le monde.

Avec Libertinagem, « Libertinage », publié en 1930, considéré comme un des ouvrages fondateurs du postmodernisme, sa poésie lyrique, élégiaque, se distancie de la réalité pour se projeter dans des mondes idéaux (« Je ne veux plus entendre parler d’un lyrisme qui ne soit pas libération »). Le bonheur et la satisfaction du désir sont mis en doute, ou apparaissent comme faisant partie d’un ailleurs immatériel ou intangible. Les formes postmodernistes sont pleinement assumées, la métrique traditionnelle est abandonnée et le vers libre domine. Dans Estrela da manhã, « Étoile du matin » (1936), les thèmes prévalents sont toujours ceux de la mort, de la solitude, de la nostalgie et de la mémoire, cette fois évoqués avec une certaine sérénité. La situation économique de Manuel Bandeira, longtemps précaire, s’améliore à cette époque, grâce à sa nomination comme professeur de littérature au Collège Pedro II en 1938, puis à l’Université de São Paulo en 1943.

Il est élu à l’Académie Brésilienne des Lettres en 1940. Il publie Belo Belo, « Beau Beau » et Mafuá do Malungo « Ripaille du Pote » en 1948, Opus 10 en 1952 et Estrela da tarde, « Étoile du soir » en 1960. En 1966, à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire, est édité l’ensemble de son œuvre poétique, sous le titre Estrela da Vida Inteira, « Étoile de la Vie Entière ». Manuel Bandeira fut aussi chroniqueur pour différentes revues de Recife, Rio de Janeiro et São Paulo, traducteur (de Schiller, Shakespeare, Juana Inés de la Cruz et Omar Khayyam), critique et auteur d’essais, de biographies, de contes et de pièces de théâtre.

Oleg ALMEIDA et Philippe MONNEVEUX

(Revue Les Hommes sans Epaules).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
DOSSIER : La poésie brésilienne, des modernistes à nos jours n° 49