Katty VERNY-DUGELAY
Chez Katty Verny-Dugelay, la poésie revêt tous les caractères d’une errance, d’un voyage infini, d’un nomadisme éternel ; elle procède comme par boutures, de petit paragraphe en bref alinéa ; elle-même semble avoir poussé là sous la tendre vigilance d’un maître-jardinier qui aurait médité cette parole d’Alain : « Le vrai poème est un fruit de nature » ; passant à travers les choses, auxquelles elle se lie par une attention scrupuleuse et fascinée, elle offre un exemple assez peu commun de ce qu’aujourd’hui, bien à tort, on n’ose plus nommer l’inspiration, et que Max Jacob définissait comme « le passage d’un monde dans un autre, de la terre au ciel, ou d’un ciel à un autre ciel. » De là, une poésie cursive qui s’offre d’étonnantes libertés d’espace, d’où se forment, par endroits, des cristaux d’âme, de temps et d’univers, par l’opération de ce que Bachelard appelait « une métaphysique instantanée ». Il faut donc bien qu’au-delà des choses un questionnement soit tenté ; ces choses, si tangibles, dures comme douces, dans la complicité du corps épanoui, leur présence se mue soudain en rideau d’absence, et le poète aura ce cri dans sa méditation : « De qui/ es-tu l’hôte ? » À lire : Empreintes, éd. Caractères, 1984. Corolles de l’ombre, éd. Caractères, 1987. Saison du silence, éd. Caractères, 1991. Herbe ouverte, éd. Caractères, 1994. Rhizome, éd. Caractères, 1998. La Pointe du Souffleur, éd. Caractères, 1998. Labyrinthe du rêve, éd. L’Arbre à paroles, 2000. Sente buissonnière, éd. L’Arbre à paroles, 2003.
Paul FARELLIER
(Revue Les Hommes sans Épaules).
Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules
![]() |
||
Dossier : PIERRE REVERDY et la poétique de l'émotion n° 32 |