Jean CAYROL

Jean CAYROL



Jean Cayrol (1911-2005) se consacre dès son adolescence à l'écriture. Durant la Seconde Guerre mondiale, il s'engage dans la Résistance (réseau C.N.D. Castille du colonel Rémy). Il est arrêté en 1942 et déporté N.N. (Nacht und Nebel) au camp de concentration de Mauthausen. Cette expérience a nourri ses Poèmes de la nuit et du brouillard. Lui qui, avant guerre, n'écrivait que des poèmes, publie ses premiers récits de fiction et quelques essais. Jean Cayrol obtient le Prix Renaudot en 1947 pour son roman Je vivrai l'amour des autres. En 1949, il prend place également dans le monde de l'édition en entrant au Seuil. Il y fonde une revue, Écrire, entièrement consacrée à la publication des premiers textes de jeunes auteurs. Il participe également, comme scénariste ou réalisateur, à quelques films et téléfilms, dont deux courts-métrages. Le plus marquant, Nuit et brouillard, a vivement impressionné des générations entières de spectateurs depuis 1955. L'écriture de Cayrol est dominée par la figure de Lazare, revenu d'entre les morts; représentation du retour de l'univers concentrationnaire. Son essai « D'un romanesque concentrationnaire » est édité dans la revue Esprit, en septembre 1949, à l'occasion d'une enquête portant sur la littérature contemporaine. Par le vocable "lazaréen", Cayrol désigne les divers genres artistiques modernes, principalement teintés de l'expérience de la Seconde Guerre mondiale. La voix grave de ses premiers textes (Le Hollandais volant, 1936 ; Le Dernier Homme, 1940) s'est encore approfondie avec l'expérience de la déportation (Poèmes de la nuit et du brouillard, 1945), l'horreur physique ayant accentué l'inquiétude métaphysique, tandis que le poète se faisait aussi romancier (Je vivrai l'amour des autres, 1947). Dans cette littérature du « réalisme concentrationnaire », l'intrigue importe moins que la révélation de l'abîme (La Noire, 1949 ; Les Corps étrangers, 1959 ; Midi-Minuit, 1966), dont témoigne également le film Nuit et brouillard (1956), co-écrit avec Alain Resnais. Pourtant la foi en l'humanité demeure et fonde une œuvre de résurrection (Lazare parmi nous, 1950), notamment par un inventaire onirique des éléments naturels. À lire : Œuvre poétique, éd. du Seuil.



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : DIVERS ÉTATS DU LOINTAIN n° 34