Gérard PFISTER

Gérard PFISTER



Gérard Pfister est né à Paris le 7 avril 1951, d’une famille d’origine colmarienne. Sa famille maternelle, liée aux milieux diamantaires néerlandais, est apparentée à la mystique Etty Hillesum, morte le 30 novembre 1943 au camp de concentration d’Auschwitz. Après des études secondaires à Sainte-Croix de Neuilly, il poursuit des études supérieures de sciences politiques, de droit, d’urbanisme et de lettres. À l’université Paris-Sorbonne, il soutient en 1975 une thèse de doctorat sur le poète dadaïste Pierre de Massot dont il publie en 1992 l’œuvre poétique sous le titre Le déserteur.

Du nom d’une montagne où il possédait alors une minuscule maison de berger, à Malaucène, face au Mont Ventoux, il crée en 1975 avec quelques amis les Éditions Arfuyen dont il assure sans interruption la direction littéraire. Le siège d’Arfuyen, dont le catalogue est impressionnant, se trouve au Lac Noir, à Orbey, dans les Hautes-Vosges alsaciennes. Avec le soutien de Claude Vigée, Jean-Claude Walter et Jacques Goorma, il est à l’origine de la création du Prix de Littérature Nathan Katz et du Prix du Patrimoine Nathan Katz (2004), puis du Prix Européen de Littérature (2005) placé sous le haut patronage du Secrétaire général du Conseil de l’Europe et le parrainage de la Ville de Strasbourg. « Toute poésie, ou presque, écrit Alain Roussel (in en-attendant-nadeau.fr, 2019) relève du sensible. Mais il y a des poètes qui, dans le sensible, recherchent une verticalité, pouvant aller jusqu’à l’innommable. Gérard Pfister est l’un de ceux-là, proche par la démarche mais non par le style d’un Roger Munier ou d’un Roberto Juarroz. Il nous entraîne ainsi, au fil de ses livres, dans un voyage entre poésie et métaphysique. Avec Ce qui n’a pas de nom, il poursuit sa quête, traquant inlassablement en mille poèmes de quatre vers l’insaisissable dans les images fugitives de ce monde mouvant. Gérard Pfister nous prévient qu’il ne s’agit pas d’essayer de nommer « ce qui est sans nom », de voir ce qui est « sans forme ». Comment le pourrait-on ? On ne peut nommer que ce qui est nommable, et même là on est pris en flagrant délit de trahison, le mot n’étant pas la chose. Pourtant, aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce « sans-nom » qui échappe à toute désignation, qui ne peut être pensé, est la source inépuisable de toute parole, de toute pensée et de toute forme. Aussi, il faut bien qu’un mince filet de cette eau, qui porte en elle la pureté des origines, coule encore dans la parole, et si nous ne le voyons pas c’est que, selon l’auteur, « toujours le mot veut définir, engendrant les ombres et les monstres, quand la vie seule est ce qu’il faudrait dire, celle qu’obstinément, maladroitement nous cherchons, celle dont le désir paraît ne jamais être assouvi ». C’est de cet éloignement, de cet obscurcissement, d’avoir rendu le langage épais par accumulation de concepts, que naît en nous le sentiment d’exil, alors que, si nous ouvrons les yeux, si nous rendons à la langue sa nudité, nous constaterons que nous n’avons jamais été exclus du Jardin et que la vie, la vraie vie, est là, dans son jaillissement, dans sa pure apparition.

Christophe DAUPHIN

(Revue Les Hommes sans Epaules).

 

Œuvres, Poésie : Faux (Arfuyen 1975. Rééd. Lieux-dits, 2010), Les chiens battus (Arfuyen, 1977), Aventures (Arfuyen, 1979), Y, deux volumes (Arfuyen, 1981), D’une obscure présence (Arfuyen, 1985), Sur un chemin sans bord (Lettres vives, 1987), Arche du souffle (Lettres vives, 1989), Celui qui se tait (Lettres vives, 1991), L’oubli (Opales, 1995), Le tout proche (Lettres vives, 2002), La Transparence (Arfuyen, 2005), Le pays derrière les yeux (Arfuyen, 2009), La Représentation des corps et du ciel (Arfuyen, 2017), Blasons du corps limpide de l’instant ( Arfuyen, 1999), Ce qui n’a pas de nom (Arfuyen, 2019), Hautes Huttes (Arfuyen, 2021). Théâtre : Paule dite Marie, une femme cachée (Arfuyen, 2004). Romans : Le Livre des sources (Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2013). Essais : Marcel Weinum et la Main noire (Arfuyen, 2007), La poésie, c’est autre chose, mille et une définitions de la poésie (Arfuyen, 2008).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : Richard ROGNET & les poètes de l'Est n° 55