Evgueni EVTOUCHENKO

Evgueni EVTOUCHENKO



Evgueni Aleksandrovitch Evtouchenko est né le 18 juillet 1933, à Zima, oblast d’Irkoutsk, dans le sud-ouest de la Sibérie, près du lac Baïkal, dans une famille d’origine ukrainienne. Les parents d’Evgueni Aleksandrovitch, le père d’origine petite-bourgeoise et la mère d’origine prolétarienne, sont tous les deux géologues.

Lorsque la guerre éclate le jour de l’invasion allemande de l’URSS, le 22 juin 1941, le jeune Evtouchenko est évacué de Moscou, avec d’autres enfants et des femmes, dans un convoi de soixante wagons, en route vers la Sibérie. « La guerre, écrit Evtouchenko, m’a précisément appris la signification du mot paix. Avant la guerre, le peuple russe a vécu dans le danger du dédoublement de sa vie. Malgré cela, dans le fond de son cœur, il n’a pas perdu la foi dans l’idéal de la révolution. Malgré le cauchemar des camps staliniens, il est allé défendre non seulement sa patrie, mais surtout sa Révolution. Il m’est pénible de l’avouer, mais du point de vue spirituel, la vie du peuple russe fut plus facile pendant la guerre, car elle était plus sincère. C’est là une des principales raisons de notre victoire. Nous consacrions toutes nos forces à la victoire. Moi, j’ai essayé de travailler à faire la moisson, dans une scierie, j’ai ramassé des herbes médicinales pour des blessés. J’ai commencé aussi à écrire dans la taïga sibérienne. Protégée par les montagnes de l’Oural, la langue russe restait pure. La langue est comme la neige : dans la ville, elle est toujours couverte par la poussière et la suie des usines. C’est seulement dans les champs et dans la forêt qu’elle reste totalement blanche. Mon professeur de poétique, ce fut tout d’abord la taïga »

En 1944, Evtouchenko et sa mère sont de retour à Moscou. Son père qui s’est remarié et a deux enfants, vit et travaille comme géologue et chef de chantier au Kazakhstan. Sa mère, après avoir abandonné son métier de géologue, est devenue chanteuse et fait des tournées sur le front.

Evtouchenko, dès la classe de sixième est transféré dans une classe spéciale pour élèves difficiles. Le bureau du directeur est cambriolé et le poète est accusé à tort et renvoyé. Bientôt brouillé avec sa mère, Evtouchenko gagne seul, à l’âge de quinze ans, le Kazakhstan pour travailler avec son père, qui dirige une expédition de recherches géologiques. Au Kazakhstan, travaillant comme ouvrier de l’expédition dirigée par son père, le jeune adolescent va connaître bien des expériences, parfois extrêmes, et aussi ses premiers émois amoureux ;

De retour à Moscou, Evtouchenko parvient à faire publier ses poèmes pour la première fois dans le journal Le Sport Soviétique, dont il devient le chroniqueur poétique régulier. Poète précoce, il publie son premier recueil en 1952, « Éclaireurs de l’avenir » », que la presse accueille favorablement.

Evtouchenko est admis à l’Union des Écrivains de l’URSS et intègre l’Institut Littéraire Gorki, bien que n’ayant pas le baccalauréat et vit de sa bourse d’étudiant. Ses poches resteront vides encore longtemps. Dans sa vie comme dans ses poèmes, Evtouchenko demeure optimiste, mais son optimisme a cessé d’être rose et comporte dorénavant une gamme de couleurs, y compris le noir. Il s’oppose en cela à l’optimisme officiel, qui est de rigueur partout.

Evtouchenko nous dit : « Staline avait une personnalité très forte, remarquable même. Il savait charmer, ensorceler. Il a falsifié l’Histoire, notamment vis-à-vis de ses relations avec Lénine. Il est probable qu’il ait fini lui-même par croire à sa propre falsification, inventée de toutes pièces. Il a réussi à tromper les autres aussi bien que lui-même. Et pourtant, Staline c’était le contraire de Lénine. Le fond de la pensée du créateur de la République des Soviets peut se résumer en une maxime : « Le communisme doit être au service des hommes. » La conviction de Staline était juste l’inverse : Tous les hommes doivent être au service du communisme. » Le stalinisme, c’est la théorie qui voit les hommes comme de simples rouages mécaniques d’une grande entreprise industrielle. Appliquée dans la vie, cette théorie donnait des résultats terrifiants. Le plus grand crime de Staline n’est pas la terreur, avec les arrestations et l’extermination de ses victimes. Non : le crime de tous ses crimes, c’est la décomposition des âmes humaines. Les artistes étaient obligés, eux aussi, de faire des sacrifices à ce dieu abstrait, « le Travail ». Ainsi l’acier est devenu le héros principal de multiples romans. Les êtres vivants jouaient un rôle secondaire dans ces œuvres. D’ailleurs ils n’étaient pas vivants. Ils étaient des accessoires permettant de mettre mieux en valeur le Travail. Les poètes voyageaient d’un bout à l’autre du pays pour voir les constructions nouvelles, pour admirer les machines modernes. Les hommes qui se servaient de ces machines ne les intéressaient guère. Ah ! Si les machines savaient lire ! Combien elles auraient appréciées les poèmes de cette époque ! Pour les hommes, malheureusement, ils ne présentaient aucun intérêt. » Qu’en est-il alors des tirages mirifiques des poètes et des écrivains de l’époque ? Le poète répond : « Le tirage des livres n’était pas déterminé par leur vente. Il était fonction uniquement de la situation officielle de l’auteur, de sa cote en haut lieu. » Rien d’étonnant donc si les étalages des librairies s’écroulaient sous le poids de recueils que personne n’achetait. « Les vieux poètes, poursuit Evtouchenko, se taisaient et si l’un d’eux écrivait de temps à autre, c’était encore pire que le silence. De remarquables poètes comme Zobolotski et Smeliakov croupissaient dans des camps. Le jeune Mandel Korjavine aussi. C’était le seul poète qui, Staline vivant, écrivait des poèmes contre lui. Son courage l’a sauvé. On l’a pris pour un fou. Mais on l’a déporté quand même. Quelques autres poètes ont suivi l’exemple de Pasternak et d’Anna Akhmatova et se sont consacrés aux traductions. »

Soudain, un évènement secoue toute la Russie : le 5 mars 1953, mourait Staline. Une sorte de torpeur s’est emparée de tout le monde. Les hommes s’étant faits à l’idée que Staline pensait pour eux. Sans lui, ils se sentaient perdus. Evtouchenko lui-même n’arrive pas à l’imaginer mort. Toute la Russie pleure sincèrement Staline dans son cercueil : « Ce jour-là, j’ai vu Staline. Le chaos sanglant de son enterrement, c’était lui. »

Les premiers réhabilités commencèrent à revenir des lointains camps sibériens et à témoigner. Dans la presse, on introduit un héros nouveau : « le simple citoyen soviétique ». En 1954, à Moscou, Evtouchenko fait la connaissance d’une jeune et belle poétesse de dix-sept ans, fille unique d’un père tatar, haut fonctionnaire des douanes et d'une mère d’origine italienne : Bella Akhmadoulina, qui deviendra sa femme de 1954 à 1959, et l’une des voix les plus en vues de la poésie russe contemporaine et contestataire.

La poésie lyrique par opposition à la poésie officielle du régime, parvient à rompre le barrage des interdis de l’époque stalinienne et à envahir les colonnes des journaux. Evtouchenko se met à écrire ses premiers poèmes politiques, en stigmatisant les pathos artificiels de l’ancienne époque, le caractère mécanique des ordres lancés à la foule par les haut-parleurs. Le peuple de la rue le suit, mais pas la nomenklatura : « Te rends-tu compte de ce que tu as écrit ? Le poète répond : « Lénine a dit jadis que nos ennemis utiliseraient toujours quelques miettes de la table de notre autocritique, mais que ce n’était pas une raison pour ne pas parler de nos erreurs, pour ne pas discuter de ns problèmes. Un homme fort n’a pas besoin de cacher ses faiblesses. »

En 1955 est inaugurée la « Journée de la poésie ». Les jeunes poètes, dont Evtouchenko sont amenés à se produire devant des centaines, voire des milliers de personnes : « Ces applaudissements que m’adressaient pour la première fois mille cinq cents jeunes gens, ont été pour moi plus qu’un plébiscite. J’étais sur la bonne voie. Les critiques se sont pourtant abattus sur moi. J’ai continué à écrire des poèmes qui appelaient au combat contre le dogmatisme et les saletés qui travestissaient notre idéal. La jeunesse comme toute la Russie était avide de vérité. Les poèmes s’improvisaient souvent vite et se lisaient partout. C’est Maïakovski qui avait introduit en Russie l’habitude de la lecture publique, improvisée ou non. Depuis sa disparition, cette tradition s’était peu à peu perdue. Nous les jeunes poètes de l’époque post-stalinienne, nous l’avons ressuscitée. Et il me semble que nous avons rencontré un écho plus puissant encore que nos devanciers car je ne crois pas qu’il ait existé à leur époque une avidité de poésie aussi intense et aussi spontanée. J’étais invité à des soirées de poésie dans les usines et les facultés, dans les fabriques et les écoles, dans les instituts scientifiques et les laboratoires. Je récitais mes poèmes devant les auditoires les plus divers, variant de vingt à mille personnes. Mais j’avoue que je n’imaginais pas alors que, quelques années plus tard, j’aurais à ma disposition la plus grande salle de concerts de Moscou et que, en 1963, la « soirée poétique » annuelle ferait remplir à craquer le Palais des Sports de Loujniki. »

Au début de l’année 1956, un nouveau grand évènement se produit en Russie : au cours de son XXe Congrès, le Parti communiste révèle hautement la vérité sur les crimes de Staline. « La vieille génération s’était divisée en deux : les vrais communistes se mirent au travail avec une énergie accrue pour corriger les erreurs de l’époque révolue ; et d’autres parts, les dogmatiques essayant de nuancer l’appréciation de la période stalinienne, furent pris de panique à l’idée de perdre leurs fauteuils de cuir. Ils étaient puissants et luttaient avec acharnement pour empêcher l’abolition des « paquets bleus », des voitures personnelles et autres privilèges. Leur méthode préférée était d’insinuer partout que toute la jeunesse soviétique sombrait dans le nihilisme et qu’elle avait perdu le respect des traditions révolutionnaires. »

Et c’est ainsi qu’émergea ce que l’on a appelé le Dégel et d’où émergea naturellement, « la poésie du Dégel » (1954-1963), avec pour chef de file et figure emblématique, Evgueni Evtouchenko, l’une des premières voix à s’élever en Union soviétique pour défendre la liberté individuelle, avec bien d‘autres, dont Andreï Voznessenski, Anatoli Naïman, Viktor Sosnora, Robert Rojdestvéneskii, Boulat Okoudjava ou Bella Akhmadoulina. « Dégel » ; l’expression désigne une période de libéralisation de la littérature soviétique inaugurée, nous l’avons vu, par le XXe Congrès du parti communiste de l’Union Soviétique (1956), qui dénonça le stalinisme. Mais, le « dégel » fut en réalité amorcé dès 1954, lors du IIe Congrès des écrivains, qui avait assouplit la notion de « Réalisme socialiste ». Illustrée par Illya Ehrenbourg (Le Dégel, 1954) et N. Doudintsev (L’Homme ne vit pas seulement de pain, 1956), le mouvement de revendication de la « sincérité en littérature » soutenu par les revues Novy-Mir de Tvardovsky et Iounost de Kataiev, s’épanouira en une véritable révolution esthétique (vogue de la nouvelle réaction contre le roman fleuve ou cyclique de célébration du socialisme, développement de la science-fiction et de l’essai philosophique) et sociale (critique de la bureaucratie, de la collectivisation, de la répression stalinienne, attention portée à l’individu), avec la nouvelle génération de poètes autour d’Evtouchenko, mais aussi Kazakov, Nekrassov, Soljenitsyne. Cette brève échappée sur la liberté, compromise dès la persécution de Pasternak , qui dut renoncer au prix Nobel en 1958, pour Le Docteur Jivago (le chef d’œuvre de Pasternak, qualifié par La Pravda, de « pige réactionnaire de faible qualité »), s’achève avec le procès des écrivains Daniel et Siniavski en 1966.

Deux ans plus tôt, le procès du poète Iossif Aleksandrovich Brodski aura défrayé la chronique. Alors que sa popularité ne cessait de croître en Union soviétique, le poète est arrêté en 1964 et condamné pour « parasitisme social » à cinq ans de déportation. Libéré un an plus tard, il rentre à Leningrad, avant d’être expulsé d’URSS en juin 1972, deux ans avant Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne. Exilé aux États-Unis, Brodsky devient lauréat du prix Nobel de littérature en 1987. À l’ère du Dégel succède donc, sous l’ère Brejnev du regel, celle du Samizdat, système d’édition et de diffusion clandestin (manuscrit, dactylographie, photocopie, microfilm) usité en URSS pour reproduire à l’insu des autorités des textes interdits. Le samizdat a permis de diffuser des œuvres des œuvres littéraires d’auteurs dissidents, tels que Pasternak, Soljenitsyne, Grossman, Brodski, des pamphlets politiques, des travaux historiques ou sociologiques, des périodiques ainsi que des œuvres occidentales non éditées en URSS. Et pourquoi, outre le titre du livre d’Ehrenbourg, cette appellation de « Dégel » ? Sans doute parce que « l’hiver était fini, mais que le printemps n’était pas encore là », ce que l’avenir à hélas démontré. Evtouchenko, pour sa part, bien qu’étant l’un des premier concernés, a toutefois récusé cette appellation : « Je ne suis pas d’accord avec le terme de « dégel » qu’Ilya Ehrenbourg a collé de sa main légère à tout ce processus intellectuel. Un dégel peut se produire au milieu de l’hiver et être suivi d’un regel total. Or, ce n’était pas le cas de notre situation. Pour moi, cette période ne pouvait se définir que comme un printemps. » Mais le printemps est vite passé.

Evtouchenko, connait désormais une grande popularité en URSS, grâce à sa liberté de ton et à son non-conformisme qui tranchent d’avec les normes de la littérature stalinienne. Les recueils s’accumulent : Troisième neige (1953), La Chaussée des enthousiastes (1956), Tendresse (1962), Centrale de Bratsk (1965), La Vedette de liaison (1966), L’Université de Kazan (1970), Un poète en Russie est plus que poète (1973), Debout (1977), sans oublier le roman Les Baies sauvages de Sibérie (1981), qui dresse une chronique de la société soviétique depuis la guerre civile. Mais tout cela ne se fait pas sans heurts ni résistance de la part de la nomenklatura : « C’est parce que j’ai toujours cru en ce printemps de la déstalinisation que je ne m’inquiétais pas trop pour les critiques et les attaques lancées contre moi. ».

Evtouchenko, qualifié par l’orthodoxie communiste de « lyrique de l’alcôve, chef idéologique des voyous intellectuels, bourgeois décadent, dégustateur de la débauche, faux révolutionnaire, etc. », sera malgré tout exclu pour « individualisme » du Komsomol (l’Union des Jeunesses communistes) et de L’Institut littéraire Gorki de Moscou, avant d’être réhabilité assez vite. Le poète pense alors qu’au printemps présent succèdera logiquement l’été. Il n’en sera rien.

En 1961, la Literatournaïa Gazeta publie des poèmes d’Evguéni Evtouchenko, dont le premier, « Babi-Yar », va connaître un profond retentissement. Babi-Yar  est le nom d’un ravin des environs de Kiev (Ukraine) où eut lieu est le plus grand massacre de la Shoah par balles par les nazis. Les Einsatzgruppen d’Hitler (littéralement « unités d’intervention » mais pratiquement « commandos de la mort »), assassinèrent 33.771 Juifs, hommes, femmes et enfants, avec leurs collaborateurs ukrainiens, en trente-six heures les 29 et 30 septembre 1941.

Bouleversé par cette tragédie comme par le poème d’Evtouchenko (« Il n’y a pas de sang juif dans mes veines, mais sur moi pèse la hideuse haine de tous les antisémites comme si j’étais un Juif : et voilà pourquoi je suis un vrai Russe ! »), Dmitri Dmitrievitch Chostakovitch, l’un des plus grands compositeurs du XXe siècle et assurément le plus grand symphoniste depuis Beethoven, fit de « Babi Yar » un poème symphonique avec basse et chœur de basses ; puis il eut l’idée d’une « symphonie vocale » en cinq mouvements sollicitant quatre autres poèmes de Evtouchenko : trois publiés en 1962 (Humour, Dans le magasin, Carrière), et un quatrième (Peurs) rédigé pour la circonstance à la demande du compositeur. La symphonie no 13 en si bémol mineur (op. 113, sous-titrée Babi Yar) de Chostakovitch, pour voix basse, chœur d’homme et orchestre ; soit une heure de musique d’une intensité incroyable et poignante, fut créée le 18 décembre 1962 à Moscou par l’Orchestre philharmonique de Moscou. Quant à Babi Yar : le ravin demeura un lieu sordide d’exécutions massives, jusqu’en 1943 : jusqu’à 100.000 personnes, parmi lesquelles des juifs, des tziganes, des combattants de la résistance et des prisonniers de guerre soviétiques. 

En 1962, le poème d’Evtouchenko, « Les héritiers de Staline » est publié après un refus de douze mois ; et, par la Pravda, et, semble-t-il sur l’intervention personnelle de Nikita Khrouchtchev, premier secrétaire du Parti communiste depuis 1953. Il sera renversé en octobre 1964. Il ne connaîtra pas le destin tragique de certains anciens perdants des luttes de pouvoir soviétiques mais sera mis à la retraite avec un appartement à Moscou et une datcha à la campagne. C’est encore Khrouchtchev qui dira, lors d’un discours, le 8 mars 1963 : « Très récemment, le poète Evgueni Evtouchenko a fait un voyage en Allemagne et en France. Il vient de rentrer de Paris où il a parlé devant des auditoires de plusieurs milliers d’ouvriers, d’étudiants, d’amis de l’Union Soviétique. Il faut rendre au camarade Evtouchenko ce qui lui est dû : au cours de ce voyage, il s’est conduit dignement. »

Alors que Staline avait fortement limité l’entrée d’étrangers en Union soviétique et que peu de Soviétiques avaient l’autorisation de voyager ; au contraire, Khrouchtchev laissa davantage les Soviétiques voyager et en retour, les étrangers se rendre en Union soviétique. C’est ainsi qu’Evtouchenko, tout en poursuivant son œuvre, put accomplir de véritables voyages et tournées à l’étranger (il fut ainsi invité par les États-Unis à assister au lancement de la cinquième et avant-dernière mission Apollo comprenant un séjour sur la Lune, en 1972), sans jamais être dupe du rôle de « vitrine culturelle du régime » que l’on entendait lui faire endosser, surtout sous l’ère Brejnev (il dut, sans se renier, agir en fin diplomate) et par la suite jusqu’à l’avènement de la Perestroïka.

En 1989, Evtouchenko fut élu membre du Parlement en soutien à Gorbatchev, comme ensuite à Eltsine. Depuis 2000, Evgueni Aleksandrovitch Evtouchenko a partagé son temps entre la Russie (sa datcha de Peredelkino , dans le voisinage et le souvenir de son ami Boris Pasternak et de bien d’autres) et les USA (l’Oklahoma, où il a enseigné à l’université de Tulsa).

Le poète russe Evgueni Evtouchenko, figure emblématique de l’époque du Dégel en Union soviétique, est décédé à 84 ans aux Etats-Unis, le samedi 1er avril 2017. Le 31 mars, Evtouchenko avait été hospitalisé dans un état grave dans la ville étatsunienne de Tulsa (Oklahoma). Il est mort durant son sommeil, d’une insuffisance cardiaque.  Evgueni occupe une place de choix dans le numéro 44 des Hommes sans Epaules, conçu de son vivant et qui devait paraître, nous l’espérions, de son vivant. Il n’en sera rien. Hommage à Toi Evgueni, qui reposeras à Peredelkino, non loin du tombeau de Boris Pasternak.

Christophe DAUPHIN

(Revue Les Hommes sans Epaules).

 

À lire, en français : Trois minutes de vérité, Poèmes, (Julliard, 1963), Autobiographie précoce (Julliard, 1963), De la cité du Oui à la cité du Non, Poèmes, (Grasset, 1970), Les Baies sauvages de Sibérie, roman, (Plon, 1982).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules



 
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