Anonyme TCHÉTCHÈNE

Anonyme TCHÉTCHÈNE



Avant 1994, on ne connaissait guère les Tchétchènes (que les officiers russes appelaient "Français du Caucase" au XIXe siècle). Maître de son destin dès le XIVe siècle, ce peuple irréductible du Caucase (dont la religion prééminente est l'Islam sunnite depuis le XVIIe siècle), n'a jamais renoncé à sa liberté. Pas plus sous le joug des tsars que sous les bombes de Vladimir Poutine. il n'est guère d'exemple dans l'histoire, d'une lutte si déterminée, si inégale (et dans l'indifférence de la communauté internationale), contre l'oppression. De déportations en massacres, cette république suppliciée n'a pu compter que sur elle-même. Selon les organisations non-gouvernementales, le nombre de civils qui ont péri pendant les deux guerres (1994-1996 et 1999-2000) qui opposèrent l'armée fédérale russe aux indépendantistes tchétchènes, est estimé entre 100 000 et 300 000, sur une population de 1.200.000 habitants. La tradition orale possède une grande influence en Tchétchénie. Bien sûr, les thèmes de la Mère-patrie, de la liberté et du deuil, sont récurrents. Le poème est le genre littéraire d'élection en Tchétchénie. "Nous sommes nés dans la nuit", est le plus célèbre, redevenant même l'hymne national en 1990 (comme il l'avait été entre 1917 et 1919, lorsque les Tchétchènes s'étaient cru débarrassés de la domination russe). "Nous sommes nés dans la nuit où la louve mettait bas ses petits, - au matin, on nous donna des noms, au rugissement du lion, - nos mères nous nourrissaient dans l'aire des aigles de la montagne, - nos pères nous apprenaneint à dompter les taureaux..."

Christophe DAUPHIN

(Revue Les Hommes sans Épaules).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : LES POETES DANS LA GUERRE n° 15