Anastassia POLITI
Anastassia Politi est née à Athènes, mais son enfance fut marquée (« Nous suivions mon père au gré de ses affectations ») par l’air marin de Céphalonie, la mer ionienne, Thessalonique, puis Agrinion, Patras et de nouveau Athènes où elle achève ses années de lycée et s'inscrit à la faculté des Sciences économiques. La passion du théâtre (premier souvenir à cinq ans « Le roi Lear », avec Manos Katrakis en tournée dans la petite ville d'Agrinion), lui vient de sa mère.
A Athènes, la famille d’Anastassia Politi habite à côté du théâtre où Nelly Karras tient l'Elefthero Ergastiri Theatrikis Kinisis (Atelier libre du geste théâtral) : « J'ai eu ainsi l'occasion d'entrer dans l'aire du théâtre, avec une approche plus sensuelle et moins intellectuelle ». Elle y passe la moitié de son temps libre pendant qu'elle poursuit ses études à l'Université : « L'autre moitié, c'était en travaillant comme caissière à la banque ». Travaux pratiques en ligne avec le diplôme d'économie qu'elle prépare : « L'économie était un moyen de comprendre le monde d'aujourd'hui. La jeunesse grecque se posait à l'époque beaucoup plus de questions qu'en France. L'économie faisait partie des clés pour comprendre les nouveaux enjeux" »
Anastassia Politi s’installe à Paris pour suivre les cours d'un DEA (premier diplôme de troisième cycle) en Economie du Travail et des Ressources humaines. Son mémoire de diplôme porte sur l'économie du travail dans le théâtre. Après ses études de 3e cycle en économie à la Sorbonne, elle obtient une licence d’études théâtrales, puis, mène de front une carrière de comédienne, de chanteuse et de metteur en scène.
Comédienne, elle foule les planches du théâtre pour la première fois à Avignon en 1990 : Anastassia Politi tient le rôle de Cassandre en grec ancien - Eschyle oblige - et en français. Elle joue ensuite au sein de centres dramatiques nationaux, scènes nationales et festivals internationaux (Delphes, Paris, Moscou, Londres, Maastricht, Berlin, Québec, Vilnius, Athènes), pour Stéphane Braunschweig (La Cerisaie, de Tchékhov et Don Juan revient de guerre, d’Odon von Horvath), Jacques Lassalle (Andromaque, d’Euripide), Christian Schiaretti (Est-ce déjà le soir ?) ou encore Costa Gavras (Chypre parmi nous), François Joxe (L’Odyssée, d’après Homère), Stéphane Verru (Suréna, de Corneille), Laurence Cohen (L’Assemblée des Citoyens, tournée européenne en 2013).
Au cinéma, elle participe au film franco-allemand, Der Diplomat, de la berlinoise Antje Starost, dédié à la vie de Stéphane Hessel.
Chanteuse, elle interprète un répertoire de chants grecs accompagnée d’Alexandros Markéas, Anastasia Georgakis ou Bijane Chémirani et participe à la création de l'opéra contemporain de Michaël Lévinas (GOgol) au Festival Musica de Strasbourg. Elle chante avec Georges Moustaki pour le Festival de Gavarnie, collabore régulièrement avec l’acousmate Philippe Blanchard (Felipe Caramelos) et improvise avec les solistes Garth Knox et Dominique Pifarély. Elle présente le récital Mélina, je suis née Grecque ! (Hommage à Mélina Mercouri) au festival Est-Ouest à Die repris à Paris.
Actrice et metteur en scène, Anastassia Politi considère l’art comme un acte de résistance contre la laideur du monde et l’injustice. Elle doit sa formation d'actrice aux étroits collaborateurs de Grotowski, Ludwik Flaszen - dont elle fût un temps l'assistante- et Zygmunt Molik.
A Paris en 1994, Anastassia Politi fonde la compagnie Erinna, compagnie professionnelle de création de spectacle vivant et association à but non lucratif dont la présidente est aujourd’hui la musicienne, par ailleurs médecin, Amina Hammoutene–Grimont. Sensible aux écritures contemporaines et au croisement de différentes disciplines artistiques sur la scène, la compagnie Erinna (qui doit son titre à la poétesse de l'antiquité HPINNA), réunissant des artistes de la Méditerranée, s’inspire de l’héritage humaniste de la Grèce, revisite les grands mythes fondateurs, recherche leurs résonances dans les écritures contemporaines et propose de spectacles qui traitent de sujets d’actualité. La plupart de ses créations sont issus de commandes d’écriture à des auteurs vivants. Les recherches d’Anastassia Politi interrogent les strates politiques et philosophiques du monde contemporain, sous l’éclairage d’une pensée qui est fondatrice de notre civilisation.
Depuis 1994, entre Paris et Athènes, Anastassia Politi se consacre aux projets de la compagnie Erinna, dont la première création lui a valu une résidence de metteur en scène, au Royal Court Theatre de Londres.
Anastassia Politi et la compagnie Erinna sont lauréats de la Bourse de Création d’avant-garde Sarane Alexandrian 2016 de la Société des Gens de Lettres.
Christophe DAUPHIN
(Revue Les Hommes sans Epaules).
Parmi les créations de la Compagnie Erinna, signées Anastassia Politi :
Fête païenne sur fond de mer Egée au Théâtre de l’Ile Saint-Louis à Paris et au festival Théâtres au cinéma à Bobigny. Récital poétique et musical, à partir de poètes grecs du 20eme siècle et des chants rébétiko.
Médéa / Fictions, trilogie contemporaine, créée à la Maison de la Culture / Scène nationale de Bourges, dans le cadre d'un Atelier théâtral national. Spectacle composite qui interroge le mythe de Médée. Textes inédits de Serge Saada, Michel Simonot et Elsa Solal et des extraits d’Euripide, sur une musique de Philippe Blanchard (commande d'état pour la musique) et de Wolfgang Stryi (de l’Ensemble Modern de Francfort). Reprise des deux premiers volets au Théâtre Gérard Philipe – Centre dramatique national de Saint-Denis, à l'Atelier du Rhin-Centre Dramatique Régional d’Alsace, à la Cartoucherie de Vincennes, aux festivals In front of the audience à Maastricht, Eros Théâtrou à Athènes/Delphes et au Bruit de la neige à Annecy.
Là où ça fait mal, de Christophe Pellet, création au Théâtre national de Dijon – Centre dramatique national de Dijon-Bourgogne, dans le cadre des Rencontres Internationales de Théâtre de Dijon. Reprise à la Scène nationale d’Alençon-Flers, à l’Atelier du Rhin-CDR d’Alsace et à l'Espace Lilas en scène à Paris.
Pour Aphrodite, textes de Baptiste-Marrey et d'un ensemble de poètes (chypriotes, grecs et turcs), création au Festival international Kypria, à Chypre, spectacle repris en France, au Festival Théâtral du Val d'Oise, au Centre des Arts d’Enghien-les-Bains, à l'Auditorium de Saint Germain-des-Prés à Paris, et au Festival Bruit de la Neige à Annecy ; en Suisse, au Centre culturel Neuchâtelois - Théâtre du Pommier. Ce spectacle liant journal de voyages, poésie, musique et projection d'images est tiré des Carnets des îles de Baptiste-Marrey (éd. le Temps qu'il fait) et du recueil Proses et poésies Chypriotes.
Daniel Varoujan, le poète de la terre rouge d'Arménie, poèmes de Daniel Varoujan, chronique et poèmes de Christophe Dauphin ; spectacle crée à l'Espace Château-Landon, Paris, le 11 mai 2007.
Chants et poètes de Grèce, spectacle crée à la salle Rossini, Paris. Anastassia Politi accompagnée par Spyros Halaris (oud, quanoun) et Andréas Linos (viole de gambe.
Sappho/poèmes dits et dansés, création au Festival européen de grec et de latin.
Epitaphe de Phryné pour sa sœur Iranienne, création pour le 6e Festival du Théâtre iranien en exil à Paris.
L'Homme est une île ancrée dans ses émotions, de Christophe Dauphin, deuxième volet du diptyque « Surréalisme, encore et toujours ! », (le premier volet est une adaptation scénique du roman-poème de Sarane Alexandrian, Les Terres fortunées du songe), crée le samedi 13 novembre 2010, à la Maison de la Poésie de Saint-Quentin-en-Yvelines.
Socrate parmi nous, un diptyque dédié à la figure du philosophe qui se compose de deux spectacles : la pièce inédite de l'écrivain Sarane Alexandrian (Socrate m'a dit), qui présente une vision du philosophe aux antipodes de celle transmise par Platon, et Cabaret Socrate, un spectacle musical et théâtral à voir en famille à partir de onze ans, montage d'extraits de l'œuvre de Platon, de Xénophon et d’Aristophane (coproduction : Maison de la Poésie de Saint-Quentin-en-Yvelines et compagnie Erinna, en coréalisation avec le 20eme Théâtre et l'Espace Jemmapes à Paris).
Les Grandes Inventions de la Préhistoire, de Roland Nadaus. Récital de poésie créé à la Ferme de Bel Ebat-Théâtre de Guyancourt pour la Biennale de la Poésie de Saint Quentin en Yvelines.
La Flottille, de Grèce à Gaza, créé en mars 2012 au Théâtre des Quartiers d’Ivry-Centre dramatique national du Val de Marne, à partir de textes de Mahmoud Darwich, Amir Hassan, Constantin Cavafy, ainsi que des extraits du livre de Thomas Sommer-Houdeville, « La Flottille » (éd. La Découverte, 2011). Le spectacle a tourné tout au long de la saison 2012-2013 en Ile-de-France.
De l’Eros, poèmes de Sapho, Homère, Eschyle, Alcée, Hésiode, Sophocle, Erinna, Platon, en grec ancien, par Anastassia Politi, accompagnée à l’oud par Adel Bouallègue.
Pavlos, tu vis !../ Grèce résistante, créé au Théâtre d’Ivry–Antoine Vitez. Spectacle dédié à la mémoire de Pavlos Fyssas ou Killah P., rappeur antifasciste assassiné le 18 septembre 2013 par des néo-nazis grecs ; Il comporte des chansons et musiques de Pavlos Fyssas et des poèmes de Tassos Kourakis, tirés du recueil Le printemps est reporté jusqu’à nouvel ordre (éd. L’harmattan 2015).
Tzigane, le poème gitan, poème-fleuve sur l’histoire du peuple Rom, de Cecilia Woloch a été créé le 19 février 2017 théâtre Carré Rondelet, à Montpellier. (Mise en scène : Anastassia Politi - Scénographie : Gilles Delordre – Musique : Philippe Blanchard - Avec Joanne Furlan, Konstantinos Graham). Ce projet a obtenu la Bourse de Création d’avant-garde Sarane Alexandrian 2016 de la Société des Gens de Lettres.
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HOMMAGE A KONSTANTINOS GRAHAM
Konstantinos Graham, rapeur et comédien, fils d’Anastassia Politi, s’est « endormi » le 24 avril 2017, à l’âge de 20 ans, à Montpellier.
Every now and then / De temps en temps
texte de Konstantinos Graham
Every now and then,
I need a counseling session from a King,
De temps en temps
J’ai besoin d’une séance pour consulter un roi
Imagination’s necessary,
Dreams are proof, even bulletproof of it,
As long as you don’t shoot at it,
L’imagination est nécessaire
Les rêves en sont la preuve et même des pare-balles
tant que vous ne tirez pas dessus
Je suis tombé de la montagne
pour en escalader une plus haute
Mes rimes sont simples utiles
juvéniles
If the hate of a mother towards her child can make a man Great,
Imagine what love can do to him or her,
Si la haine d’une mère envers son enfant peut rendre un homme grand
imagine ce que son amour peut faire de lui ou d’elle
La foule perd conscience
car il n’y a pas de consistance dans sa persistance
Inversement
elle bricole du Futur en permanence
se prétend connaisseur
L’esprit s’est brisé
d’autre part
le flux de ma pensée est aussi unique que l’antilope verte
et j’ai besoin de l’intelligence des autres
pas d’un zombie cependant
Certes
J’ai choisi le chemin du poète
Et je peux être le diable
je peux être toi
Alors serre ton esprit
sinon il glissera et dérivera dans toi
Και όταν σου λέω ότι ξέρω κάτι
Σημαίνει ότι δεν ξέρω κάν
19 ans
Tel un sophiste j’étais dans mes pensées
alors l’infanterie médicale m’a enfermé
pour me soumettre à une stratégie de récupération stupide
Je me sentais comme s’ils voulaient que je retienne
que je maintienne
un pet
Pas de rires
pendant que le système vous forme
pour que vous deveniez personne
Mais dans l’harmonie
une âme peut s’élever
devenir énergie
synergie
-comme un bébé-comète surgissant du ventre –
Sérieusement
historiquement parlant
Me voici
Je suis KonstanT.
Je mange la douleur comme un comestible
Lève-toi et travaille
Comme l’incroyable K.
Incorruptible
crédible
pratiquement inexplicable
Le processus de traitement de l’intangibilité
c’est cela
c’est ce que je reçois
quand je respire le respect
Malgré le fait que je suis fragile
J’espère toujours
comme une ficelle attachée à une corde
Et je me moque de ce que vous pensez de moi
étant fragile et éclatant
Car l’œil de l’aigle
est le thème de ma bataille
et mentalement
je peux à peine voir
comment ne pas être moi
moi et toi-même
Donc pas de cordes attachées à T.
Sauf Dieu
tu me sens?
Je dois m’exercer
exorciser
mon ingéniosité
comme une douleur musculaire
d’un scintillement tirer
ma flamme
mon flux
Exposer la beauté
les couleurs les rayures
Comme un tigre
audacieux
je m’en irai
C’est une attitude positive
Une attitude mentale
musicale
Nous en avons besoin
Tout comme de l’expérience de la négativité
Ολα γίνονται για την προδοσία
Tout advient pour la trahison
J’ai trahi le diable
C’est pourquoi je respire encore
Je me suis retrouvé moi-même à travers de la belle poésie
C’est pourquoi je remercie tout grand esprit
Pour leur philanthropie et / ou leur philosophie
Comme Mahatma Gandhi
Ils peuvent penser que je suis arrogant
Parce qu’ils m’appellent le Caucasien
et c’est bien
Trop d’amour pour l’humanité
Peut conduire à la haine envers tout le monde
Είναι σαν να χτίζω σε στίχους,
Κοκκινίζω,
Κάθε φορά που βρέχει,
Θυμάμαι ότι είμαι ευλογημένος,
Παλιά,
Το σαξόφωνο μου ήταν το εργαλείο μου ενάντια στο άγχος,
Μαμά, είμαι διαφορετικός,
Κανένα πτυχίο για μένα αυτό το Σαββατοκύριακο, μαμά
Αν και το ξέρω,
Είναι σημάδι επιμονής…
C’est comme si je construisais avec les vers
Je rougis
Chaque fois qu’il pleut
Je me souviens que je suis béni
Une fois le saxophone était mon instrument contre l’angoisse
Maman, je suis différent
Aucun diplôme pour moi ce week-end, maman
Même si je sais
c’est un signe de persévérance
Konstantinos GRAHAM
*
Un Sonnet pour Konstantinos
J'ai choisi le chemin du poète, a-t-il écrit,
Je suis tombé de la montagne
Pour en escalader une plus haute.
Une âme peut s’élever, a-t-il écrit.
La vie est comme si on chevauchait un oiseau, a-t-il rappé -
Les ailes pleines d'ombres, le vent entre les dents -
Je suis une mélodie autodidacte.
Comment ne pas être moi? a-t-il rappé.
Chaque fois qu'il pleut, a-t-il chanté,
je me souviens que je suis béni.
Les nuages se séparent, vous savez
Le temps passe - vite puis lentement
Et quand la mort n'est-elle pas la mort?
Une âme peut s’élever, a-t-il chanté.
Cecilia WOLOCH
Los Angeles, 1er mai 2017
*
A Sonnet for Konstantinos
I’ve chosen the way of the poet, he wrote,
I’ve fallen from the mountain
to climb a higher mountain.
A soul may be rising, he wrote.
Life is like riding a bird, he rapped —
wings full of shadow, wind in his teeth —
I’m a self-made melody.
How not to be me? he rapped.
Whenever it rains, he sang,
I remember that I’m blessed.
Clouds break apart, you know
Time passes— quick then slow
And when is death not death?
A soul may be rising, he sang.
Cecilia WOLOCH
Los Angeles, May 1st 2017
Publié(e) dans le catalogue des Hommes sans épaules
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L'Homme est une île ancrée dans ses émotions |