Les Hommes sans Épaules


JEAN BRETON ou le soleil à hauteur d'homme

Numéro spécial
Numéro 22
160 pages
Second semestre 2006
17.00 €


Sommaire du numéro



Jean BRETON ou le soleil à hauteur d'homme, par Christophe DAUPHIN

Vers et proses de Jean BRETON

Bibliographie

Présentation

LETTRE A UN JEUNE HOMME AVEC LA BEAUTE POUR REPONSE

(Préface, extrait)

 
                                                      N’ayez pas honte, a priori, du vécu.

                                                     Oui, la vie, votre vie, vaut quelque chose.


                                                                                       Jean Breton

 
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Légende : Christophe Dauphin et Jean Breton, en 1999, devant la Librairie-Galerie Racine, à Paris.

 

" Présence de la cendre à chaque instant du soleil. Un jour, le jeu des os peints sur le désir fera sortir de toi toute la lumière qui tombe en neige sur les hanches du matin. Dans la rue, jeune homme, tu iras, seigneur de tes pas, colporteur de ta solitude, cherchant une image que personne n’a vue et dont le regard est trop grand pour ton visage. Tu penseras à Jean Breton, à son ombre, mangée le 16 septembre 2006 par un crabe carnivore, à la trace que le vent déchire dans une nuit sans paupières. Tu penseras à Jean Breton, qui était la vie et non la mort, qui lui va si mal. Jean Breton qui, durant toute son existence, n’a jamais cessé d’être un poète intransigeant et d’une fidélité exemplaire à ses idées. Jean Breton, qui a écrit pour l’homme ordinaire, pour l’homme humilié, pour les amants aussi ; sans oublier la jeunesse, qui a un amour très profond de la poésie, car elle répond à la complexité de ses problèmes, à la dimension de ses passions.

 Jean Breton ne s’est jamais retranché derrière la littérature pour faire exulter imaginaire. Car, écrire, c’est vouloir se fouiller, plaider pour soi-même, rencontrer autrui au plus profond, donc communiquer, dénoncer aussi les aliénations, laver le vocabulaire, promouvoir en rêve des gestes qui deviendront un jour des actes. Ainsi l’a vécu Jean Breton, pour qui l’écriture charnelle, tout sourire, a toujours été plus facile qu’écrire « gris ». Car, dans l’érotisme, si l’on creuse, on trouve une distance, un théâtre-miroir de soi-même, une pavane sur les parvis du mystère de l’être. L’amour exalte le meilleur de l’homme, et Jean Breton en fut le poète.

 Parler de lui et de poésie revient donc au même. Je l’ai d’abord lu, avant de le rencontrer en 1988, au sortir d’une adolescence, qui fut tumultueuse, comme la sienne. J’avais 20 ans, presque ton âge, jeune homme. L’Eté des corps était alors un de mes livres de chevet. Il l’est resté. Jean était un aîné attentif, chaleureux, convivial, disponible et fraternel, comme le sont sa poésie et les vins qu’il affectionnait, le Lirac ou le légendaire Châteauneuf-du-Pape. Jovial, son humour savait aussi être piquant. Ce qui était surprenant, c’était cette sorte de retenue, qu’il avait dans le quotidien, alors qu’il se lâchait, y compris sur sa vie privée, comme personne, dans le poème.

 Nous étions très proches. Jean  Breton ne m’apparaissait  pas pour autant comme un « père », mais, à l’image de Sarane Alexandrian, Jean Rousselot ou Henri Rode, comme un  « anti-père ». Le père est celui qui impose des devoirs, l’anti-père est celui qui revendique des droits pour lui et pour les autres : la vérité du cœur, la fin des inhibitions et des hypocrisies. Etre enfin maître de sa route et échapper aux ordres. Ce que j’appréciais le plus chez lui, outre son talent, c’était sa droiture et sa fidélité aux amis, son engagement humain et son humilité. N’avait-il pas écrit : « Je n’ai jamais envié quoi que ce soit à personne, étant sans jalousie ni haine. Ne penser qu’à l’argent, urticaire du loup, non merci ! Choisir la panse d’or ? Déshabillez-vous sans moi ! (D’ailleurs, j’ai tout perdu et je m’en fiche.) Orgueil, sans doute, accompagné de cet ennui affreux devant les chiffres. J’aimerais les voir répandus davantage, ces défauts, en notre démocratie libérale ». Ce fut tellement vrai.

 Jean Breton, le critique, était aussi redoutable que clairvoyant, de ceux, trop rares qui, compétents, disent ce qu’ils pensent et vous font avancer, progresser. Jean Breton et,jean+au+rocher+des+doms.jpg bien sûr Alain, ont été mes premiers lecteurs, mes premiers critiques, mes premiers éditeurs, mes amis solaires. Puis, sont venus naturellement, Guy Chambelland, Yves Martin, Claude de Burine, Jean Rousselot, Jacques Kober, bien d’autres, surtout Henri Rode, ensuite Sarane Alexandrian. J’aime ces hommes-silex autant que leurs poèmes porteurs de feu, et je sais ce que je leur dois. Tout comme Jean, en choisissant la poésie, j’ai choisi la vie et gagné une famille, des frères et des sœurs, des cousins et des aînés.

 Poète de l’émotion, Jean Breton n’est pas seulement l’un des poètes majeurs de sa génération, mais aussi et surtout, un phare pour les jeunes poètes de ce nouveau millénaire. En effet, conçu comme une lettre aux poètes, le fameux Poésie pour vivre, le manifeste de l’homme ordinaire, n’est-il pas avant tout un art de vivre et de penser en poésie ? Le poète y apparaît à la fois comme un soleil et une fraternité en exil au milieu de ses semblables. L’amour et la révolte fusionnent chez lui, à travers les chemins de l’introspection individuelle. « C’est compliqué mais c’est ainsi. Je n’ai jamais voulu « écrire pour écrire ». La moisson du cœur, la dextérité du regard, l’incantation syllabique me paraissaient les bienvenues chaque fois qu’une force me poussait hors de mes gonds, en me troublant ou m’exaltant. A défaut, motus, » peut-on lire dans son journal, Un bruit de fête. Ces propos illustrent parfaitement la démarche d’une vie et d’une création entièrement vouées à la poésie, qui est élevée au rang de mode de vie.

 Pour Jean Breton, la poésie aurait été une bien médiocre chose si elle n’avait pas entraîné dans son sillage la vie entière, pour reprendre la juste formule de René Guy Cadou. Car, écrivant sur Jean Breton, je dis que là où toutes les dimensions humaines ne sont pas brassées par elle, alors, la poésie ne signifie rien, et il est absurde de lui accorder la moindre importance, dès lors que l’émotion ne constitue pas son vade-mecum, son passeport pour l’absolu. Guy Chambelland et Jean Breton sans souci de théorisation, ont été les premiers à parler d’émotivisme en poésie, allant à l’encontre de ce langage qui, produit en laboratoire, n’est qu’une courroie de transmission parmi les autres, d’une pensée matérialiste qui a damé le pion au je. C’est pour leur rendre hommage que j’ai repris et développé ce concept. Je qualifie d’émotiviste, que nous défendons, et dont Jean Breton, à la suite de bien des aînés, allant de Villon aux surréalistes, est un des protagonistes. J’appelle poésie émotiviste toute création vécue et ressentie vitalement dans les surprises, les soubresauts et parfois les râles de l’aventure intérieure. Cette poésie se soucie fort peu des déviations qui ont pour nom recherche esthétisante, logorrhée langagière et autres, ou de celles  qu’un monde rendu moins sensible par l’usage systématique de sentiments réduits à des figures de style lui a imposées envers et contre tous ceux pour qui la poésie est un enjeu fondamental. N’ayons garde d’oublier que, pour le plus grand nombre, la poésie, qui devrait être pure exaltation de la liberté, joutes de l’être avec lui-même, se confond souvent avec les bibelots d’un simple prurit sentimental, forme dégradée, pour nous, de son expression.

 Les principes que nous évoquons, aveu ou départ, et Jean Breton en est l’un des récipiendaires mettent toujours le cap sur l’EMOTION. C’est pour la servir que notre cœur bat. La poésie est une extase. Une tension extrême de tout l’être hors de lui-même vers sa vérité : nous formons le vœu qu’elle nous arrache les cris les plus étonnants ; des cris qui renversent, des cris qui brisent les vitres et les portes toujours fermées des maisons vides ; des cris qui peuvent bien s’exténuer et se ruiner, mais dont il reste toujours assez d’éclats dans l’air pour que  nous nous entendions au moins une fois aimer et vivre, pour que nous entendions ces cris qui ne nous appartiennent plus dès qu’ils ont quitté nos lèvres, qui ne sont plus à personne parce qu’ils sont ceux de l’homme dans la solitude et dans l’amour.

 Nous devons à Jean Breton le fait d’avoir instauré la présence de l’homme ordinaire dans le poème, par un réalisme inédit, allié à une quête perpétuelle du désir, qui le place aux côtés des plus grands poètes de l’amour : Paul Eluard, Lucien Becker, Alain Borne, Marc Patin, Jean Malrieu, et quelques autres.

 Chez lui le poème n’est jamais production artificielle, pirouette linguistique ou verbalisme asséchant. Se méfiant du cynisme comme du décoratif culturel, le poème colle au plus près de la réalité, du vécu de l’homme ordinaire, statut que le poète a toujours réclamé pour lui-même.

 Chez lui, le « Je » n’est individualiste que pour mieux rejoindre le collectif et tendre vers une aspiration idéale à propos de laquelle le poète demeure en partie sceptique, mais qu’il appelle de tous ses vœux.

 L’œuvre poétique de Jean Breton, couvrant la période de 1952 à 1984, a été rassemblée en deux volumes, sous les titres Chair et soleil suivi de L’Eté des corps (1985) et Vacarme au secret et autres poèmes (1996). Il faut y ajouter l’érotisme peu commun du chant d’amour qui se dégage de Serment-tison (1990), et surtout de Nus jusqu’au cœur (1999), et de Robe-cobra (2004).

 Tout entière absorbée par la vie, la poésie de Jean Breton est guidée par l’instinct, la perception et l’émotion souveraine – le tout au service d’une lucidité déchirée. Car il y a chez Jean Breton un ironiste douloureux, jusque dans le crédit qu’il fait à l’homme : Une douleur intense coupe mes veines : – Où sont mes vrais amis – ceux que j’avais marqués des derniers signes de mon espoir – pour mieux les reconnaître ?"


Christophe DAUPHIN

(in JEAN BRETON ou le soleil à hauteur d'homme, in Les Hommes sans Epaules n°22, 2006).

 

Légende (photo, en haut à droite): Jean BRETON sur le rocher des Doms, à Avignon. eté 1947.

 

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Légende: Jean et Michel BRETON devant leur librairie, 184 boulevard Saint-Germain, à Paris.

 


CE SOIR



Ce soir, il fera plus noir que d’habitude

Avant minuit les pins déjà prennent une allure

de condamnés.


Pourquoi me refuser à ce cri qui me viole ?


J’ai envie de vomir.

Roulent les pierres de toutes couleurs entassées

dans mon cœur

sous la bâche trouée de ma mémoire

et m’écrase ton merveilleux dédain

qui s’évanouit dès l’aurore.


Protégé par mon hiver taciturne

je cherche un chant propre à éblouir la neige.

J’ai beau avoir brisé les jarrets de la souffrance

et expédié dans un autre monde les délires de la foi,

cette faim d’amour me torture

si je laisse échapper peu à peu mon emprise sur le royaume souterrain.


Triste hiver, hiver lamentable, sans idéal,

un bourreau seul pourrait m’entendre, me comprendre

– ce confesseur nostalgique de la mort –

et si ma mémoire ne se sépare pas de tes mille crimes, Seigneur !

il me reste pourtant l’anathème,

et ma haine, et l’obscénité

et je lancerai ces mots en caravane

à travers la pampa de l’absolu.


Non ! Nous ne sommes pas promis aux anges

ni aux musiques dosées des nuages bleus,

nous sommes vivants et criminels,

simplement vivants, criminels irresponsables,

pour le court-métrage d’un bref tapis d’existence,

sans crainte et sans espoir,

l’œil braqué sur la pendule de l’Histoire,

un verre à la main,

lucides et fiers,

capables de tous les bilans,

prêts à nous faire couper la tête sans façons.


Jean BRETON

(Poème extrait de Christophe DAUPHIN, JEAN BRETON ou le soleil à hauteur d'homme, in Les Hommes sans Epaules n°22, 2006).

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 Légende : Jean et Maria BRETON, à Paris, en 1994.

 

JE NE RENONCE A RIEN

Je ne renonce à rien

pas même à regarder le chien qui nargue les poubelles

pas même à l’amour trop fardé des anonymes

pas même au ciel de minuit, riche banque aux étoiles.


J’ai bâti ma vie sur toutes les étreintes

on ne peut m’enlever maintenant mon désespoir

qui court comme un juron d’une herbe à l’autre

sans rencontrer d’obstacle.


La lampe grouille, un chat se noie dans la lune,

ses poils dressés en épines d’oursin.

Ma chambre devient petite comme un poing serré

qui mate mes sursauts de rage.


En vain ai-je murmuré : « J’aime quelque chose ! »

l’univers entier m’a montré les dents,

son drapeau rouge.

Je vais m’asseoir sur une colline serrée de près par les ténèbres,

compter mes doigts qui dansent, qui grelottent.

L’écho même s’est enterré au fond du vallon

(pendant que l’été faisait son testament à haute voix)

sous les racines des arbres paralysés.


Jean BRETON

(Poème extrait de Christophe DAUPHIN, JEAN BRETON ou le soleil à hauteur d'homme, in Les Hommes sans Epaules n°22, 2006).

 



Revue de presse

2006 - À propos du numéro 22

    « … C’est Christophe Dauphin, un fidèle, qui, lui ayant consacré déjà un ouvrage important, Jean Breton ou la poésie pour vivre, récidive avec un numéro spécial de la revue (HSE n°22), qu’il intitule Jean Breton ou le soleil à hauteur d’homme. Ce poète, également animateur, valait comme tant d’autres ce genre d’efforts. Dauphin d’ailleurs est coutumier du fait et a rendu ce service à Marc Patin, Sarane Alexandrian et Jacques Simonomis. Je souhaite à tous les modestes de tels amis, pour que vivent les poètes disparus dans la mémoire des générations suivantes. Mais il faut avouer que c’est infiniment rare et que s’il existe des fidèles, ils ne sont pas toujours des essayistes. Les pauvres poètes souffrent… »
    Paul Van Melle (Inédit Nouveau n°213, juin/août 2007).

    « Christophe Dauphin rend un bel et sérieux hommage à Jean Breton (HSE n°22), fondateur des Hommes sans Épaules et figure de la poésie française des années soixante, soixante-dix, « poète intransigeant et d’une fidélité exemplaire à ses idées »… Christophe Dauphin rappelle le cheminement du poète venant du surréalisme, écrivant des romans érotiques et de nombreuses notes critiques. »
    Bernard Fournier (Aujourd’hui poème n°83, septembre 2007).

    « Dans le numéro 38 de Rimbaud Revue, Christophe Dauphin donnait un large texte (suivi d’un choix de poèmes) pour célébrer Jean Breton qui est mort l’an dernier. Dans les Hommes sans Épaules n°22, il développe ce même texte et propose une large anthologie de poèmes, les deux parties étant séparées par un cahier de photos. Je ne reviens pas sur l’action éditoriale de Jean Breton (voir Verso précédent) ; je ne m’attarde pas sur sa vie d’homme (Ch. Dauphin par ce biais explique bien des versants de la poésie de Jean Breton), je reprends juste quelques critiques de l’époque citées par Ch. Dauphin… pour retenir ce qui est le plus intéressant (à mes yeux) dans ce n° des Hommes sans Épaules : l’anthologie. Les poèmes de Jean Breton sont à la fois rugueux (fortement prosaïques), énergiques et amples, débordants d’images, de sève, remuants de chair vivante et chargés de colère, d’indignation… Ce sont les poèmes d’un homme qui prend son époque, sa vie à bras le corps ; parmi tous ces poètes qui visent l’intemporel, l’indicible, le vrai poète et autres divins saucissons, c’est une qualité qui me plait.»
    Christian Degoutte (Verso n°130, septembre 2007).

« Une revue peut revêtir toute sorte d’apparence. Une des formes extrêmes de ses avatars possibles, c’est quand elle touche aux confins du livre. C’est le cas avec ce numéro 22 des Hommes sans Épaules, qui est consacré entièrement à Jean Breton, disparu il y a peu. La moitié du numéro est composée par le rédacteur en chef, Christophe Dauphin, d’études de son œuvre. Celles-ci sont ponctuées de morceaux d’entretien et suivent la chronologie des recueils, sans négliger l’apport biographique. La seconde offre une anthologie de ses proses et poèmes. Entre les deux, un cahier iconographique permet de mieux suivre et connaître le personnage… Lire Jean Breton donne envie d’écrire, tant son écriture rafraîchit et enthousiasme. En tous les cas, cette livraison fait le point exact sur cette personnalité à la fois humaine et solaire. »
    Jacques Morin (« La Revue du mois », site internet de la revue Décharge, 14 juin 2007).

    « La revue Les Hommes sans Épaules a consacré un numéro spécial (HSE n°22), illustré, à Jean Breton. Ce poète-critique-animateur-éditeur en fut le fondateur, en 1953, ainsi que de la célèbre revue de renommée internationale Poésie 1… Christophe Dauphin nous livre là une étude très vivante sur Jean Breton. Elle constitue la première moitié de l’ouvrage, la seconde étant consacrée à un choix de vers et de proses du « Poète de l’amour », dont l’œuvre est constellée de pépites. »
    Francesca Y. Caroutch     (Traversées n° 48, automne 2007).

    « Les HSE n°22 : Jean Breton ou le soleil à hauteur d’homme. Retour sur un demi siècle  de poésie à travers la vie d’un homme qui en fut une sorte « d’homme-orchestre » et qui également poète nous rappelle un peu cruellement mais certainement justement qu’on ne peut pas faire de petits cadeaux de temps à l’écriture. Il faut lui consacrer sa vie. »    
    Yves Artufel (Liqueur 44 n° 77/76, hiver 2007).

    « Ce n°22 des HSE, Jean Breton ou le soleil à hauteur d’homme, est un véritable essai consacré par Christophe Dauphin à l’homme orchestre de la poésie contemporaine, décédé à 76 ans, après une vie bouillonnante et passionnante qui s’est confondue avec la défense de la poésie… Un cahier de photos, une anthologie de 65 pages et une bibliographie complètent cet ensemble exhaustif. »
Marie-Josée Christien (Spered Gouez n°14, février 2008).