Roger FRENE

Roger FRENE



Roger Frène, de son nom véritable Émile-Roger Fraysse, naquit le 18 janvier 1878, à Rodez, où son père fut successivement receveur de l’enregistrement, puis conservateur des hypothèques. Roger Frène étudia d’abord dans un collège de prêtres voisins de la ville. Il entra ensuite au Lycée dont il fut un élève moyen. En 1896 il se fit remarquer de ses camarades par une originale rédaction en vers sur le chat. L’année suivante, il obtint le diplôme de bachelier Lettres-Philosophie. Après quoi, ses obligations militaires remplies, il commença une longue carrière de fonctionnaire. Son premier poste semble avoir été celui de surnuméraire de l’enregistrement à Albi, en 1901.

Frène début alors la vie littéraire avec deux jeunes poètes du Tarn, Charles Bellet et Albert Vidal. Il participe à la création de La Revue Provinciale.  Deux ans plus tard, titularisé, Roger Frène se rend à Pont-de-Salars en qualité de receveur de l’enregistrement. Il poursuit sa collaboration à La Revue Provinciale, et met au point un recueil De poèmes qu’il intitule Paysages de l’âme et de la terre (1904). À cette époque, il reçoit la visite de Francis Carco qu’il héberge et qui partage ses randonnées à travers la campagne sauvage et solitaire du Lévezou. En 1904, il se trouve à Aurignac (Haute-Garonne). Il se marie. De cette union, il aura trois fils.

Au cours de cette période, 1904-1908, il a écrit un second recueil, Les Sèves originaires (1908), précédé d’une pièce de théâtre, coécrite avec Henri Bourjade La Cathédrale (1907). Dans la Haute-Garonne, à Laguvin, vers la fin de l’an 1909, il collabore avec Michel Puy, Tristan Derême et Louis Pergaud, au lancement de L’Isle Sonnante. Puis il est nommé à Sombernon (Côte-d’Or) où il reste jusqu’en 1913. Au nouvel an de 1914, le hasard des nominations le ramène « au pays » à Saint-Geniez-d’Olt. Nouvel exil en 1920 à Caumont-l’Éventé (Calvados) et vers 1922 au Chatelet-en-Brie.

Entre temps a paru, grâce à l’amitié de Francis Carco, sa dernière œuvre en librairie, Les Nymphes (1920), ornée de cinq dessins d’Amedeo Modigliani. La gloire lui tend les bras. Mais Roger Frène résiste à cet appel et préfère continuer son œuvre, à l’écart, modeste et consciencieux. De juin 1923 au 30 avril 1931, Il s’éloigne de la capitale et réside à Saint-Pol (Pas-de-Calais). Le 1er mai 1931, c’est Amiens qui le compte comme habitant et il ne revient à Paris qu’en 1934. Frène y mène une existence de travailleur obscur.

Il s’en retire en 1939 au moment de la déclaration de guerre et prend sa retraite à Vimenet où, vraisemblablement des suites de la maladie de cœur dont il est atteint, il meurt, le 17 décembre 1939. Son corps est inhumé au cimetière de Perse. Chez Frène ; nul souci d’obéir à la mode, nul souci volontaire de ses soumettre aux disciplines d’une école ou d’un parti. À chaque instant plus anxieux de la perfection de son message, plus sévère à l’égard de son mode d’expression, il n’eut jamais que l’inquiétude de son art. Ce n’est pas dans son œuvre certes qu’il convient de glaner les éléments d’un mysticisme religieux…

Mais un vrai chant du monde, un hymne frémissant à la gloire des êtres et des objets, un douloureux hommage au désir insatiable… Sa seule religion fut la religion de la nature. Et ses poèmes en vers n’en sont que les psaumes dénués d’artifice et de mystère…

Il n’en reste pas moins que l’ensemble de Paysage baigne dans l’atmosphère du pays natal et l’auteur lui-même en fait la confidence : J’ai parlé dans mes vers – De ce Rouergue, énorme et souriant, divers – Pays de rudes monts où le feuillage ondoie, - Où je vis, j’aime, souffre et goûte quelque joie…      

 

Jean DIGOT

(Revue Les Hommes sans Épaules).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : Ilarie VORONCA, les poètes du Rouergue et du Gévaudan n° 59