Michel HEROULT

Michel HEROULT



Michel Héroult (1938-2011) est né à Caen. Docteur de troisième cycle en sociologie politique, il a été très tôt un animateur passionné de revues poétiques. Il a notamment co-dirigé la revue Le Puits de l’Ermite, avec Jean Chatard, Robert Momeux et Jean-Pierre Lesieur, puis Soleil des Loups, avec Jean Chatard, Jacques Simonomis et Jean-Claude Roulet, ainsi que La Nouvelle Tour de feu, fondée avec Liliana Klein.

Il fut également éditeur, à l’enseigne des éditions du Soleil Natal. « Mon chant porte témoignage de la souffrance bue jusqu’à l’absurde. Je n’ai jamais désespéré ; jamais dit oui, ni non, emprisonné dans le dilemme », a-t-il écrit.

Par ses poèmes, qu’il qualifie lui-même de « foudroyés », par le signe, le symbole, la représentation onirique, le questionnement, la poésie allégorique de Michel Héroult donne à lire des regards « comme autant de pierres éparses ». Le poète crie sa soif d’absolu « à la faveur de l’ombre » et « gravit les échelles du ciel ». Michel Héroult  a servi la poésie, non pas celle des pétards mouillés, mais celle du feu, comme il a, frère d’Hiram, porté, sa vie durant, des valeurs fraternelles qui lui étaient propres.

En 1982, alors que Pierre Boujut fermait sa « tonnellerie », Michel Héroult prenait la relève avec La Nouvelle Tour de Feu, une revue qu’il sut faire perdurer et évoluer en toute indépendance, y compris vis-à-vis de la grande sœur, que fut La Tour de Feu de Jarnac, dont il fut membre du comité de lecture. Ce n’est pas rien.

Derrière l’homme au regard méfiant, perçait la bonhomie du personnage. Derrière le colosse normand, se trouvait un être subtil et d’une réelle finesse intellectuelle, critique et artistique. Derrière l’éditeur, à l’enseigne du Soleil Natal, il y avait encore et toujours l’homme blessé, c’est-à-dire : le poète ; c’est-à-dire, la part la plus noire et la plus solaire de Michel Héroult ; la part, la plus douloureusement magnifique, portée à son plus haut pic par Les Poèmes foudroyés et Les Élégies premières, ses maîtres-livres.

Ne pas oublier aussi, Quatre temps du poème, moins connu, mais qui apprivoise tout autant l’obscur, la plaie au ventre. "Riverain du feu » et « Riverain des falaises », au sein de mes deux anthologies, parce que sa place était dans la première, celle de l’Emotivisme, comme dans la deuxième, celle de la Normandité, Michel Héroult nous laisse ses poèmes pour que nous soyons éclairés de l’intérieur.

À lire : La Chanson du vent (Centre d’art national français, 1962), Les Mémoires héréditaires (Plein Chant, 1978), Les Poèmes foudroyés (Soleil Natal, 1991), Quatre temps du poème (Soleil Natal, 1994), Les Élégies premières (L’Arbre à paroles, 1995), Poèmes pour éclairer la mer (Le Nouvel Athanor, 2000), Anthologie (Le Nouvel Athanor, 2012).

Christophe DAUPHIN

(Revue Les Hommes sans Epaules).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules




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