Louis GUILLAUME

Louis GUILLAUME



C’est en Bretagne, élevé par sa grand-mère maternelle, que Louis Guillaume (1907-1937) vit jusqu’en 1914 la plus heureuse partie de son enfance dans l’île de Bréhat: le souvenir de cette enfance perdue est la première source de sa poésie. Toute sa carrière professionnelle sera consacrée à l’Enseignement dans la région parisienne puis à Paris même : instituteur, puis professeur de collège, enfin directeur d’établissement. Il fut l’ami notamment de Max Jacob et de Gaston Bachelard avec qui il échangera d’importantes correspondances. La publication de L’Âme romantique et le Rêve, par Albert Béguin en 1937, puis celle des livres de Bachelard à partir de 1940, marquent des dates décisives pour son évolution poétique.

Louis Guillaume aura passionnément traduit l’écriture des rêves autant que les métamorphoses naturelles. Ce « déraisonnable sage », comme il s’est lui-même qualifié au terme de son plus grand livre, Agenda, parcourait un univers secret, tant de douceur que de violence. Cela, par une contemplation obstinée des êtres et des choses, qu’il drainait vers le poème en une démarche tenant, selon Jean Rousselot, « moins de l’invention que de la médiumnité».

Poète d’un silence songeur tout mêlé de la mouvance des éléments, comme l’a noté Bachelard lui-même, Louis Guillaume est une île habitant la brume et le sel du mystère et des symboles. C’est à dégager tous les harmoniques d’une note profonde vibrant pour lui dans le monde et dans l’homme, qu’il s’emploie à cerner les formes dans les rythmes, et le spirituel dans le sensible. Au sommet de son œuvre, l’ambition et la réussite d’Agenda tiennent du prodige : pendant cent quatre-vingt-sept matins de suite, au réveil, le poète transcrit dix-huit vers comme sortis d’une révélation de la nuit : journal d’une ténèbre intérieure d’où naissent les clartés essentielles.

Paul FARELLIER

(Revue Les Hommes sans Épaules).

À lire : Sônes d’Armor (Gloria, 1928), Jour et nuit (Demain, 1931), Déroutes (Demain, 1934), bois gravés de J. Lugnier et A. Beloni, Sirènes de brume (Demain, 1936), Panait Istrati - Haïdouc des lettres (Mediterranea, 1936), Occident (La Hune, 1936), Regards simples (Mediterranea, 1937), Piliers de l’oubli (Mediterranea, 1938), Le coffret sous la cendre (Messein, 1938), Prix « La Proue », Les pistes entravées (Feuillets de l’îlot, 1939), Écobues (La Tour de feu, 1942), Coffret sous cendres (L’école de Rochefort, 1942), Souvenirs de Marcel Lémar et Gaston Chopard (La Pipe en Écume, 1942), Les animaux sauvages (Willeb, 1945), illustrés par G. Chopard, Le rivage désert, roman (Le Pavois, 1946), Enfant de mon sang (La Tour de feu, 1946), Pleine absence (Lib. Les Lettres, 1947), Écrit de Babylone (La Presse à bras, 1950), Noir comme la mer (Lib. Les Lettres, 1951, premier des Prix Max Jacob, 2e éd. L’Arbre à paroles 2002), Chaumière (Seghers, 1951, 2e édition L’Arbre à paroles 1999), Ombelles (Cahiers de Rochefort, 1953), Anthologie - Poésie vivante (Lib. Les Lettres, 1954), Étrange forêt (Lib. Les Lettres, 1954, 2e édition La Part commune, 2007), L’Enchanteur (Simoun, 1955), La feuille et l’épine (Les Amis de Rochefort, 1956), Le Rouet de verre (Studia, 1958), Jean Navarre, documents (Les Cahiers d’Art, 1958), Hans ou les songes vécus, roman (Subervie, 1958), Anthologie - Poésie présente (Rougerie, 1958), L’Ancre de lumière (Subervie, 1958), Présences, gravé et illustré par Jeanne Esmein (1961), La Nuit parle (Subervie, 1961, 2e édition L’Amourier, 2007), Prix Antonin Artaud, Le Vent pour mors (C.E.L.F. Bruxelles, 1962), Bonheurs (La Presse à Poèmes, 1963), Plages (L’Oiseau d’écume, 1963), Chateaubriand, maximes et pensées (éd. André Silvaire, 1963), Fortune de vent (José Corti, 1964, 2e édition 1986), Prix des Trois Couronnes, Robert Prade, poète (La Pipe en écume, 1964), En ce temps-là (L’Ancre de lumière, 1965), Le Sillage seul... (Barberousse, 1967), Mon Nil et autres histoires (Rougerie, 1968), Lux (La Presse à Poèmes, 1968), L’Île de l’enfance (Les Cahiers de l’Iroise, 1968), La Montagne de sable (Rougerie, 1970), Agenda (Subervie, 1970, 2e édition José Corti 1988, 3e édition L’Arbre à paroles 1996), Vivre (Club du poème, 1971), La Hache du silence (Rougerie, 1971), Au Jardin de la licorne (Delachaux et Niestlé, 1973), Présence de Louis Guillaume, recueil d’hommages (Rougerie, 1973), En trois coups d’ailes (Périples - Cl. Bénady, 1974; réédition Jacques Brémond, 2011), Poèmes choisis, choix de Louis Guillaume (Rougerie, 1977), Résurgences du rêve (Phénix éditions, 2003).

Depuis 1971, l’association Les Amis de Louis Guillaume délivre le Prix du poème en prose Louis-Guillaume : www.louis-guillaume.com



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules



 
Dossier : JACQUES BERTIN, le poète du chant permanent n° 26

Dossier : Poètes bretons pour une baie tellurique n° 57