Knut ODEGÅRD

Knut ODEGÅRD



Knut Ødegård (né le 6 novembre 1945), comme son compatriote Tarjei Vesaas, a choisi de s’exprimer dans cette langue chantante et propice à effusions qu’est le néo-norvégien (nynorsk) : belle langue très proche de la réalité humaine et de ces nombreux dialectes qui font la richesse de ce pays, langue non « usée » également, peut-être non abâtardie d’influences « étrangères » (danoises en fait !). Ce n’est pas parce qu’elle est peu parlée en Norvège et qu’elle n’a pas suscité nombre de très grandes œuvres qu’il faut jeter dessus je ne sais quel discrédit. Une voix comme celle de Knut Ødegård suffit à désarmer les prétendus délicats ou les critiques férus de dano-norvégien. Sa poésie chante la petite ville, els bonnes vieilles maisons fatiguées par le temps et les intempéries, lesquelles ne sont pas une mince affaire là-bas, les rues avec leur population humaine ou animale, leur circulation, leur bruit. On a coutume de s’extasier, dès que l’on parle du Nord, sur l’intime communion avec la Nature, le sens des grands éléments, mer avant tout, mais aussi forêts, montagnes, ciel, eau omniprésente, glaciers, etc. Et certes, ils ne sont pas absents chez Ødegård, mais ils auraient tendance à céder un peu le pas à cette empreinte que l’homme aura laissée dans ce décor. Knut Ødegård est originaire de la jolie province du Romsdal, à mi-chemin entre Bergen et Trondheim et plus précisément encore, d’une des plus belles petites localités de ce pays, Molde, dite la ville des fleurs. Notre auteur a chanté son Romsdal dans un recueil qui demeure probablement son chef d’œuvre, Vent par le Romsdal (1978), où justement, il associe intimement ses émotions proprement humaines et la splendeur du décor. A lire : L’Œil du cormoran, traduit du néo-norvégien par Régis Boyer, (Arcane 17), Une Seule lanterne rouge / Pâle / et au loin, traduit du néo-norvégien par Grete Kleppen et Pierre Grouix, (éditions Rafael de Surtis, 2006).

Pierre GROUIX

(Revue Les Hommes sans Epaules).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : POÈTES NORVÉGIENS CONTEMPORAINS n° 35