Jean-Baptiste TATI-LOUTARD

Jean-Baptiste TATI-LOUTARD



Jean-Baptiste Tati-Loutard est né le 15 décembre 1938, à Ngoyo, dans la commune de Pointe-Noire (Congo-Brazzaville). Après ses études de lettres en France (1961 à 1966), durant lesquelles il obtient une licence de lettres modernes (en 1963) et d’italien (en 1964) ; Tati-Loutard enseigne la littérature et la poésie au Centre d´études supérieures de Brazzaville.

En 1968, il publie Poèmes de la mer, son tout premier recueil. Dans la postface, il prend ses distances vis-à-vis de la négritude, qui a pourtant nourri sa sensibilité : « Un inconvénient de la Négritude et qui est une conséquence de toute conception essentialiste, c’est que, du point de vue de la critique littéraire on juge l’écrivain noir non pas par ce que vaut son œuvre, ce que vaut sa personnalité, son individualité artistique, mais on cherche dans l’œuvre africaine ou d’un Africain une spécificité raciale. C’est ainsi que Senghor ne relève invariablement, dans toutes les œuvres des Africains que le rythme, l’émotion, l’union avec les forces cosmiques. »

Tati-Loutard est en prise directe avec l’Afrique des indépendances : « Les « jeunes écrivains africains ont compris qu’en cherchant à tout prix à paraître nègres, ils risquaient de ne plus être eux-mêmes. » À partir de 1975, il est tour à tour ministre de l’enseignement supérieur, de la culture, des arts et des sports.

En 1997, il devient ministre des hydrocarbures. Éminemment lyrique, sensuelle, la poésie loutardienne convoque les éléments de la nature dans un double mouvement contemplatif et réflexif. Parmi les éléments, la mer occupe une place privilégiée, aux côtés de l’élément féminin, abondamment célébré. « J’ai toujours du mal à penser qu’un jour je serai rejeté du temps, que je ne verrai plus le soleil se lever ni se coucher, un peu comme André Breton disait : J’ai du mal à imaginer qu’un jour mon cœur cessera de battre. » Ainsi parlait Jean-Baptiste Tati-Loutard, décédé le 4 juillet 2009 à Paris. Tati-Loutard, en qui Senghor salua à juste titre « avec M. Félix Tchicaya, le meilleur poète du Congo. En effet, vos poèmes sont striqués de ces images analogiques qui sont paroles plaisantes au cœur et vous y ajoutez, souvent, pour le plaisir de l’oreille, des paroles mélodieuses. »

Christophe DAUPHIN

(Revue Les Hommes sans Epaules).

 

Œuvres, Poésie : Poèmes de la mer (C.L.É., 1968), Les Racines Congolaises (P.J. Oswald, 1968), L’Envers du soleil (P.J. Oswald, 1970), Les Normes du temps (Mont-Noir, 1974), Le Dialogue des plateaux (Présence Africaine, 1982), La Tradition du songe (Présence Africaine, 1985), Le Serpent Austral (Présence Africaine, 1992), Les normes du temps (Hatier, 1993), L’Ordre des phénomènes (Présence Africaine, 1996), Le Palmier-lyre (Présence Africaine, 1998), La Tradition du Songe (Présence Africaine, 2001), Œuvres poétiques (Présence Africaine, 2007). Prose : Anthologie de la littérature congolaise (C.L.É, 1976), Les Feux de la planète (Nouvelles Editions Africaines, 1977), Chroniques Congolaises (Présence Africaine, 1980), Le Récit de la mort (Présence Africaine, 1987), Fantasmagories (Présence Africaine, 1998), Nouvelles chroniques congolaises (Présence Africaine, 2000), Libres mélanges (Présence Africaine, 2003), Le masque de chacal (Présence Africaine, 2006).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : Tchicaya U TAM’SI, le poète écorché du fleuve Congo n° 54