Ismail KADARE
 
            
        
       
           
  
    Né en 1936, à Gjiroskastër, dans le sud de l'Albanie, Ismail Kadare  parachève à Moscou (il évoquera ce milieu de stricte orthodoxie  littéraire dans Le Crépuscule des dieux de la steppe), à  l'institut Gorki, des études commencées à la faculté de lettres de  Tirana en 1956. De retour en Albanie, en 1960, il se lance dans le  journalisme et publie de la poésie. Mais il est essentiellement un  maître de la nouvelle et du roman (Le Général de l'armée morte, 1963 ; Chronique de la ville de pierre, 1970 ; Les Tambours de pluie, 1970 ; Le Grand Hiver, 1973 ; Le Concert, 1988 ; Le Palais des rêves,  1990), entrelaçant le passé historique de son pays à son aventure  personnelle, notamment à l'évocation de son enfance. Cette « autopsie »  d'un peuple et cette quête de l'identité à travers les légendes  anciennes lui ont valu de sévères critiques de la part de la Ligue des  écrivains albanais, choquée par son « traitement subjectiviste des  éléments historiques » (La Niche de la honte, 1978 ; Le Pont aux trois arches, 1979 ; Avril brisé, 1980). Devenu écrivain « à plein temps », Kadare dirige parallèlement la revue littéraire Les Lettres albanaises (publiée simultanément en français). En 1972, il doit adhérer au Parti  communiste albanais, mais un roman provoque sa disgrâce. Il est envoyé à  la campagne. On lui interdit d'écrire. Ses livres seront publiés en  France par Fayard. En 1990, Ismail Kadare obtient l'asile politique en  France et partage aujourd'hui sa vie entre Paris et Tirana. Dans ses  livres, Ismail Kadare prend comme toile de fond l’Albanie à différentes  époques de son histoire ; mais le lecteur ne doit pas chercher dans son  œuvre le strict reflet de la réalité historique. L’histoire n’est qu’un  appui pour l’imagination fertile de l’écrivain qui la manie à sa façon.  Ce qui captive le public étranger, qui voit une Albanie fascinante par  son exotisme au sein de l’Europe. L’autre spécificité littéraire de  Kadare est le double langage. D’un côté, il semble appuyer le régime,  mais, de l’autre, il le mine. Il parvient à cela grâce à des techniques  novatrices, dont le grotesque est la plus caractéristique. Son œuvre  poétique, publiée chez Fayard (comme le reste de son œuvre) a été  rassemblée, en 1997, en un seul volume : Poèmes 1957-1997. Ismail  Kadare a été présenté (« Rencontre avec Ismail Kadare », par Christophe  Dauphin) dans la rubrique « Le Poète surprise », des HSE 33, en 2012.
Christophe DAUPHIN
(Revue Les Hommes sans Épaules).
Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules
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| Dossier : La parole est à PIERRE CHABERT n° 33 | ||
