DADO

DADO



Peintre, dessinateur, graveur, sculpteur, Miodrag Djuric, dit Dado, est né le 4 octobre 1933, à Cetinje (Monténégro). il est décédé à Pontoise, le 27 novembre 2010. Né d'une mère professeur de biologie et d'un père fonctionnaire, Dado est, dans son enfance, confronté aux affres de la Seconde Guerre mondiale. Cetinje — son lieu de naissance —, petite ville du sud du Monténégro, reste profondément ancré en lui, que ce soit par les reliefs, le sol, le paysage montagneux de calcaire friable, ou par les monstruosités infligées aux hommes par d'autres hommes — monstruosités qu’on lui a racontées et qu’il y a vues. Très affecté par la mort de sa mère en 1944, alors qu'il n'a que onze ans, Dado quitte l'école et ne la reprend qu'en 1947 pour intégrer l'école des beaux-arts de Herceg Novi, puis celle de Belgrade. À la fin de son cursus, en 1956, il décide de partir s'installer à Paris.

Dado arrive à Paris le 16 août 1956. Il ne connaît presque personne, ne parle ni ne lit le français. La langue, aussi difficile qu’elle soit, il l’apprend assez vite en lisant les gros titres de France Soir et en se faisant des amis. Il commence à travailler sur des chantiers de peinture en bâtiment. Très rapidement, il obtient un emploi d'assistant dans l'atelier de lithographie de Gérard Patris. Il y fait la rencontre de Jean Dubuffet, le peintre de l'« art brut », qui jouit déjà d'une certaine notoriété artistique. Entièrement séduit par le travail du jeune artiste, Dubuffet le présente à Daniel Cordier qui devient alors son marchand principal. Cordier a le mérite d’avoir été celui qui offrit leur première exposition personnelle à de nombreux artistes aujourd'hui reconnus tels Bernard Réquichot, Robert Rauschenberg, Öyvind Fahlström, ou d'autres, tels Dubuffet ou Michaux. Commence alors la grande aventure artistique de Dado. Cordier lui obtient une chambre à Paris afin qu’il soit plus à même de peindre. Pourtant, Dado se sent mal dans l’univers de la ville, il aspire à plus de tranquillité : « Dans le chaos qu’est une grande ville, personnellement, je me suis trouvé complètement éclaté, déchiré. Je ne voyais plus rien, vraiment, je marchais dans la rue mais en pièces détachées, carrément. De la merde. Je pataugeais dans une espèce de merde, je ne voyais rien. »

Daniel Cordier lui propose d'acheter pour une somme symbolique un vieux moulin qu'il possède à Hérouval (dans le Vexin français), non loin de Gisors ; proposition que Dado s'empresse d'accepter en venant s'y installer rapidement. En 1962, son travail devenant connu outre-Atlantique, Dado se retrouve à New York pendant trois mois. Il y rencontre Hessie, artiste peintre cubaine qu’il épouse, devenant ainsi le père spirituel de ses deux enfants : Domingo et Yasfaro. Ils s’installent tous à Hérouval, où Dado reçoit des amis artistes comme le couple Hans Bellmer–Unica Zürn. Avec Dado, Hessie donne naissance à Yanitza en 1965, dont Unica Zürn sera la marraine, Malcolm en 1968, puis Amarante en 1972. En 1964, Dado expose pour la troisième et dernière fois à la galerie Daniel Cordier de Paris (la précédente fois étant trois ans auparavant), qui annonce sa fermeture peu après. La suite se compose de tout un ensemble de rencontres que l’artiste fait par le biais de ses amis et qui lui permettront de travailler avec des galeristes tels André François-Petit, Isy Brachot, Jean-François Jaeger à la galerie Jeanne Bucher, les frères Aberbach à New York, ou encore Marianne et Pierre Nahon à la galerie Beaubourg. Cependant, les dernières années de sa vie, l'artiste n'a plus de galeriste attitré et travaille en dehors de tout système marchand. L’œuvre peint et dessiné de Dado s’étend sur presque six décennies. Ses toiles, généralement de très grand format, sont pour la plupart des huiles, mais il a également réalisé des peintures acryliques sur des supports divers tels que le bois et le métal. Même si son univers pictural est facilement reconnaissable, son style tout comme sa technique picturale ont considérablement évolué au fil des années. Dans une recherche constante de l’énergie dans cet univers organique, l’artiste abandonne progressivement une technique valorisant la palette des nuances et le souci du détail au profit de compositions aux couleurs plus tranchées et au dynamisme plus intense. Les Limbes ou Le Massacre des Innocents (1958-1959), La Grande Ferme (hommage à Bernard Réquichot) (1962-1963), Le Diptyque d’Hérouval (1974) et L’École de Prescillia (2001-2002), toutes conservées au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne (Paris), témoignent de cette évolution.

À partir des années 1990, Dado s’investit dans des projets ambitieux de peintures murales. Ses réalisations les plus abouties sont le blockhaus de Fécamp, l’ambassade de la IVe Internationale à Montjavoult, Les Orpellières (une ancienne cave vinicole près de Sérignan, dans l’Hérault) et Le Jugement dernier dans la chapelle Saint-Luc, à Gisors (Eure), ancienne léproserie.  Le dessin fut le médium de prédilection de Dado dès ses débuts. Il privilégia d’abord la mine de plomb et l’encre de Chine. Au fil du temps, il recourut également à des techniques mixtes en utilisant à la fois la gouache, la mine de plomb et l’encre de Chine, réalisant notamment d’imposants collages.