Cees NOOTEBOOM

Cees NOOTEBOOM



Poète néerlandais, nomade et polyglotte, passionné par les cultures japonaise et espagnole, Cees Nooteboom est l’auteur d’une œuvre inclassable qui va du roman philosophique à l’essai journalistique en passant par des chroniques de voyages et des poèmes. Il s’est imposé depuis les années 1980 comme une des plumes néerlandaises les plus importantes sur la scène internationale.

Suite à une enfance difficile marquée par la guerre, la mort de son père et les sévères pensionnats religieux, le Hollandais choisit de quitter son pays pour découvrir l’Europe, le Surinam ou encore le Japon. Ses nombreuses expéditions vont fournir la matière de ses romans, poésies et autres essais.

Journaliste pour Volkskrant et le magazine Avenue, Nooteboom accède à la notoriété en tant qu'écrivain avec Rituels, paru en 1980. Cet ouvrage traite avec légèreté des questions cruciales que sont l’art, l’amour et le suicide. Avec Perdu, le paradis, hommage à John Milton, il explore les contrées aborigènes et interroge les relations entre les différentes civilisations. Ses thèmes de prédilection sont l’amour, la mort, la question de l’identité, le temps qui s’évanouit, l’espace, le silence, le voyage, la rencontre, le souvenir et la mémoire, le processus d’écriture et la confrontation des cultures Cees Nooteboom se définit comme un poète. Son écriture imagée, percutante dans l’expression, se veut un vecteur pour l’imagination et le rêve qui ont le pouvoir de transformer le monde. Sa finesse d’observation s’attache aux détails : lumière dans les vides des architectures, nuances subtiles de l’air et du bruit des pas selon la nature du sol. Cette poétique s’exprime sous des formes variées et cherche « la grâce salvatrice dans les petites choses, dans la culture de la vie quotidienne ».

Cees Nooteboom est le 31 juillet 1933 à La Haye, ville où siège du gouvernement des Pays-Bas, mais qui n’est pas la capitale du pays (laquelle est Amsterdam). Après le divorce de ses parents, Cees Nooteboom grandit avec son père, qui meurt sous les bombardements de La Haye durant la Seconde Guerre mondiale (1945). Sa mère se remarie avec un catholique, qui l’envoie faire ses études chez les Franciscains puis chez les Augustins. L’enseignement très strict ne lui convient pas et il se fait renvoyer plusieurs fois. L’apprentissage des langues (français, anglais, allemand, latin et grec) fait cependant de lui un polyglotte averti, un adolescent ouvert aux autres cultures.

À l’âge de 17 ans, il se destine à la vie monastique, mais après un essai dans une cellule monacale, il réalise qu’il n’est pas fait pour le dogme et la stabilité augustine et prend conscience que sa voie est ailleurs : « Un jour, j’ai décidé d’échanger une chambre monastique contre les chemins de la planète. » C’est ainsi que ce « curieux de toujours » entreprend alors de découvrir les livres, les cultures et le monde. Depuis, « partir pour partir » est devenu le credo de ce nomade.  « Après la guerre, aux Pays-Bas, tout était gris, triste, pauvre. Je ressentais, inconsciemment, un immense besoin de vie, de lumière surtout. J’ai fait du stop pour aller en Italie. La seule idée de l’Italie et de la culture italienne me semblait vitale à l’époque. J’ai atterri en Provence et ce voyage a été la source de mon premier roman, Philippe et les autres, une traversée de la France avec des camionneurs qui m’ont appris à désapprendre le français de l’école », rapporte Nooteboom. Il publie en 1956 son premier recueil de poèmes, De doden zoeken een huis (Les morts cherchent une maison). Son œuvre poétique est rapidement reconnue dans son pays natal, où il reçoit plusieurs prix, dont celui de la ville d’Amsterdam, en 1960 et en 1965.

Devenu également traducteur de textes poétiques, il se considère  davantage comme un poète que comme un romancier, bien que ses poèmes ne soient que peu traduits (Temps de feu, temps de glace, 1984 ; Autoportrait d'un autre. Rêves de l’île et de la ville d’antan, 1993) comparativement à ses romans et ses récits de voyage. En 1957, il s’embarque comme matelot sur un bateau à destination des Caraïbes et fait escale au Suriname, ancienne colonie néerlandaise, où vit le père de sa petite amie Fanny Lichtveld, qu’il épouse (et dont il se sépare en 1964). Il raconte cette expérience dans un récit de voyage, le Matelot sans lèvres, Histoires tropicales (1958).

En 1963 paraît son roman Le chevalier est mort, une méditation sur l’écriture à travers le thème de la mort de l’auteur ; « un livre, selon l’auteur lui-même, qui ne fut rien de moins qu’une tentative pour tuer le romancier Cees Nooteboom ».

En 1980, avec Rituels, l’écrivain néerlandais accède à la reconnaissance internationale. C’est aussi le premier ouvrage traduit en français. Il n’existe pas de frontière entre les voyages et l’écriture de Cees Nooteboom, ces deux parties de lui-même sont inextricablement mêlées. Sa vie, comme son œuvre, est un voyage sans fin, le voyage nourrit son œuvre, l’écriture guide ses voyages. Cees Nooteboom écrit d’ailleurs comme il voyage. L’écriture poétique et imagée, expressive et descriptive, nuancée et pure de Nooteboom, du reportage à l’essai, du romanesque au poétique, du dramatique au philosophique, se joue du réel, de l’imaginaire, de la métaphore avec délectation.

Cet écrivain nomade vit entre Amsterdam et Minorque, une des îles Baléares, au nord-est de Majorque. L’œuvre poétique de Cees Nooteboom comprend en néerlandais onze recueils et trois anthologies répartis sur six décennies

César BIRÈNE

(Revue Les Hommes sans Epaules).

 

Œuvres de Cees Nooteboom traduites en français :

Poésie : Autoportrait d’un autre, poèmes en prose, (Actes Sud, 1994), Le Visage de l’œil, poèmes choisis, (Actes Sud, 2016).

Romans, nouvelles, récits & essais : Rituels, roman, (Calmann-Lévy, 1985. Le Seuil, 1994), Mokusei!, nouvelles, (Actes Sud, 1987. Gallimard, 2000), Le Chant de l’être et du paraître, roman, (Actes Sud, 1988. Gallimard, 2000), Dans les montagnes des Pays-Bas, roman, (Calmann-Lévy, 1988. Actes Sud, 1994), Le Bouddha derrière la palissade, Un voyage à Bangkok, récit, (Actes Sud, 1989), Une année allemande, Chroniques berlinoises 1989-1990, (Actes Sud, 1990), L’Histoire suivante, roman, (Actes Sud, 1991. Gallimard, 2000), Zurbaran, essai, (Flohic, 1992), Philippe et les autres, roman, (Calmann-Lévy, 1992. Le Seuil, 1995), Désir d’Espagne, récits, (Actes Sud, 1993), L’Enlèvement d’Europe, essais, (Calmann-Lévy, 1994), Du printemps, la rosée, Voyages en Extrême-Orient, (Actes Sud, 1995), Le Chevalier est mort, roman (Calmann-Lévy, 1996), Le Jour des morts, roman (Actes Sud, 2001), Le Matelot sans lèvres, nouvelles (Le Passeur, 2002), Hôtel nomade (Actes Sud, 2003), Le Labyrinthe du pèlerin, récit, (Actes Sud, 2004), Perdu le paradis, roman, (Actes Sud, 2006), Un art du voyage (Actes Sud, 2006), Pluie Rouge, roman, (Actes Sud, 2008), Tumbas, essais, (Actes Sud, 2009), La nuit viennent les renards, nouvelles, (Actes Sud, 2011), Zurbaran, essai, (Hazan, 2011), Lettres à Poséidon (Actes Sud, 2013), J’avais bien mille vies et je n’en ai pris qu’une, textes choisis, (Actes Sud, 2016).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : Claude PELIEU & la Beat generation n° 42