André MARISSEL

André MARISSEL



Poète, critique littéraire, essayiste, conférencier, animateur (il dirigea Les Cahiers de l’Archipel de 1980 à 2005, 50 numéros), André Marissel (né en 1928 à Laon, dans l’Aisne) a collaboré à de nombreuses revues dont La Revue socialiste, Les Nouvelles Littéraires, Esprit, Les Lettres Nouvelles, La N.R.F., Les Cahiers du Sud, La Table Ronde, Marginales, Le Journal des Poètes, Iô, Réforme et, bien sûr, Les Hommes sans Épaules.

Damnation et rédemption sont les deux pôles de la poésie d’André Marissel, comme l’écrit Serge Brindeau : « Hanté par l’absence et le mal, poursuivi par la crainte de l’abandon, il redoute, pour lui-même et pour l’humanité, l’éloignement définitif de la grâce. Un abîme se creuse en lui. Son contact avec le monde le séduit et l’irrite. Son corps est à l’enfer, mordu, griffé, comme harcelé de picotements maléfiques. Marissel évoque parfois avec insistance des sensations désagréables, épidermiques ou viscérales.

Cette poésie ne cherche pas à mettre à l’aise. Elle exprime l’angoisse de chaque jour. Et le poète n’est pas moins sensible à la souffrance des autres qu’à la sienne propre : « Je viens du monde et le monde est en croix ».

L’étonnant, écrit Jean Rousselot, « est que cette poésie qui se prive volontairement de tous les conforts soit l’une des plus charnues qui se puissent lire. Rien de froid, rien d’abstrait dans cette méditation très grave…Mais au contraire, une chaleur vivante, une présence tangible, du muscle et du tonus… Que dit-il ? Son angoisse de vivre, comme nous tous, dans l’attente, soit de la « vraie vie », soit d’être injustement sacrifié. » André Miguel ajoute : « La poésie d’André Marissel est une révolte contre l’ordre du réel, contre l’inconscient, contre notre effroyable ressemblance avec le monde. Son mouvement est presque toujours de s’opposer par bonds, ruptures, cris, fragments. Jusque dans la cadence souvent heurtée du vers et les contrastes des images se déclare cette volonté de conscience par l’épreuve douloureuse de la question angoissée. Cette écriture est à l’opposé de l’écriture automatique et de sa quête du continu essentiel. Pour Marissel, la continuité est l’abandon à la mort, c’est-à-dire le suprême danger. Consomption perpétuelle de soi-même avec l’espoir de la renaissance à la fois divine et humaine. »

Comme pour mieux partager le calvaire de tous les hommes, André Marissel semble accepter de s’enfoncer dans l’abîme de l’inquiétude, unissant intimement à sa recherche presque désespérée du Christ, une douloureuse ascèse poétique. L’autre extrémité de ce chemin creusé dans les ténèbres, où se rencontrent caillots de sang et astres dispersés, c’est la Résurrection et la mort de la Mort. Entre ces deux pôles : le pain et les balles, le blasphème et l’amour, l’amitié offerte et recueillie ; la trahison toujours redoutée, l’espoir tenace malgré tout – « l’envoutement perpétuel » et « le paradis en enfer ».

« Je m’élance et je m’enlise », écrit André Marissel en un vers qui caractérise parfaitement sa démarche. C’est cette « difficulté d’être » et cette aspiration qu’expriment profondément, chez Marissel, les nombreuses images qui se rattachent au thème de l’Arbre. Marissel cueille volontiers des souvenirs bibliques, mais on en saurait nier chez lui la spontanéité de l’image.

En approfondissant son expérience humaine et poétique, André Marissel est devenu, semble-t-il, moins pessimiste qu’il ne le fut. Si le conflit entre la cime et els racines n’est pas résolu, si les thèmes de l’élan et de l’enlisement restent profondément associés, la volonté d’exorciser le mal se montre mieux assurée. Au « Je m’élance et je m’enlise » de naguère, se substitue le : « Je me hais je me pardonne ».

On a rapproché André Marissel de Jean-Claude Renard, de Pierre Emmanuel ; d’autres, d’Artaud. Mais le poète mystique qui remporte le plus son adhésion est assurément, en réalité, Pierre-Jean Jouve, qu’il a rencontré et connu. Car, Jouve est demeuré fidèle à lui-même. Il s’est abandonné aux sollicitations impérieuses de la Mystique sans désobéir aux impératifs de la Poésie et aux exigences de la conscience. Marissel écrit : « Il représente non seulement la Poésie dans ce qu’elle a de plus noble, inaccessible, inapprivoisé, mais le poète ennemi de la littérature et de son vacarme vain. » Pour le reste, comme l’écrit Claude Ardent : « Aux trapézistes du langage, Marissel semble dire « Bravo ! » mais il pose la question de savoir où ils vont retomber. A ceux qui lui paraissent enclins à succomber à la tentation de la démiurgie, il pose la question de savoir jusqu’à quel point ils pourront s’ériger en idoles. Aux mystiques il rappelle que la terre des hommes est toujours là et les convie. Aux poètes croyants – quelle que soit leur obédience – il demande de lui livrer leur secret. Aux partisans de l’Absurde il semble confier : -Je vous comprends ! Mais l’Absurde n’est-il pas là pour être transcendé ? Il y a que la Totalité ne peut s’appréhender que dans et à travers la diversité des dons de poésie. Tout comme Dieu est toujours Tout-Autre, sans cesser d’être semblable à Lui-même, la Poésie est toujours diverse sans cesser de se ressembler à elle-même. »

« La poésie étant le domaine du mythe, la rive du symbole et - pour nous en tout cas – le lieu de la mystique, écrit Marissel, elle n’a pas à « raisonner » (ni à déraisonner). Son rôle, si tant est qu’il en existe un pour elle, c’est d’être une porte vers l’inouï, « l’inédit », l’impalpable – le dieu Tout-Autre tout-semblable qui sans doute nous investit au moment où nous nous y attendons le moins. » Marissel poursuit : « La part d’imprévu est grande… Sans recourir comme les surréalistes à l’écriture automatique, je ne prémédite pas. Dans « Je est un autre », l’autre m’intéresse plus que le « Je », l’autre et autrui. Mon introduction à L’Aveu, la Nervure (rédigée après le montage du recueil) est claire ; c’est cependant des autres que j’attends des explications, des éclaircissements. On s’abuse trop sur ce qu’on est et devient. Aux approches de la cinquantaine, on est placé dans l’obligation de saisir ses propres « limites », qui sont en même temps décourageantes et positives. C’est une question de lucidité et d’honnêteté. Sur le plan de la forme, de « l’objet », le souci est d’atteindre une certaine, quoique relative, perfection. Il m’arrive de ne conserver d’un poème qu’une petite partie, au risque de paraître court et hermétique, métaphysiquement parlant. » Pour Marissel, « par le langage, l’homme immensément étonné qu’est le poète, naît de nouveau et donne un sens au monde créé auquel il appartient. Il en est l’enfant, nourri par lui, et le prophète. »

Pour Marissel, la poésie est un art, un moyen de connaissance et une possibilité de relation au transcendant, tout autant ; elle engage son être dans son entièreté – sans compromissions possibles et sans concessions à la facilité. Il le dit lui-même : "Mon art de vivre accueille la parole - Innocemment, tel un arbre immolé ; - Détruits, les mots me font l'aumône, - Mon art de vivre est d'un homme indigné". L’ambition de la poésie d’André Marissel est de cerner un drame central qui le brûle et en même temps le fait vivre : les problèmes de la foi (chrétienne, protestante) et de la fraternité ; qui ont été de tout temps les axes de son œuvre. La poésie de Marissel « nécessaire exercice spirituel » (Charles Autrand), tend à pulvériser les catégories et les analyses, si pertinentes soient-elles, pour transmettre à tous un extraordinaire pouvoir de création en même temps qu’un don de perception du sacré qui conduit vers une réinvention du langage.

Par le langage, a écrit Marissel (in L’Aveu, la nervure), « l’homme immensément étonné qu’est le poète, naît de nouveau et donne un sens au monde créé auquel il appartient. Il en est l’enfant, nourri par lui, et le prophète. Un lien, comparable à l’amitié, l’arrime au Tout… La poésie, reste à mes yeux, le domaine du mythe, la rive du symbole et le lieu de la mystique ; j’admets qu’elle invite à l’accueil du Tout-Autre Tout-Semblable qui désigne, à Son gré, les êtres proches du mystère essentiel. »

André Marissel se présente comme un poète de l’abîme : Mes bras s’arrachent du silence – Il n’y a plus un seul regard – Qui soutiendrait son propre cri – Les graffiti calquent ma voix… - Alors il faut qu’on s’habitue – A n’avoir ni dedans ni dehors – A trouer les planches de la mort – Pour se nourrir de ce qui vous tue. Chez lui, Homme de l’abîme, la crise existentielle et métaphysique fut profonde et ce, dès son enfance, comme il l’avoue lui-même : « Quand j’étais enfant, une parente très pieuse prononçait souvent ces mots devant moi : ILS SERONT JUGÉS ou TU SERAS JUGÉ. Sans le savoir, elle m’a communiqué une crainte que j’éprouve aujourd’hui encore avec violence. »

Il y a, comme l’écrit Carlo François, que « les abîmes de Marissel rappellent la Passion du Christ – un Christ infiniment admirable mais pitoyable et abandonné du Père – et les souffrances d’Orphée. Mais déjà se devinent les traits d’un Orphée « nouveau » qui, peut-être, serait capable non seulement de traverser les Enfers mais aussi d’en ramener son Eurydice et de ne jamais devenir impassible ? Christ… Orphée… Ces deux silhouettes sont loin d’être incompatibles ; mais l’idéal de l’un n’était pas celui de l’autre – étaient-ils réconciliables ?

Prométhée, sans être oublié, a cessé de solliciter le poète. La haute lutte qui s’est engagée dans son être profond oppose, semble-t-il, un autre Christ ou un nouvel Orphée… Dans l’intervalle, ce qui se manifeste dans beaucoup des poèmes publiés dans L’Homme et l’abîme, ce sont les tourments vécus par un poète croyant et un croyant poète qui suit son propre calvaire et fait sa propre traversée de la mort. Le rythme déchiré, déhanché de certains textes alterne avec la cadence plus reposée et même solennelle de certains autres ; le baroque et le classique s’y affrontent ou y alternent. Le plus souvent, le poète s’efforce de trouver son échelle de Jacob. La plupart de ses images se constellent autour de la Croix – l’Arbre mort, l’arbre stérile – mais elles trahissent le secret espoir d’une résurrection.

Les supplices endurés par le poète des Abîmes rappellent ceux du Golgotha, ceux qui furent subis par les innombrables victimes de toutes les Inquisitions et ceux qui furent infligés aux millions de victimes innocentes d’un Holocauste plus récent… : chairs mutilées, plaies béantes, doigts brisés ou écrasés, ongles rongés faisant saillie sur des mains gelées ou couvertes de chancres, mains clouées, corps écorchés ou brûlés vifs… Pour accentuer l’horreur des meurtrissures de la chair et de l’esprit, le poète a recours à des termes artisanaux – voire « industriel » - qui caractérisent les instruments de torture et les engins de destruction dont l’espèce humaine, de date immémoriale, persiste à essayer de se justifier : scie, sabre, harpon, dard, sagaie, trait, clou, rape, barbelés, obus, mine, canon… A son tour cet arsenal hallucinant figure dans un décor cosmique d’astres épars – déments ou éteints -, d’éclairs fulgurants et meurtriers, de tempêtes, de cyclones, d’incendies gigantesques et d’éruptions volcaniques.

L’imagination hallucinatoire de Marissel annonce-t-elle l’Apocalypse ? Elle rappelle en tout cas celle d’Agrippa d’Aubigné chez qui, comme chez notre auteur, on s’étonne parfois de trouver ici et là quelques frêles rescapés du cataclysme : reptiles, termites, araignées, crabes et pieuvres – faune essentiellement rampante et sous-marine – et quelques créatures ailées sauvées comme par miracle : colombes, cigales, abeilles, une libellule égarée.

Comme par miracle ! N’est-ce pas précisément ce miracle que le poète attend et qu’il prépare dans toute sa ferveur ? Entre le Tout inaccessible et l’Anéantissement qui menace ne convient-il pas encore et toujours d’espérer le Miracle ? Entre l’injuste cruauté d’un Père absent – aveugle, muet et sourd – et les injustes souffrances de ses Fils, n’importe-t-il pas de demeurer en, alerte pour être à même de saisir les faibles signes que le Ciel et la Terre nous envoient encore, de temps en temps, à leurs moments perdus. N’est-ce pas un Prométhée assagi et comme réduit au silence qui nous fait signe de pénétrer dans l’arène où Jésus et Orphée vont se mesurer sous le regard d’autres prophètes du Divin ? »

André Marissel écrit : Notre vie prend racine au plus bas des étangs – Lorsque la boue s’infiltre entre nos os, - Lorsque nous traçons sur les parois du songe – Un signe qui n’aura jamais de nom… - Des morts laissons s’unir les chairs – Pour que des arbres nous parlent d’eux, - Nous parlent de la terre, de ses marais futurs – Où les peuples seront rassemblés. Il écrit aussi, poète des moissons et de l’exorcisme : Personne n’est seul Si la lumière – Réchauffe les mains de l’aveugle il voit ! – Les mûres les raisins sont dans la mémoire ; ou encore : Ah ! riez comme un rosier – Les marguerites sont des filles de joie – Tout est tendresse un insecte sur un doigt – S’imagine à la crête d’un toit.

Dieu, poursuit Carlo François, « ne cesse d’être Tout-Autre que ce que les humains et les prophètes conçoivent et annoncent à Son sujet. Il est toujours semblable à lui-même et toujours divers, toujours ailleurs… André Marissel sait que les nourritures célestes ne cesseront jamais de s’offrir à lui – sans promesse de rassasiement – et il sait aussi que les nourritures terrestres ne cessent de s’offrir à ceux qui désirent les savourer. C’est bien un André Marissel tout-autre qui, face à un Dieu Tout-Autre, exprime ses désirs profonds : J’ai besoin du Dieu saint pour séparer du monde – Ce qui mutile et broie les hommes, - Pour tisser ma prière en artisan qui veille, - Pour menacer les vents de leur propre fureur. – J’ai besoin d’un épi pour délivrer le ciel – De l’extase des jours et des eaux incendiées, - Pour vaincre le soleil bâillant près des salines.

La lumière et l’ombre, le bien, et le mal, le péché et la perfection, ne sont pas aussi opposés que le poète se le figurait dans sa jeunesse, selon son éducation et les influences reçues. J’ai condamné, par ailleurs, trop fréquemment, dans mes essais, écrit-il, « l’attitude narcissique du poète pour ne pas être gêné aujourd’hui devant tel ou tel texte que j’ai signé. Il m’est arrivé de me détourner de certains auteurs, dont la valeur de l’œuvre reste grande, simplement parce qu’un comportement plus effacé que le leur, en poésie, me paraît s’imposer. En confiant son sort à la Parole écrite le poète doit s’interdire de jouer au démiurge et à « l’interlocuteur privilégié » du Cosmos. »

André Marissel est décédé en 2006.

Christophe DAUPHIN

(Revue Les Hommes sans Épaules).

 

Œuvres d’André Marissel :

Poésie : Le Feu aux poudres (La Tour de Feu, 1951), Savoir où vivre (Paragraphes, 1953), Le Poète responsable (Unimuse, 1954), L’Homme et l’abîme (éd. Millas-Martin, 1957), Les Moissons de l’orage (éd. Millas-Martin, 1960), L’Arbre de l’Avenir (Subervie, 1961), L’Envoutement perpétuel (éd. Chambelland, 1962), Nouvelle parabole (Paragraphes, 1963), Cicatrices (éd. Universitaires, 1966), Choix de poèmes 1957-1968 (éd. Millas-Martin, 1969), Chants pour Varsovie (Impréfor,1971), Sauvé des eaux (éd. Millas-Martin, 1971), Nouvelle prophétie (éd. Saint-Germain-des-Prés, 1974), Calendrier solaire (Phréatique, 1974), L’Aveu, la nervure (Arcam, 1977), L’Été, L’Âge d’Or (Cahiers de l’Archipel, 1985), Legs à titre particulier (Cahiers de l’Archipel, 1988), Diogène foudroyé (Cahiers de l’Archipel, 1991), Hérésies pour mémoire (Cahiers de l’Archipel, 1994), Carnets d’un vigilant (Cahiers de l’Archipel, 1997), Pacte d’innocence (Cahiers de l’Archipel, 2000).

Essais : Un enfant triste : Jean L'Anselme (Simoun, 1955), Montherlant (Éditions universitaires, 1966), Cinq poètes, Cayrol, Chalot, Emmanuel, Renard, Rousselot (éd. Millas-Martin), Poètes vivants (Éd. Millas-Martin, coll. Iô, 1969), Samuel Beckett (Éditions universitaires, 1973), Jean Rousselot (Collection Poètes d’aujourd’hui, éd. Seghers, 1973), Pierre Emmanuel (Éditions de la Fraternité, 1974), André Malraux (Éditions de la Fraternité, 1975), La pensée créatrice d'André Malraux (Privat, 1979).

HYMNE MAGIQUE

 

I

 

Dessouder par le vent l’aimant des mensonges,

C’est du pollen détourner la gerbe

Et pourchasser au miocène

Le singe que j’avais armé contre toi

D’une menace de sphacèle,

D’un sexe sournois.

 

André MARISSEL

(Revue Les Hommes sans Epaules).

 

 

Le poème invisible écrit sa propre chair divine

Ma chair pourrie se disperse en pollen

Mon sang s’afflige il renverse un dolmen

Il me tient lieu d’esprit il se calcine

 

Au gué du verbe les racines

Filtrent la cendre qui blasphème

J’ai sa ruine liquide pour emblème

Son supplice est sans origine

 

Punir punir la tourbe peu fertile

Mener au gibet le soleil à toute heure

Me laisser gifler par le rebouteur

Cri du silex que je mutile

 

Quarante ans de fièvre sous la terre

Les voies d’eau sont aveuglées

Quarante ans de trop pour me purifier

De mon ombre inhospitalière

 

André MARISSEL

(Revue Les Hommes sans Epaules).

 

 

Dès lors, il n’y a plus qu’à rester à l’écoute

D’une voyante assassinant l’orage ;

Si je suis de ceux que la Mort envoûte,

Le feu m’arrache à son vagabondage.

 

Hier j’avais mille ans et mon poème

Fêtait ses colères sans attendre…

 

Est-ce le temps de geler à pierre fendre ?

 

André MARISSEL

(Revue Les Hommes sans Epaules).

 

 

 

 



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules



 
Numéro spécial LES HOMMES SANS EPAULES 1ère série, 1953-1956 n° 3

Jean MALRIEU, André MARISSEL, Mahmoud DARWICH n° 12